Après un premier article sur la tuerie de Nashville perpétrée par une femme « transgenre », l’Ojim revient sur les silences coupables de la plupart des médias américains quant aux motivations du tueur.
Une personne « transgenre » qui attaque une école chrétienne est chose délicate à traiter pour les grands médias américains de gauche et pour les autorités. La question centrale, qui devrait être de savoir si la motivation est christianophobe, n’est pas posée dans les milieux de la bien-pensance trop occupés à accuser de transphobie ceux qui s’en étonnent. La police a pourtant informé que la tueuse, une femme de 28 ans s’identifiant à un homme, avait laissé un manifeste et une lettre de suicide mais, curieusement, les autorités se refusent à rendre leur contenu public. On avait connu les mêmes autorités plus réactives et plus transparentes pour publier et citer largement les motivations affichées par des tueurs classés « suprématistes blancs », pour ne citer qu’un exemple.
Pour rappel, le drame s’est déroulé le lundi 29 mars à Nashville, la capitale du Tennessee, dans l’est des États-Unis. Afin de commettre la tuerie qu’elle semblait avoir préparée depuis plusieurs mois, Audrey Elizabeth Hale, une ancienne élève de l’établissement visé qui se faisait désormais appeler Aiden et demandait à être désignée par des pronoms masculins dans ses messages sur Facebook, s’est présentée munie de trois armes à feu à l’école « Covenant School », une école privée appartenant à une congrégation presbytérienne.
À l’instar du journal français La Croix, qui, le lendemain, titrait « L’auteur de la tuerie dans une école américaine possédait sept armes à feu », les médias de la gauche pro-LGBT américaine, largement majoritaires, ont voulu centrer le débat sur le droit de posséder des armes, mentionnant à la marge le fait que la tueuse était suivie par un médecin pour des troubles émotionnels, mais omettant complètement d’envisager un crime à motivation christianophobe.
à l’inverse, un des grands journaux de références de la gauche progressiste outre-Atlantique, le New York Times, soulignait, dans un article publié dans le fil d’actualité du journal le jour de la tuerie – sous le titre « L’église presbytérienne Covenant fait partie d’une dénomination évangélique conservatrice » (Covenant Presbyterian Church is part of a conservative evangelical denomination) –, le conservatisme de l’Église évangélique propriétaire de l’école pour qui l’homosexualité, le transsexualisme et le « transgenrisme » sont des péchés. Mais plutôt que d’en faire émerger une question sur les motivations de la tueuse alors que les autorités se refusaient toujours, une semaine après le crime, à divulguer ses écrits, le journal se contente de signaler cela après la description du crime, comme pour justifier en partie le fait qu’une telle école puisse susciter des animosités.
Bien fait pour le pasteur local dont la fille de neuf ans fait partie des trois enfants et trois adultes assassinés ce jour-là ? Non, le New York Times ne va quand même pas jusque-là.
Mais chez l’autre grand journal progressiste de la côte est, le Washington Post, c’est malgré tout d’abord de la situation de la communauté trans que l’on préfère s’inquiéter face à la question dérangeante posée par les politiciens et médias conservateurs. Dans un article intitulé « La droite exploite la fusillade de Nashville pour alimenter la rhétorique anti-trans », le journaliste Fenit Nirappil, spécialiste des questions de santé et des questions LGBTQ au Washington Post, s’en prenait le 30 mars aux « commentateurs conservateurs et politiciens républicains » qui « ont déclenché une nouvelle vague de rhétorique anti-trans à la suite de la fusillade qui a fait six morts lundi dans une école chrétienne de Nashville, aggravant ainsi un retour de bâton plus général face à la visibilité croissante des personnes transgenres dans la vie publique ».
« Les tentatives de la droite pour associer la violence aux personnes transgenres interviennent alors que ces dernières sont rarement les auteurs des fusillades de masse, qui sont en grande majorité le fait d’hommes cisgenres, selon les experts en justice pénale », souligne le journaliste. « De plus, de nombreuses études ont montré que les personnes transgenres sont plus susceptibles d’être victimes de violences que les personnes cisgenres », écrit-il encore en rappelant aussi que « à Nashville, l’identité sexuelle et le mobile du tireur restent flous ». L’article n’aborde d’ailleurs pas la problématique des attaques verbales et physiques contre les chrétiens, mais uniquement contre la « communauté trans ».
