Ojim.fr
PUBLICATIONS
Yann Barthès, Dilcrah, Netflix, Frontex, Bellingcat... Découvrez les publications papier et numériques de l'Observatoire du journalisme.
→ En savoir plus
PUBLICATIONS
Yann Barthès, Dilcrah, Netflix, Frontex, Bellingcat... Découvrez les publications papier et numériques de l'Observatoire du journalisme.
→ En savoir plus
Les racines du Mâle ! Érection de moustache en Une de Charlie Hebdo !

10 novembre 2017

Temps de lecture : 9 minutes
Accueil | Veille médias | Les racines du Mâle ! Érection de moustache en Une de Charlie Hebdo !

Les racines du Mâle ! Érection de moustache en Une de Charlie Hebdo !

Temps de lecture : 9 minutes

Charlie a dit : Je Suis Pas Plenel. Et Médiapart révéle enfin une vraie affaire, dans la foulée de la Une de Charlie Hebdo consacrée aux aveuglements de Plenel : son être propre en tant que média idéologique. Une histoire d’arroseur arrosé et de pompier pyromane ? Une question loin d’être anodine au vu des accusations de viols portées à l’encontre de l’islamiste Ramadan, et du soutien souvent affiché à ce dernier par Edwy Plenel.

Fin octo­bre et début novem­bre 2017, en deux Unes de Char­lie Heb­do, le car­i­cat­ur­al tan­dem « islamo-lib­er­taire », selon l’heureuse expres­sion d’Henri Feng dans Causeur, Edwy Plenel / Tariq Ramadan est réap­paru sur le devant de la scène pour inve­stir tous les plateaux de télévi­sion et tous les stu­dios de radio, suite aux accu­sa­tions de vio­ls et d’abus sex­uels portées par au moins six femmes con­tre celui qui se dit islamologue.

L’Axe Plenel-Ramadan n’a plus la trique

Le directeur de Médi­a­part, Edwy Plenel, est pris dans la tour­mente touchant un Tariq Ramadan dont il est proche, au moins intel­lectuelle­ment et idéologique­ment. Edwy Plenel, jusqu’alors plus habitué au rôle de pro­cureur général se retrou­ve dans le box des accusés, « dénon­cé » en Une de Char­lie Heb­do.

Edwy Plenel, jusqu’alors plus habitué au rôle de pro­cureur général se retrou­ve dans le box des accusés, « dénon­cé » en Une de Char­lie Heb­do, à la suite de celle con­sacrée par le même Char­lie Heb­do à Tariq Ramadan en érection.

Le « spé­cial­iste » de l’Islam est réputé très influ­ent en France, tis­sant une toile depuis les années 1990, bien que moins fréquem­ment invité sur les plateaux depuis ses déc­la­ra­tions en faveur d’un « mora­toire sur la lap­i­da­tion des femmes adultères ». Favor­able à un Islam con­ser­va­teur, voire rig­oriste, Ramadan sem­ble, si les accu­sa­tions sont fondées, cou­tu­mi­er de pra­tiques sex­uelles dif­férentes de ses théories. Un Tariq Ramadan vis-à-vis duquel Edwy Plenel a affir­mé sa prox­im­ité de pen­sée, et avec lequel il s’est par­fois affiché, lors de con­férences et autres débats. En France comme au Qatar. Par exem­ple dans le cadre du CILE, le think tank offert à Ramadan par le Qatar comme tri­bune per­ma­nente et rémunérée à Doha. Un CILE qui con­tribue à la dif­fu­sion des thès­es de Yusuf al-Qaradawi, con­sid­éré comme le prin­ci­pal penseur de l’Islamisme rad­i­cal, favor­able à « une solu­tion islamique » en lieu et place des sociétés mod­ernes. Une « solu­tion » dans laque­lle la majorité des femmes se retrou­veraient dépen­dantes de mil­lions de petits Ramadan. L’expression « solu­tion islamique » attire l’oreille bien sûr, d’autant que Tariq Ramadan invite des per­son­nal­ités telles que l’historien Nor­man Finkel­stein dont les thès­es sur le « lob­by juif améri­cain » ont pu prêter à polémique. Un think tank qui con­vie aus­si Edwy Plenel lors de con­férences annuelles, dont les rémunéra­tions ne sont pas com­mu­niquées au pub­lic. Une prox­im­ité que le patron de Médi­a­part con­fir­mait en 2015 sur le plateau du Petit Jour­nal de Canal +, face à Yann Barthès. Et qu’il min­imise début novem­bre, de média en média.

Quelle défense de la part de Plenel ?

