Première diffusion le 9 janvier 2023
Věra Jourová, vice-présidente tchèque de la Commission européenne chargée des valeurs et de la transparence, de mèche avec la galaxie Soros, est aux avant-postes dans le projet de mise en place d’un European Media Freedom Act.
Conforter les médias de grand chemin
Aux côtés de deux autres membres de la Commission, Thierry Breton et Margrethe Vestager, respectivement en charge du marché intérieur et du numérique, elle met un point d’honneur à jeter les bases d’un cadre législatif européen dont tout semble indiquer qu’il est destiné à conforter les médias de grand chemin dans leur position dominante. Dans un entretien au site hongrois Media 1 paru le 27 décembre, Jourová a rappelé ses problèmes avec la Hongrie de Viktor Orbán et a dévoilé certains détails du projet de loi lui tenant tellement à cœur.
Des mots, encore des mots
Sur le papier, beaucoup de points de cette loi peuvent sembler séduisants. La législation obligera les États membres à respecter la liberté éditoriale de tous les médias. Elle entendra aussi faire face à la répartition inéquitable des fonds publics alloués aux médias. La loi aura par ailleurs pour objectif de garantir le caractère transparent, proportionné et non-discriminatoire de la distribution de ces fonds (par exemple ceux alloués sous la forme de publicités gouvernementales, comme en Hongrie). Et surtout : les autorités nationales devront évaluer l’impact des concentrations sur le pluralisme et l’indépendance des médias.
Voir aussi : La Commission européenne planche sur un Media Freedom Act
Peut-on pour autant se mettre à rêver à un rééquilibrage du paysage médiatique français et à la fin du système oligarchique de la presse française ? Ou d’y réclamer un peu plus de pluralisme politique ? Certainement pas ! Bien contraire, tout ce qui vient de Bruxelles débouche toujours sur un renforcement des statu quo. Les super-bureaucrates de la Commission échappant à tout contrôle, ils n’hésitent pas à enfoncer le clou libéral-libertaire dès que l’occasion se présente. Mais en l’espèce, il pourrait s’agir de bien plus que la simple confirmation d’une tendance.
La porte ouverte à toutes les dérives
Cette législation, dont l’entrée en vigueur est prévue avant les élections européennes de 2024, consistera en un règlement directement applicable dans tous les États membres. Uniformiser pour mieux régner. Les différends seront à porter devant les juridictions nationales, mais un nouvel organe européen de surveillance des médias sera chargé, en collaboration avec la Commission européenne, de veiller à l’application cohérente de la nouvelle législation.
Ce nouvel organe devra être consulté et pourra émettre des avis sur les fusions de médias qui ont un impact sur le marché intérieur, ou en l’absence d’évaluation de ce type au niveau national. Et ce n’est pas tout. Věra Jourová est fière d’annoncer que « dans les cas les plus graves, la Commission pourra intervenir en utilisant les prérogatives prévues par les traités, y compris l’ouverture de procédures pour manquement aux obligations. »
Un nouveau moyen de chantage financier ?
Dès que le projet avait été mis sur la table, l’Ojim avait tiré la sonnette d’alarme concernant ce Media Freedom Act. La teneur idéologique de ce projet est claire depuis le début, alors que les ennemis hongrois et polonais sont ouvertement désignés. Mais les moyens juridiques qui seront mis en œuvre pourraient bien dépasser tout ce que l’on imaginait.
Conditionnement des fonds européens
En créant une nouvelle autorité habilitée à faire appliquer cette loi sur les médias, la Commission ne disposera pas simplement de la capacité d’exprimer des avis tranchant sur la politique de certains gouvernements. Elle aura en sa possession un moyen de chantage supplémentaire face aux récalcitrants. L’heure est en effet au conditionnement des fonds européens à des exigences liées à au respect d’un prétendu « État de droit ». Cette notion malléable et politique a déjà permis de faire de la rétention de fonds contre la Pologne et la Hongrie pendant près d’un an. Avec ce Media Freedom Act, la Commission crée de facto de nouvelles conditions d’accès aux fonds. C’est en tout comme cela que l’on interprète la chose depuis Budapest et Varsovie…
Quoi qu’il en soit, les oligarques français peuvent dormir tranquille, pendant que les médias conservateurs hongrois et polonais commencent déjà à se soucier de cette nouvelle offensive de Bruxelles.