Ceci sans toutefois aller aussi loin que le Trans Resistance Network (réseau de résistance trans) qui a publié le jour du massacre de six chrétiens à Nashville, dont trois enfants de neuf ans, un communiqué affirmant que la personne « transgenre » à l’origine du massacre avait « estimé qu’elle n’avait pas d’autre moyen efficace d’être perçue que de se déchaîner en s’en prenant à la vie des autres ».
« La haine a des conséquences », affirmait en effet le groupe trans en conclusion des propos suivants, qui suivaient un premier paragraphe rappelant la première tragédie, celle des victimes et de leurs proches : « La seconde tragédie, plus complexe, est celle d’Aiden ou Aubrey Hale, qui a estimé qu’il n’avait pas d’autre moyen efficace d’être perçu que de se déchaîner en s’en prenant à la vie des autres, et par voie de conséquence, à la sienne. Nous ne prétendons pas connaître l’individu ou avoir accès à ses pensées et sentiments profonds. Nous savons que la vie des personnes transgenres est très difficile et qu’elle a été rendue encore plus difficile au cours des mois précédents par une véritable avalanche de lois anti-trans et par les appels publics de personnalités et de figures politiques de droite qui ne demandent rien de moins que l’éradication génocidaire des personnes transgenres de la société. De nombreuses personnes transgenres souffrent d’anxiété, de dépression, de pensées suicidaires et de stress post-traumatique en raison du rythme presque constant de la haine anti-trans, du manque d’acceptation de la part des membres de leur famille et de certaines institutions religieuses, du déni de notre existence et des appels à la détransition et à la conversion forcée. »
Effacé depuis par ce groupe radical du lobby trans, le communiqué a toutefois été relayé, pour être dénoncé, par plusieurs médias de droite, comme ici sur Breitbart.
La même organisation avait convoqué une « Journée trans de la vengeance » pour le samedi suivant devant le siège de la Cour suprême des États-Unis à Washington D.C., avec une affiche demandant rien de moins que l’arrêt du « génocide des trans ». Cette affiche ultra-radicale a d’ailleurs fait l’objet d’une censure indiscriminée sur Twitter qui a supprimé tous les messages la relayant, y compris quand c’était pour la dénoncer. Une censure automatisée visant le mot « vengeance » qui contiendrait un appel ouvert à la violence, même si le Trans Resistance Network, qui a finalement annulé la manifestation en prétextant des risques pour la vie et la santé des participants, assure que ce n’était pas un appel à la violence.
Le 31 mars, le New York Post signalait que la chaîne CBS News avait de son côté donné à ses journalistes la consigne de ne pas utiliser le mot « transgenre » pour qualifier la tireuse de Nashville.
« La directive de CBS News a été communiquée lors d’une réunion de rédaction tenue mardi matin par Ingrid Ciprian-Matthews, vice-présidente exécutive chargée de la collecte des informations, et Claudia Milne, vice-présidente principale chargée des normes et des pratiques », écrit le New York Post qui cite les consignes données : « Pour l’instant, nous conseillons de dire que la police a identifié le suspect comme étant AUDREY HALE, âgée de 28 ans, qu’elle a abattue sur place, et de se concentrer sur d’autres points importants de l’enquête, de la communauté et des solutions. »
« Selon certaines sources », poursuit le New York Post, « Ciprian-Matthews et Milne ont passé 15 minutes à discuter de la directive lors de l’appel de mardi, ce qui a déconcerté de nombreux journalistes, étant donné que le chef de la police métropolitaine de Nashville, John Drake, avait déclaré que Mme Hale était transgenre et que son identité pouvait être pertinente pour l’enquête. “C’est absurde parce que la police a identifié Hale comme étant transgenre”, a déclaré une personne de CBS. “Si les policiers n’en parlaient pas, on pourrait peut-être l’éviter, mais cacher des informations n’est pas du journalisme.” La décision s’est depuis lors reflétée dans la couverture de la chaîne. Quelques heures après la fusillade, lundi matin, la correspondante Janet Shamlian avait indiqué dans l’émission “CBS Evening News with Norah O’Donnell” que Hale “s’identifiait comme transgenre”. Toutefois, à la suite de l’appel de CBS du mardi, les mentions de l’identité de genre de Hale ont cessé. »
Le site conservateur Breitbart signalait aussi le 1er avril – et ce n’était pas un canular – que certains manifestants rassemblés devant le Capitole pour demander l’interdiction de la vente d’armes à feu à la suite de ce énième massacre dans une école évoquaient explicitement sept victimes au lieu de six : les six personnes tuées par Audrey Hale et Audrey Hale elle-même, qui a été abattue par la police.
