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Mathieu Bock-Côté décrypte l’idéologie médiatique dominante

8 août 2019

Temps de lecture : 4 minutes
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Mathieu Bock-Côté décrypte l’idéologie médiatique dominante

Temps de lecture : 4 minutes

Pre­mière dif­fu­sion le 30/04/2019

Un nouvel essai signé Mathieu Bock-Côté, cela attire toujours l’œil de qui ne se rend pas chaque jour à la soupe libérale-libertaire. Encore plus quand, et c’est le cas avec L’Empire du politiquement correct, ce récent opus analyse les médias officiels et leur collaboration avec l’idéologie politique dominante.

La voix du soci­o­logue et essay­iste poli­tique québé­cois Math­ieu Bock-Côté est très présente dans le débat pub­lic français, en par­ti­c­uli­er depuis la paru­tion en 2016 de son essai con­sacré au « mul­ti­cul­tur­al­isme comme reli­gion poli­tique ». De retour avec L’Empire du poli­tique­ment cor­rect, Bock-Côté pro­longe les thès­es alors dévelop­pées, dont celle depuis lors ample­ment validée de minorités diver­si­taires et agis­santes ayant volon­té d’imposer leurs con­cep­tions du monde à toute la société, LGBT, décolo­ni­aux et autres « racisés ».

Une situation médiatique nouvelle ?

Ce très récent essai intéresse cepen­dant l’OJIM sur un autre plan, cor­re­spon­dant à son sous-titre : « Essai sur la respectabil­ité politi­co-médi­a­tique ». Math­ieu Bock-Côté, nour­ri de la lec­ture de ses con­tem­po­rains, analyse le lien qu’il présente comme dom­i­nant entre poli­tiques et médias, ce même lien sur lequel tra­vaille l’OJIM. Dans ce cadre, l’essayiste mon­tre que la main­mise sur « la mise en réc­it de la col­lec­tiv­ité » est la con­di­tion de la dom­i­na­tion de l’idéologie com­mune qui ani­me poli­tiques et médias dom­i­nants, une dom­i­na­tion qui passe par la cen­sure (soft ou dure), la volon­té de con­trôle des réseaux soci­aux et le rejet d’intellectuels con­sid­érés comme « infréquenta­bles », quand bien même la parole leur aurait été aupar­a­vant don­née avant de leur être en par­tie retirée.

C’est en effet un des phénomènes actuels : des paroles et des con­cep­tions du monde qui n’avaient il y a encore peu voix au chapitre que dans des marges sont main­tenant présentes dans les pages de médias offi­ciels ou sur les plateaux de chaînes d’information en con­tin­ue : « Con­crète­ment, écrit-il, le sys­tème médi­a­tique offi­ciel perd son mono­pole », en par­ti­c­uli­er du fait des réseaux soci­aux où « il est désor­mais pos­si­ble pour le peu­ple de se soulever con­tre les médias qui tra­di­tion­nelle­ment pré­tendaient par­ler pour lui ». Cepen­dant, Bock-Côté insiste sur la naïveté qui con­sis­terait à penser qu’il s’agit d’une accep­ta­tion de ces autres con­cep­tions du monde : il y a là sim­ple adap­ta­tion à une situation.

Une volonté de garder le contrôle idéologique

Sur le fond, les médias offi­ciels con­trô­lent la lib­erté d’expression et veu­lent la cen­sur­er si elle « dérape ». Il y a donc des lois explicites et implicites qui régen­tent la vie publique en France et ce sont ces lois suiv­ies par cha­cun des jour­nal­istes offi­ciels, quand bien même pousserait-il des cris d’orfraie quand un Dupont-Aig­nan lui reproche de tra­vailler pour le pou­voir. L’essai de Bock-Côté mon­tre qu’actuellement ce n’est pas le jeu démoc­ra­tique qui fixe la parole médi­a­tique mais cette dernière qui organ­ise un jeu pour le coup plus guère démocratique.

Pourquoi ? Les médias offi­ciels dif­fusent une parole mas­sive­ment uni­forme, ce que l’OJIM démon­tre depuis sa créa­tion. Math­ieu Bock-Côté qui ne craint de s’aliéner per­son­ne, fait ain­si par exem­ple l’éloge du tra­vail réal­isé par les sites accusés d’être de « réin­for­ma­tion », manière de leur refuser un statut d’information équiv­a­lent, et bal­aie d’un revers de bras la volon­té de les réduire à une « fachos­phère » imag­i­naire, tout comme l’est la sem­piter­nelle reduc­tio ad hitlerum, laque­lle n’intéresse que ceux qui obsédés par leurs fan­tasmes poli­tiques ne voient pas, par exem­ple, que la Ligue du Lol men­ace dans leur dos.

Fin du monopole médiatique

Le tra­vail de ces sites, trou­ve con­sid­éra­tion dans ces pages : « La révolte con­tre les médias s’accompagne aus­si d’une volon­té de plus en plus explicite de décrypter le traite­ment qu’ils pro­posent de l’information en révélant son sous-texte idéologique (…) La plu­part pro­duisent moins de l’information eux-mêmes qu’ils n’entendent hiérar­chis­er autrement l’information déjà disponible et pré­ten­dent pro­pos­er une autre lec­ture de l’actualité, à par­tir d’une autre vision du monde ce qui con­siste à dire que le sys­tème dom­i­nant en a une aus­si. Ils con­tes­tent autrement dit le mono­pole du réc­it légitime réclamé par le sys­tème médi­a­tique sur la descrip­tion du réel. Sou­vent ils sont asso­ciés de manière énig­ma­tique à la fachos­phère, sans qu’on ne sache trop pourquoi exacte­ment la cri­tique de la nar­ra­tion médi­a­tique dom­i­nante devrait être symp­to­ma­tique d’un fas­cisme plus ou moins avoué ».

Un essai à lire avec gourmandise.

Math­ieu Bock-Côté, L’empire du poli­tique­ment cor­rect, Cerf, 2019, 297 p, 20 €

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