Charlie a dit : Je Suis Pas Plenel. Et Médiapart révéle enfin une vraie affaire, dans la foulée de la Une de Charlie Hebdo consacrée aux aveuglements de Plenel : son être propre en tant que média idéologique. Une histoire d’arroseur arrosé et de pompier pyromane ? Une question loin d’être anodine au vu des accusations de viols portées à l’encontre de l’islamiste Ramadan, et du soutien souvent affiché à ce dernier par Edwy Plenel.
Fin octobre et début novembre 2017, en deux Unes de Charlie Hebdo, le caricatural tandem « islamo-libertaire », selon l’heureuse expression d’Henri Feng dans Causeur, Edwy Plenel / Tariq Ramadan est réapparu sur le devant de la scène pour investir tous les plateaux de télévision et tous les studios de radio, suite aux accusations de viols et d’abus sexuels portées par au moins six femmes contre celui qui se dit islamologue.
L’Axe Plenel-Ramadan n’a plus la trique
Le directeur de Médiapart, Edwy Plenel, est pris dans la tourmente touchant un Tariq Ramadan dont il est proche, au moins intellectuellement et idéologiquement. Edwy Plenel, jusqu’alors plus habitué au rôle de procureur général se retrouve dans le box des accusés, « dénoncé » en Une de Charlie Hebdo.
Edwy Plenel, jusqu’alors plus habitué au rôle de procureur général se retrouve dans le box des accusés, « dénoncé » en Une de Charlie Hebdo, à la suite de celle consacrée par le même Charlie Hebdo à Tariq Ramadan en érection.
Le « spécialiste » de l’Islam est réputé très influent en France, tissant une toile depuis les années 1990, bien que moins fréquemment invité sur les plateaux depuis ses déclarations en faveur d’un « moratoire sur la lapidation des femmes adultères ». Favorable à un Islam conservateur, voire rigoriste, Ramadan semble, si les accusations sont fondées, coutumier de pratiques sexuelles différentes de ses théories. Un Tariq Ramadan vis-à-vis duquel Edwy Plenel a affirmé sa proximité de pensée, et avec lequel il s’est parfois affiché, lors de conférences et autres débats. En France comme au Qatar. Par exemple dans le cadre du CILE, le think tank offert à Ramadan par le Qatar comme tribune permanente et rémunérée à Doha. Un CILE qui contribue à la diffusion des thèses de Yusuf al-Qaradawi, considéré comme le principal penseur de l’Islamisme radical, favorable à « une solution islamique » en lieu et place des sociétés modernes. Une « solution » dans laquelle la majorité des femmes se retrouveraient dépendantes de millions de petits Ramadan. L’expression « solution islamique » attire l’oreille bien sûr, d’autant que Tariq Ramadan invite des personnalités telles que l’historien Norman Finkelstein dont les thèses sur le « lobby juif américain » ont pu prêter à polémique. Un think tank qui convie aussi Edwy Plenel lors de conférences annuelles, dont les rémunérations ne sont pas communiquées au public. Une proximité que le patron de Médiapart confirmait en 2015 sur le plateau du Petit Journal de Canal +, face à Yann Barthès. Et qu’il minimise début novembre, de média en média.
Quelle défense de la part de Plenel ?