Quelques heures après le massacre perpétré par la jeune femme trans dont le journal anglais Daily Mail affirme que son homosexualité, puis son « identité de genre », avaient été rejetée par ses parents chrétiens, Josselyn Berry, l’attachée de presse du gouverneur démocrate de l’Arizona, a publié un tweet avec la photo d’une femme au regard déterminé tenant un pistolet dans chaque main, prête à tirer, sous le titre « Nous quand nous voyons des transphobes ».
Le 29 mars, le site Breitbart signalait également un jeu vidéo « anti-transphobes » sorti deux mois avant le massacre commis par une femme « transgenre » dans cette école presbytérienne de Nashville : « Un jeu vidéo mettant en scène un héros transgenre qui abat des critiques des trans – y compris des prêtres – afin de permettre aux joueurs de “libérer [leur] fureur refoulée sur les tyrans critiques du genre avec un arsenal d’armes mortelles” a été publié par un développeur de jeux trans deux mois avant la fusillade survenue lundi dans une école chrétienne de Nashville, dans le Tennessee », peut-on lire dans cet article. Fox News a par ailleurs publié sur son site l’homélie d’un pasteur « transgenre » luthérien comparant le sort subi par Audrey Hale et la communauté trans au sort subi par Jésus sur la croix. Quant à la Maison Blanche, s’exprimant par la voix de son attachée de presse Karine Jean-Pierre, elle a tenu à prendre la défense de la communauté trans qu’elle considère comme étant « attaquée » par le camp conservateur dans la foulée du massacre de Nashville.
Mais sur Fox News, le célèbre journaliste Tucker Carlson est d’un autre avis, et il expliquait pourquoi dès le 29 mars, illustrant combien il importerait de divulguer les motivations revendiquées par la tueuse, comme cela se fait d’habitude :
« Prenons l’exemple de la tuerie qui s’est déroulée lundi à Nashville. La tueuse, une transgenriste de 28 ans, s’est introduite dans une école primaire chrétienne et a assassiné trois enfants de neuf ans et trois adultes. Pourquoi a‑t-elle fait cela ? Dans un pays rationnel, c’est la toute première question que l’on se poserait. Dans notre pays, c’est la dernière question. En fait, elle n’est souvent jamais posée. Les rares fois où quelqu’un parvient enfin à s’interroger à voix haute sur le motif, nos dirigeants commencent immédiatement à mentir, ce qui en dire long. (…) Juste avant d’ouvrir le feu, la tireuse de Nashville a écrit ces mots à sa meilleure amie sur Instagram : “Un jour, cela aura plus de sens. J’ai laissé derrière moi plus qu’assez de preuves”. Ces preuves comprennent un manifeste écrit dans lequel la tueuse explique exactement pourquoi elle a tué des enfants. Le FBI, l’ATF, la police nationale et [le procureur général] Merrick Garland ont tous accès à ce manifeste. Et pourtant, le procureur général nous informe qu’aucun motif n’a encore été identifié. Eh bien, il ment. Ils mentent tous. Nous ne pouvons pas voir ce manifeste parce que le lobby transgenre, qui a bien plus de pouvoir que vous, a fait pression sur les politiciens pour qu’il reste caché, mais nous pouvons être certains de ce qu’il dit. Les victimes de lundi ont été assassinées parce qu’elles étaient chrétiennes. C’est aussi simple que cela. »