Mediapart publie en ce moment les compte-rendus des investigations liées aux Football Leaks : dopage financier au Zénith Saint-Pétersbourg, AS Monaco, Manchester City et au PSG couverts par l’UEFA, cartel secret des gros clubs européens pour plumer les petits clubs, N’golo Kanté qui a refusé d’être payé à Jersey, coulisses du très coûteux transfert financier de Neymar au PSG, « fichage ethnique » au PSG, joueurs africains mineurs… bref, l’envers du sport spectacle.
Échange de contenus pour les abonnés
Cependant, Mediapart a signé un partenariat d’une semaine avec L’Équipe – les abonnés de l’un ont droit aux contenus de l’autre – et L’Équipe relaie systématiquement les informations de Mediapart. Un partenariat fructueux pour les deux titres, mais pas nécessairement cohérent pour Mediapart, son lancement ayant été fait il est vrai avec l’aide de grands patrons français et de fonds d’investissement.
Amaury sport et L’Équipe
L’Équipe en effet se satisfait très bien du sport spectacle, des transferts ahurissants et des inégalités croissantes entre gros et petits clubs qui lui donnent du grain à moudre dans ses colonnes. Mais plus encore est satisfaite sa maison mère : Amaury Sport Organisation, qui gère notamment le Tour de France, Paris Roubaix, le Rallye Dakar, le Marathon de Paris…
Plutôt la finance que l’éthique sportive
Un pari payant : le sport spectacle a fait grimper les revenus d’Amaury Sport Organisation de 121 à 180 millions d’euros entre 2008 et 2013, dont 55% assurés par le Tour de France. Dans L’Humanité du 18 septembre 2013, le journaliste sportif Pierre Balester affirmait : « ASO a pris un virage politique et industriel, en privilégiant l’impact financier au détriment de l’éthique d’un sport. Les dirigeants d’ASO ont donné le champ libre à la marchandisation du cyclisme. Le Tour est une reine de beauté qui cache sous ses jupes un enfant honteux issu du ménage à trois du mensonge, de la triche et de l’argent ».
Censure directe à Vice
En 2018, Amaury Sport Organisation a même fait pression auprès de Vice France – dont la nouvelle direction plaide il est vrai pour « un media mode », lisse et sans indépendance face aux marques, bourré de « brand content » déguisé en articles de presse – afin de faire retirer un article paru le 6 janvier 2018 sous le titre « le Paris Dakar est-il un truc de gros con ? ». Dépublié, il est reparu sous le titre « La chevauchée fantastique » après avoir été réécrit de fond en comble.
Bref, tout ce que Mediapart adore dénoncer…