Plenel a été épinglé par des médias autres que Charlie Hebdo comme faisant partie d’un « noyau dur de l’islamosphère », ensemble qui selon Judith Waintraub dans Le Figaro regroupe des agents d’influence d’un Islam dur en France, soupçonné d’être au moins par défaut, parfois activement, complice du développement de l’islamisme radical sur le sol français. Et donc, d’une certaine façon, de complicité avec l’ennemi en guerre contre la France. Ainsi, selon Nasser Ramdane Ferradj, fondateur du Collectif des musulmans progressistes et laïques, et ancien vice-président de SOS Racisme, Plenel « épouse la stratégie de l’islam politique jusqu’à en devenir une pièce maîtresse pour son enracinement en France » (article de J. Waintraub). En effet, Plenel et Médiapart défendent par exemple le voile islamique. Ces accusations d’être un Cheval de Troie de l’islamisme radical en France s’accentuent dans le sillage des accusations de viols portées à l’encontre de Tariq Ramadan, personnalité islamiste la plus connue dans le pays. Aveuglement ou volonté de ne pas voir ont pu ainsi être reprochés à Edwy Plenel et Médiapart. Et plus généralement d’avoir favorisé la parole d’un équivalent de Weinstein. D’autant qu’un tweet de Plenel affirmait que les reproches faits à Ramadan seraient du même ordre que ceux faits « aux prêtres pédophiles », comparaison reprise sur BFM. C’est une partie de la défense de Plenel, tentant de masquer son rôle dans l’ambiance favorable dont Ramadan a bénéficié depuis trois décennies. L’autre partie consiste à accuser. Les attaques contre Tariq Ramadan et la Une caricaturant le patron de Médiapart feraient partie « d’une campagne plus générale que l’actuelle direction de Charlie Hebdo épouse, avec Mr Valls et d’autres, parmi lesquels tous ceux qui suivent Mr Valls, une gauche égarée, une gauche qui ne sait plus où elle est, alliée avec une droite voire une extrême droite identitaire, trouve n’importe quel prétexte, n’importe quelle calomnie pour en revenir à leur obsession, la guerre aux musulmans, la diabolisation de tout ce qui concerne l’islam et les musulmans ». Ainsi, lors de cette interview donnée le mercredi 8 novembre à France info, Edwy Plenel considère que les Unes de Charlie Hebdo sont les outils d’une « guerre aux musulmans ». Pas un mot lors de cet entretien au sujet des mineures, elles-mêmes musulmanes et peut-être abusées sexuellement. Par contre, Plenel enfonce le clou : « Les musulmans de notre pays sont comme vous et moi. Ils sont sensibles au droit des femmes, ils sont sensibles aux libertés, au respect de la personne humaine ». À écouter cette déclaration, il peut sembler que le déni de réalité qui caractérise Plenel et Médiapart quant à l’islamisme radical sautera aux yeux.
Une « défense honteuse » accentuée par Médiapart ?
C’est cette défense accentuée par un article paru le 6 novembre 2017 sur Médiapart, signé de François Bonnet et intitulé « Affaire Ramadan : la croisade des imbéciles », que Caroline Fourest par exemple qualifie de « défense honteuse d’Edwy Plenel ». Une défense qui vise à masquer la proximité offerte à un prédicateur islamiste qui pourrait s’avérer être un prédateur sexuel. Et derrière Médiapart, le rôle joué par toute une gauche radicale, sorte d’idiote utile de l’islamisme radical en France. Pays qui compte entre 200 et 300 morts dus à ce fanatisme. Médiapart : « Nous voilà la cible d’une campagne nauséabonde où se retrouvent la fachospère, quelques journalistes, chroniqueurs et éditocrates, des responsables politiques d’une partie de la gauche socialiste en ruines et de l’extrême droite ». La ligne de défense de Plenel sur France info. Le retour du « complot rouge brun » que Plenel mettait souvent à la Une du Monde il y a bientôt 15 ans quand il en était le directeur, manière de faire du quotidien du soir qui a été maintes fois démontée. Mais l’article va plus loin, indiquant que « Sous couvert de défense de la laïcité, de lutte contre le terrorisme et aujourd’hui de défense des femmes, les croisés de la discrimination, de la stigmatisation des musulmans, les enragés de la réaction relancent leur chasse aux sorcières. Donald Trump a franchi l’Atlantique. Sur son modèle, voici les incendiaires qui chassent en meute, avec leurs journalistes à la Fox News, leurs fake news, leurs tweets injurieux ». Étant donnée la quantité d’amalgames à la ligne de la part d’un média qui se prétend pourfendeurs des amalgames, les citations du même acabit se passent de commentaires et parlent d’elles-mêmes. Ainsi : « Et au moment où les dispositions de l’état d’urgence entrent dans la loi ordinaire, ces nouveaux maccarthystes, qui ont troqué l’anticommunisme contre l’islamophobie, veulent créer un nouveau délit. Un délit d’opinion (…) Celui d’être des complices ou « idiots utiles du ramadanisme ». Le reste de la défense ? L’article indique que Médiapart enquête sur l’affaire Ramadan et que c’est normal puisque le média serait à l’avant-garde de la lutte contre le sexisme, qu’il le faisait au moment de l’affaire DSK comme il l’a fait au sujet de Baupin, Baylet, Lassalle. Le sexisme, c’est un phénomène inhérent au mâle blanc. C’est pourquoi Médiapart et Plenel ont des difficultés à se positionner devant l’écroulement du simulacre Ramadan, « symbole » de l’Islam religion des opprimés et colonisés. En France. Pour Médiapart, la colonisation est actuellement toujours à l’œuvre en France.
