La Convention de la droite organisée à Paris le samedi 28 septembre 2019 à l’initiative du magazine L’Incorrect n’a pas été appréciée des médias dits convenus. Ils y ont vu une réunion de ce qu’ils appellent « extrême droite », avec pour objectif d’enlever toute légitimité à cette réunion. Depuis, les obus journalistiques pleuvent.
Rappelons que l’usage du mot « extrême droite » n’a aucune scientificité concernant les objets auquel il s’applique dans les médias principaux. Il sert à désigner pêle-mêle les populistes de droite, les conservateurs, les catholiques (mais pas les musulmans radicalisés islamistes et terroristes), les souverainistes, les identitaires… autrement dit, tous ceux qui ne sont pas de gauche ou de droite centriste, et ne pensent pas dans les clous de l’univers mondialiste et libéral-libertaire. Cet usage, qui est aussi une facilité et une paresse, révèle le degré d’infox que peut produire un système médiatique convenu et officiel : aucun de ces courants ne correspond à une quelconque définition du terme « extrême droite » en sciences politiques, sauf sous la plume « d’intellectuels » qui sont avant tout des militants, ainsi de Gérard Noiriel.
Pourtant l’extrême droite est clairement définissable par des invariants : elle est avant tout antiparlementaire, opposée aux élections et à la démocratie, sinon par appel direct au peuple, autoritaire, raciste, réactionnaire, éventuellement fasciste ou nazie. Le lecteur trouvera une excellente analyse de cette problématique ici. Sans doute de telles mouvances existent-elles en France, elles se rencontrent cependant ailleurs que dans les courants de pensée cités plus haut, dans de rares groupuscules (avant l’été, Macron a eu des difficultés à en trouver trois à dissoudre). D’où la manipulation digne des pires fake news que représente l’utilisation frauduleuse de ce terme de sciences politiques à l’encontre de certains adversaires que l’on souhaite ainsi, au fond, à réduire au silence
La première cible s’appelle Éric Zemmour, l’OJIM suit l’affaire, par exemple :
- ici, au sujet de l’offensive des censeurs contre son discours.
- ou ici, au sujet de la finesse de Télérama à son égard
- on lira aussi avec profit le portrait de l’OJIM consacré au journaliste essayiste.
La chasse à la Marion est ouverte ?
Marion Maréchal a eu droit elle aussi à un traitement particulier de la part du Monde, sous l’égide de Lucie Soullier, journaliste qui semble obsédée (ou amoureuse ?) de la jeune retraitée de la vie politique. L’article est paru dans l’édition du 2 octobre 2019 et semble s’inscrire dans une offensive plus vaste visant à légitimer l’accusation de « retour aux années 30 » employée à tort et à travers contre ceux qui pensent autrement que le bloc libéral élitaire. C’est à l’image des « travaux » prétendument scientifiques de Noiriel, encensés et promus par le même journal. L’idée ? Faire analyser par des intervenants supposés de bonne foi et neutres puisque universitaires (pas de rires, s’il vous plaît), ayant d’ailleurs été conviés à la commission parlementaire de lutte contre l’extrême droite au printemps 2019. Ces derniers, « démontrant » par la comparaison des discours combien un Éric Zemmour (Noiriel) ou une Marion Maréchal (Le Monde du 2 octobre 2019) tiendraient des discours identiques à ceux tenus par l’extrême droite d’antan, discours qui seraient masqués par de nouveaux mots. Avec ce mode d’analyse, Le Monde s’approche de pratiques de type théorie du complot.
Il s’agit surtout de faire des amalgames anti-historiques puisque la base de tout travail d’historien est justement de ne pas pratiquer l’anachronisme, ce que fait avec volontarisme un Noiriel quand il veut assimiler Zemmour à Drumont.
Il en va de même de l’offensive lancée contre Marion Maréchal.
Titre et chapeau :
« Dans le discours de Marion Maréchal, les mots de l’extrémisme. Lors d’une convention organisée par ses proches, samedi, Marion Maréchal a prononcé un discours quasiment programmatique, dont « Le Monde » a fait analyser de larges extraits par quatre chercheurs ».
Le but :
« Cette allocution d’une trentaine de minutes offre l’occasion de décrypter la ligne radicale de Marion Maréchal, « ex-Le Pen », à travers sa sémantique très identitaire, son idéologie sociétalement ultra-conservatrice et économiquement libérale et sa référence décomplexée à la théorie d’extrême droite complotiste du « grand remplacement » (selon laquelle la population française serait progressivement remplacée par une population non européenne). Un véritable acte politique. D’où l’importance de décrypter les mots de celle qui revendique mener une « bataille culturelle ». »
Si le lecteur n’habite pas dans Paris centre ou dans un quartier bobo de métropole de province, il saisira combien il faut vivre en dehors du réel, pour ne plus voir simplement et avec honnêteté ce qui se passe dans la rue.
La méthode anti-Marion
Le Monde et ses quatre chercheurs (dont les titres ne sont pas indiqués) prennent des extraits et en font une « analyse » aux prétentions scientifiques. Bien des éléments sont traités à la légère, trop nombreux pour être tous cités. Par exemple, la référence à Gramsci n’est indiquée qu’en tant que vieille baderne présente à l’extrême droite depuis les années 70… C’est un factuel mensonger. Une autre analyse était possible : fonder un Institut de sciences politiques à Lyon n’est-ce pas mettre en pratique la métapolitique chère à Gramsci ? Autre traitement léger : la question de « l’union des droites ». Ce n’est pas la position de Marion Maréchal : regarder son entretien sur LCI en juin 2019 où elle évoquait plutôt une « alliance des droites », les mots ont un sens.
Amalgame quand tu nous tiens
De même, afin d’effrayer un peu le lecteur bobo parisien ou provincial, « l’analyse » parle de métapolitique menée par Jean-Marie Le Pen ou Zemmour plutôt que par la Nouvelle Droite, le Grece et la revue Eléments. C’est pourtant ce courant qui a permis le maintien d’une vision identitaire de la politique en France et en Europe, un courant qui justement n’est pas nationaliste mais centré sur la défense de la civilisation européenne. Un tel degré d’approximations devrait inquiéter les directeurs des différents Sciences po de France… Vient un peu plus loin le Grand remplacement, marqueur préféré des médias pour déterminer qui est ou n’est pas d’extrême droite. Marion Maréchal a employé l’expression dans son discours.
Qu’en disent les chercheurs ? Que cette expression a été « reprise en tête du manifeste du suprémaciste blanc de Christchurch qui a tué 51 personnes dans deux mosquées ». Pensent-ils vraiment qu’une expression employée par deux personnes amalgame automatiquement ces deux personnes ? Si tel est le cas, l’intérêt de ces chercheurs pour l’extrême droite devient douteux et pose question, n’avanceraient-ils pas masqués, ne seraient-ils pas le contraire de ce qu’ils prétendent être, etc… Ou encore : les socialistes actuels sont-ils assimilables au national… socialisme ? Quand tout est dans tout, on ne démontre rien sinon ses a priori.
Tout est à l’avenant. Un tel degré d’« analyse » ne peut résulter du hasard, seulement de la volonté de nuire. Est-ce le rôle que s’assigne un ex-quotidien de référence ? Notons, sans mauvais esprit, que tous les chercheurs interrogés sont clairement engagés à gauche et la moitié proches de Libération.