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Nouvel Ordre Mondial : Facebook veut créer une cour de justice internationale

1 juillet 2019

Temps de lecture : 3 minutes
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Nouvel Ordre Mondial : Facebook veut créer une cour de justice internationale

Temps de lecture : 3 minutes

Quand vous êtes très, très riche, vous êtes envié. Quand vous êtes envié et très, très riche, pour vous défendre vous organisez à grands frais et dans le monde entier des « séminaires de réflexion ». Ces séminaires – où l’on peut supposer que les invités sont là tous frais payés et dans des endroits agréables – sont l’occasion de se faire des amis et de tester des idées. La dernière en date – baroque – pour le réseau social, est de créer une « Cour suprême » jugeant les conflits sur les contenus du réseau. Une manière de faire diversion au moment où Facebook est accusé de tous les maux. Et accumule les bénéfices.

Surveiller et punir

L’idée d’une sorte de Cour suprême fût exprimée dès avril 2018 par Mark Zucker­berg dans un entre­tien avec le média améri­cain Vox. Puis reprise par un arti­cle dans le New York Times en novem­bre 2018 qui annonçait sa créa­tion pour fin 2019.

Après de coû­teuses, et nous l’espérons pro­duc­tives, réu­nions avec des « experts » du monde entier, le réseau social a pub­lié un doc­u­ment de 44 pages le jeu­di 27 juin 2019, pré­cisant ses inten­tions. Quelques jours aupar­a­vant à Berlin, Nick Clegg respon­s­able des affaires insti­tu­tion­nelles avait annon­cé la créa­tion d’un d’un con­seil de sur­veil­lance mon­di­al (Over­sight board). Le verbe to over­sight en anglais ou en améri­cain sig­ni­fie dans ce con­texte très exacte­ment sur­veiller. La tra­duc­tion d’un arti­cle du Monde qui par­le de comité de super­vi­sion est fau­tive et min­imise les enjeux.

Le rôle de ce con­seil de sur­veil­lance mon­di­al est de pren­dre des déci­sions en dernier recours sur ce que les util­isa­teurs seraient autorisés à poster sur le réseau et sur ce qui serait in fine interdit.

Les quarante et les trente mille

Quar­ante per­son­nes seront choisies, « experts avec des expéri­ences dif­férentes, des dis­ci­plines dif­férentes, et des points de vue dif­férents, mais qui tous peu­vent représen­ter les intérêts d’une com­mu­nauté glob­ale ». Nous revien­drons sur le terme com­mu­nauté glob­ale. Ces per­son­nes seraient rémunérées à temps plein ou par­tiel par une fon­da­tion extérieure à Face­book mais financée par ce dernier.

Les quar­ante ne jugeraient que des cas les plus emblé­ma­tiques ou com­pliqués. Ils ne seraient pas déjà mem­bres des mod­éra­teurs du réseau social, une armée de trente mille (vous lisez bien, 30000) util­isa­teurs de ciseaux élec­tron­iques. Pour­raient ils s’autosaisir des cas litigieux ou bien ces cas seraient ils sélec­tion­nés en amont par le réseau social, nul ne le sait encore.

Naissance d’une nation

Résumons : 2,7 mil­liards de par­tic­i­pants, un pou­voir exé­cu­tif (le con­seil d’administration de Face­book), un prési­dent (Mark Zucker­berg), une con­sti­tu­tion (les fameuses règles de Face­book), une mon­naie (le Libra), une armée (les trente mille modérateurs/censeurs), un pou­voir judi­ci­aire (le con­seil de sur­veil­lance), vous met­tez dans un cha­peau, vous remuez. Qu’est ce qui sort ? Quelque chose qui ressem­ble à une méga nation, s’étendant comme un virus. C’est ici que le terme com­mu­nauté glob­ale prend tout son sens. Reprenons les mots de l’entretien de Zucker­berg de novem­bre 2018, il souhaite créer une sorte de Cour suprême qui portera un « juge­ment final sur ce que devrait être un dis­cours accept­able dans une com­mu­nauté qui reflète les normes sociales et les valeurs des gens dans le monde entier ». New world order, un nou­v­el ordre mon­di­al à la fois lénifi­ant et total­i­taire. Ça vous tente ?

Crédit pho­to : car­layashiro via Flickr (cc)

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