Alors qu’il n’était pas du tout pressenti, Mathieu Gallet a été nommé par les neuf membres du CSA ce jeudi 27 février à la tête de Radio France.
Actuel PDG de l’Institut national de l’audiovisuel (INA), ce jeune dynamique de 37 ans à qui tout semble sourire a été préféré, à l’unanimité et dès le premier tour, aux cinq autres candidats que sont Anne Durupty, directrice générale d’Arte France, Martin Ajdari, secrétaire général de France Télévisions, Anne Brucy, ex-directrice de France Bleu, Philippe Gault, président du Sirti, et enfin Jean-Luc Hees, le président sortant. Un vote unanime au point qu’avant même qu’il ait lieu, un consensus s’était dégagé sur son nom, a‑t-on appris jeudi de la part de Christine Kelly, l’une des Sages.
Le CSA, qui a depuis novembre 2013 retrouvé le pouvoir de nommer les présidents de l’audiovisuel public, a été séduit par son projet « audacieux » et « dynamique ». Celui-ci propose un projet numérique clair (qu’il a déjà réussi à appliquer à l’INA) et des mesures efficaces pour viser la jeunesse et développer l’audience. « Les marques que sont les chaînes mais aussi les émissions devront être renforcées », explique M. Gallet. Et concernant France Info, « le direct devra être la règle ». Mais par-dessus tout, avec ce jeune talent de 37 ans, le Conseil a fait « le choix de la jeunesse », selon les mots d’Olivier Schrameck, son président.
Qui est Mathieu Gallet ?
Diplômé de l’Institut d’études politiques de Bordeaux en 1999, Mathieu Gallet est passé par Canal+ et Pathé avant d’abandonner le privé pour entrer en politique. Il a tout d’abord rejoint les cabinets de François Loss, puis de Christine Albanel et de Frédéric Mitterrand au ministère de la Culture, où il a couvert le projet de suppression de la publicité sur le service public.
En 2010, il est nommé PDG de l’Institut national des archives (INA) par Nicolas Sarkozy. Une nomination qui a fait grincer des dents et que l’on a alors jugée conflictuelle. Le jeune cadre dissipera bien vite toutes les tensions par son volontarisme et son efficacité. Rapidement, il achève la numérisation des contenus de l’INA avec détermination et déploie même la marque à l’international.
À Radio France, il aura la lourde tâche d’assurer la transition numérique des stations et de dynamiser leur audience en les tournant d’avantage vers la jeunesse. Il devra aussi renégocier le Contrat d’objectif et de moyens de la radio publique et aborder avec les syndicats la négociation de la convention collective, entamée en 2009 et toujours pas aboutie. Enfin, il aura à cœur de faire ses preuves, comme à l’INA, dans un domaine qui n’est pas le sien, la radio.
Olivier Schrameck, président du CSA, l’avait annoncé le 31 janvier dernier sur Europe 1 : concernant la nomination du patron des radios publiques, « il n’y aura non seulement aucune consigne, mais pas la moindre suggestion du pouvoir politique, et je vous accorde que c’est peut-être la première fois. » Et selon le magazine culturel Télérama, le choix de Mathieu Gallet, « plutôt marqué à droite, lève tout soupçon de mainmise politique ».
Crédit photo : Bartek Warzecha via Flickr (cc)