Plenel a été épinglé par des médias autres que Char­lie Heb­do comme faisant par­tie d’un « noy­au dur de l’islamosphère », ensem­ble qui selon Judith Wain­traub dans Le Figaro regroupe des agents d’influence d’un Islam dur en France, soupçon­né d’être au moins par défaut, par­fois active­ment, com­plice du développe­ment de l’islamisme rad­i­cal sur le sol français. Et donc, d’une cer­taine façon, de com­plic­ité avec l’ennemi en guerre con­tre la France. Ain­si, selon Nass­er Ram­dane Fer­radj, fon­da­teur du Col­lec­tif des musul­mans pro­gres­sistes et laïques, et ancien vice-prési­dent de SOS Racisme, Plenel « épouse la stratégie de l’islam poli­tique jusqu’à en devenir une pièce maîtresse pour son enracin­e­ment en France » (arti­cle de J. Wain­traub). En effet, Plenel et Médi­a­part défend­ent par exem­ple le voile islamique. Ces accu­sa­tions d’être un Cheval de Troie de l’islamisme rad­i­cal en France s’accentuent dans le sil­lage des accu­sa­tions de vio­ls portées à l’encontre de Tariq Ramadan, per­son­nal­ité islamiste la plus con­nue dans le pays. Aveu­gle­ment ou volon­té de ne pas voir ont pu ain­si être reprochés à Edwy Plenel et Médi­a­part. Et plus générale­ment d’avoir favorisé la parole d’un équiv­a­lent de Wein­stein. D’autant qu’un tweet de Plenel affir­mait que les reproches faits à Ramadan seraient du même ordre que ceux faits « aux prêtres pédophiles », com­para­i­son reprise sur BFM. C’est une par­tie de la défense de Plenel, ten­tant de mas­quer son rôle dans l’ambiance favor­able dont Ramadan a béné­fi­cié depuis trois décen­nies. L’autre par­tie con­siste à accuser. Les attaques con­tre Tariq Ramadan et la Une car­i­cat­u­rant le patron de Médi­a­part feraient par­tie « d’une cam­pagne plus générale que l’actuelle direc­tion de Char­lie Heb­do épouse, avec Mr Valls et d’autres, par­mi lesquels tous ceux qui suiv­ent Mr Valls, une gauche égarée, une gauche qui ne sait plus où elle est, alliée avec une droite voire une extrême droite iden­ti­taire, trou­ve n’importe quel pré­texte, n’importe quelle calom­nie pour en revenir à leur obses­sion, la guerre aux musul­mans, la dia­boli­sa­tion de tout ce qui con­cerne l’islam et les musul­mans ». Ain­si, lors de cette inter­view don­née le mer­cre­di 8 novem­bre à France info, Edwy Plenel con­sid­ère que les Unes de Char­lie Heb­do sont les out­ils d’une « guerre aux musul­mans ». Pas un mot lors de cet entre­tien au sujet des mineures, elles-mêmes musul­manes et peut-être abusées sex­uelle­ment. Par con­tre, Plenel enfonce le clou : « Les musul­mans de notre pays sont comme vous et moi. Ils sont sen­si­bles au droit des femmes, ils sont sen­si­bles aux lib­ertés, au respect de la per­son­ne humaine ». À écouter cette déc­la­ra­tion, il peut sem­bler que le déni de réal­ité qui car­ac­térise Plenel et Médi­a­part quant à l’islamisme rad­i­cal sautera aux yeux.

Une « défense honteuse » accentuée par Médiapart ?

C’est cette défense accen­tuée par un arti­cle paru le 6 novem­bre 2017 sur Médi­a­part, signé de François Bon­net et inti­t­ulé « Affaire Ramadan : la croisade des imbé­ciles », que Car­o­line Fourest par exem­ple qual­i­fie de « défense hon­teuse d’Edwy Plenel ». Une défense qui vise à mas­quer la prox­im­ité offerte à un prédi­ca­teur islamiste qui pour­rait s’avérer être un pré­da­teur sex­uel. Et der­rière Médi­a­part, le rôle joué par toute une gauche rad­i­cale, sorte d’idiote utile de l’islamisme rad­i­cal en France. Pays qui compte entre 200 et 300 morts dus à ce fanatisme. Médi­a­part : « Nous voilà la cible d’une cam­pagne nauséabonde où se retrou­vent la fachos­père, quelques jour­nal­istes, chroniqueurs et édi­to­crates, des respon­s­ables poli­tiques d’une par­tie de la gauche social­iste en ruines et de l’extrême droite ». La ligne de défense de Plenel sur France info. Le retour du « com­plot rouge brun » que Plenel met­tait sou­vent à la Une du Monde il y a bien­tôt 15 ans quand il en était le directeur, manière de faire du quo­ti­di­en du soir qui a été maintes fois démon­tée. Mais l’article va plus loin, indi­quant que « Sous cou­vert de défense de la laïc­ité, de lutte con­tre le ter­ror­isme et aujourd’hui de défense des femmes, les croisés de la dis­crim­i­na­tion, de la stig­ma­ti­sa­tion des musul­mans, les enragés de la réac­tion relan­cent leur chas­se aux sor­cières. Don­ald Trump a franchi l’Atlantique. Sur son mod­èle, voici les incen­di­aires qui chas­sent en meute, avec leurs jour­nal­istes à la Fox News, leurs fake news, leurs tweets injurieux ». Étant don­née la quan­tité d’amalgames à la ligne de la part d’un média qui se pré­tend pour­fend­eurs des amal­games, les cita­tions du même acabit se passent de com­men­taires et par­lent d’elles-mêmes. Ain­si : « Et au moment où les dis­po­si­tions de l’état d’urgence entrent dans la loi ordi­naire, ces nou­veaux mac­carthystes, qui ont tro­qué l’anticommunisme con­tre l’islamophobie, veu­lent créer un nou­veau délit. Un délit d’opinion (…) Celui d’être des com­plices ou « idiots utiles du ramadanisme ». Le reste de la défense ? L’article indique que Médi­a­part enquête sur l’affaire Ramadan et que c’est nor­mal puisque le média serait à l’avant-garde de la lutte con­tre le sex­isme, qu’il le fai­sait au moment de l’affaire DSK comme il l’a fait au sujet de Baupin, Baylet, Las­salle. Le sex­isme, c’est un phénomène inhérent au mâle blanc. C’est pourquoi Médi­a­part et Plenel ont des dif­fi­cultés à se posi­tion­ner devant l’écroulement du sim­u­lacre Ramadan, « sym­bole » de l’Islam reli­gion des opprimés et colonisés. En France. Pour Médi­a­part, la coloni­sa­tion est actuelle­ment tou­jours à l’œuvre en France.