Médiapart ? Victime de « la nouvelle Inquisition »
En une période où des tueurs massacrent des Français de toutes les origines dans les rues de Paris et de Navarre, évoquer des référents chrétiens en dit long sur la vision du monde qui est à l’œuvre dans l’arrière-boutique idéologique de Médiapart. Quand Ramadan serait, aux yeux de Plenel, comparable à un curé pédophile sur Twitter et BFM, l’Inquisition frapperait le média ! De fait, l’ensemble de la défense de Médiapart semble avoir des relents d’obscurantisme. La seconde partie de l’article de François Bonnet prend la défense de Tariq Ramadan auquel ceux qui attaquent Plenel mèneraient « une guerre sans merci » depuis 2003. Bien sûr, les accusations contre l’islamiste Ramadan sont évoquées, comment faire autrement ? Vite fait, bien fait. Ramadan serait victime d’une « censure préalable ». Qui sont les inquisiteurs ? En gros, ceux qui ne sont pas d’accord avec Plenel et Ramadan, et qui en effet ne considèrent pas que la France est historiquement musulmane : Caroline Fourest, Renaud Dély, Pascal Bruckner, Élisabeth Lévy, Alain Finkielkraut, Manuel Valls et Le Printemps Républicain, considéré comme étant « un mouvement identitaire ». Pas d’amalgames, dit Médiapart d’habitude… Et l’article d’insister : en Tariq Ramadan, et Plenel en toile de fond, on veut faire taire « une voix qui dérange », avant de rappeler une enquête en cinq parties, réalisée par Médiapart en 2016. Une enquête qui aurait « démonté la machine idéologique Ramadan ». La relire avec objectivité et recul maintenant montre au contraire qu’elle légitime avec complaisance la voix de Ramadan, exactement comme le fait la défense actuelle de Médiapart. Des défauts de marge sont évoqués, mais c’est pour mieux présenter ce qu’il y aurait de positif chez Ramadan, et pour mieux dénigrer les critiques, ramenées automatiquement à de « l’islamophobie ». Ce grand danger, selon Médiapart, dont on ne voit cependant toujours pas qu’elle tue souvent dans les rues de la République.
Pourtant, Médiapart ne paraît pas se tromper seulement au sujet des principaux dangers qui menacent les populations vivant sur le territoire français. Le journal se trompe aussi au sujet de Tariq Ramadan : car ce n’est pas sa voix que nombre de jeunes femmes, semble-t-il, aimeraient voir censurée mais sa verge. Une question simple : quels courants d’idées ont donné une caisse de résonance extraordinaire durant des années à un islamiste rigoriste conservateur salarié par le Qatar et maintenant susceptible d’apparaitre sur #BalanceTonPorc ? Qui l’a aidé à obtenir ainsi l’ascendant dont usent nombre de prétendus gourous pour abuser de femmes ? Edwy Plenel a sans doute raison d’évoquer « une gauche égarée, une gauche qui ne sait plus où elle est ». Il semble cependant ignorer que cette gauche, c’est la sienne. Quand elle devient force de collaboration avec les idées totalitaires de l’islamisme radical.