Mercredi 21 octobre 2020 à 9h51, l’émission « info médias » de Franceinfo, radio du groupe Radio France, faisait de la publicité, sous couvert d’information, pour une nouvelle émission de France Culture, elle aussi radio du groupe Radio France. Petits podcasts entre amis ?
Une mécanique de l’entre soi ?
La nouvelle émission « Mécanique du journalisme » a démarré le 22 octobre 2020 et est présentée ainsi sur le site de France Culture :
« Après Mécaniques du complotisme qui révélait les ressorts et les modes de propagation des rumeurs complotistes, France Culture plonge dans les coulisses de grandes enquêtes contemporaines pour mettre au jour la réalité du travail des journalistes, loin des idées toutes faites. Comment le quatrième pouvoir exerce-t-il son devoir d’inventaire de la démocratie ? Comment découvre-t-on un sujet d’enquête ? Comment se mène une investigation ? Comment convaincre des témoins de parler ? Elise Karlin dévoile, avec la contribution indispensable de leurs auteurs, les dessous de plusieurs grandes affaires récentes et leurs conséquences. Ce podcast, construit comme un thriller, est aussi une réflexion sur le métier de journaliste.
« Affaires » Cahuzac, Benalla, Fillon, Lux Leaks … Quatre grandes enquêtes racontées à la première personne par des journalistes dont le travail a eu un impact sur la vie démocratique. »
C’est organisé comme une série télévisée :
Première saison : « Affaires » Cahuzac, Benalla, Fillon, Lux Leaks … Quatre grandes enquêtes racontées à la première personne par des journalistes dont le travail a eu un impact sur la vie démocratique. »
Le premier journaliste et la première enquête en quatre podcasts donc ? L’affaire Cahuzac, racontée par Fabrice Arfi, journaliste de Médiapart.
Circuit fermé : Franceinfo fait de la pub pour France Culture
Franceinfo, mercredi 21 octobre 2020, l’émission « info média » présentée par Célyne Baÿt-Darcourt n’y va pas par quatre chemins : l’auditeur est appelé à se précipiter à la découverte, dès le lendemain, de « Mécanique du journalisme ».
C’est aussi présenté comme un polar, avec une plongée au cœur du travail d’Arfi, lequel précise qu’il est un fidèle auditeur de France Culture, des radios du service public, du « patrimoine de ceux qui n’en ont pas ». Arfi ne « sait pas ce que c’est que la vérité », mais « les faits, on sait ce que c’est ».
Le journaliste indique assumer qu’un journaliste puisse « avoir l’esprit mal tourné, des a‑priori ». Il reconnaît avoir eu l’esprit mal tourné dans l’affaire Cahuzac, au sujet des « liens entre Cahuzac et Woerth ». « On peut se tromper mais il faut que ce soit avant, pas après ». Et surtout dire des choses « vraies » aux lecteurs, mais sans savoir ce qu’est « la vérité », disait-il plus avant. On s’y perd un peu. Médiapart ne se présente-t-il pas en permanence comme LE média qui crie LA vérité ?
Célyne Baÿt-Darcourt : « Cela s’apparente à un travail de policier ? ». Réponse : « Non ». Mais Arfi précise : « Je suis fils de policier, vous voyez d’où je parle ». Il précise ne pas avoir eu la volonté de faire « tomber » un ministre. Comme si le choix des cibles de Médiapart était innocent. Le média ne faire guère « tomber » d’organisations islamistes, n’enquête par exemple pas sur les réseaux de financement dans ces milieux-là.
Faire passer la pilule au bon public
La série est censée montrer comment les journalistes travaillent. Célyne Baÿt-Darcourt indique à quoi elle sert : faire en sorte que les journalistes soient mieux perçus par le public, que les Français aient de nouveau confiance en leurs journalistes.
Ce n’est pas gagné… L’Observatoire du Journalisme le démontre chaque jour, et ce genre de petites émissions entre potes ne va certainement pas y contribuer. Par contre, si France Culture ou France Inter invitaient un invité moins complaisant (pourquoi pas le directeur de L’Observatoire du Journalisme ?) afin qu’il explique la raison d’être d’un tel média dans le paysage actuel, cela donnerait une image plus ouverte, démocratique et finalement déontologique du journalisme actuel.