Médiapart ? Victime de « la nouvelle Inquisition »

En une péri­ode où des tueurs mas­sacrent des Français de toutes les orig­ines dans les rues de Paris et de Navarre, évo­quer des référents chré­tiens en dit long sur la vision du monde qui est à l’œuvre dans l’arrière-boutique idéologique de Médi­a­part. Quand Ramadan serait, aux yeux de Plenel, com­pa­ra­ble à un curé pédophile sur Twit­ter et BFM, l’Inquisition frap­perait le média ! De fait, l’ensemble de la défense de Médi­a­part sem­ble avoir des relents d’obscurantisme. La sec­onde par­tie de l’article de François Bon­net prend la défense de Tariq Ramadan auquel ceux qui attaque­nt Plenel mèn­eraient « une guerre sans mer­ci » depuis 2003. Bien sûr, les accu­sa­tions con­tre l’islamiste Ramadan sont évo­quées, com­ment faire autrement ? Vite fait, bien fait. Ramadan serait vic­time d’une « cen­sure préal­able ». Qui sont les inquisi­teurs ? En gros, ceux qui ne sont pas d’accord avec Plenel et Ramadan, et qui en effet ne con­sid­èrent pas que la France est his­torique­ment musul­mane : Car­o­line Fourest, Renaud Dély, Pas­cal Bruck­n­er, Élis­a­beth Lévy, Alain Finkielkraut, Manuel Valls et Le Print­emps Répub­li­cain, con­sid­éré comme étant « un mou­ve­ment iden­ti­taire ». Pas d’amalgames, dit Médi­a­part d’habitude… Et l’article d’insister : en Tariq Ramadan, et Plenel en toile de fond, on veut faire taire « une voix qui dérange », avant de rap­pel­er une enquête en cinq par­ties, réal­isée par Médi­a­part en 2016. Une enquête qui aurait « démon­té la machine idéologique Ramadan ». La relire avec objec­tiv­ité et recul main­tenant mon­tre au con­traire qu’elle légitime avec com­plai­sance la voix de Ramadan, exacte­ment comme le fait la défense actuelle de Médi­a­part. Des défauts de marge sont évo­qués, mais c’est pour mieux présen­ter ce qu’il y aurait de posi­tif chez Ramadan, et pour mieux dén­i­gr­er les cri­tiques, ramenées automa­tique­ment à de « l’islamophobie ». Ce grand dan­ger, selon Médi­a­part, dont on ne voit cepen­dant tou­jours pas qu’elle tue sou­vent dans les rues de la République.

Pour­tant, Médi­a­part ne paraît pas se tromper seule­ment au sujet des prin­ci­paux dan­gers qui men­a­cent les pop­u­la­tions vivant sur le ter­ri­toire français. Le jour­nal se trompe aus­si au sujet de Tariq Ramadan : car ce n’est pas sa voix que nom­bre de jeunes femmes, sem­ble-t-il, aimeraient voir cen­surée mais sa verge. Une ques­tion sim­ple : quels courants d’idées ont don­né une caisse de réso­nance extra­or­di­naire durant des années à un islamiste rig­oriste con­ser­va­teur salarié par le Qatar et main­tenant sus­cep­ti­ble d’apparaitre sur #Bal­ance­Ton­Porc ? Qui l’a aidé à obtenir ain­si l’ascendant dont usent nom­bre de pré­ten­dus gourous pour abuser de femmes ? Edwy Plenel a sans doute rai­son d’évoquer « une gauche égarée, une gauche qui ne sait plus où elle est ». Il sem­ble cepen­dant ignor­er que cette gauche, c’est la sienne. Quand elle devient force de col­lab­o­ra­tion avec les idées total­i­taires de l’islamisme radical.

Voir aussi

Vidéos à la une

Derniers portraits ajoutés