Après 16 années passées à la tête de Mediapart, Edwy Plenel lègue sa place à Carine Fouteau. Quoi de plus logique qu’un mâle blanc de plus de 50 ans laisse sa place à une femme…
Caroline Fouteau profil classique de la profession
Après avoir étudié brièvement le profil de Carine Fouteau, on est peu surpris de sa nomination à la direction de Mediapart. Son parcours et ses opinions sont une synthèse du parcours d’un journaliste lambda.
D’abord passée par Les Échos où elle fait ses débuts en 1999, elle rejoint Mediapart en 2008. Dans une brève vidéo visible sur Dailymotion, Fouteau justifie sa décision de rejoindre le journal d’Edwy Plenel par l’indépendance qui y règne et en est le maître mot. Logique, quand on sait qu’elle quitte Les Échos après que le journal soit tombé dans le giron de Bernard Arnault.
Selon elle, Mediapart est « un laboratoire du journalisme ». Elle décide de se spécialiser sur les questions d’immigration avec la ferme intention de « dépassionner le débat ». Quiconque connaît la rhétorique médiatique sait que « dépassionner » est un autre terme pour désigner la pirouette mentale permettant de dire que oui, l’immigration est une chance pour la France.
Vacarme pour les sans papiers
Ce positionnement est antérieur à son arrivée chez Mediapart. Parallèlement à son travail aux Échos, Carine Fouteau écrit pour la revue Vacarme, créée en 1997, qui n’est plus publiée aujourd’hui mais dont les archives sont consultables en ligne. Dans sa présentation, Vacarme se présente comme un outil de réflexion « à la croisée de l’engagement politique, de la création artistique et de la recherche ». Pour nos lecteurs qui se questionnent sur l’engagement politique dont il est question, nous précisons que dans les axes de la revue est mentionnée « la défense des sans-papiers ». Aussi, la spécialisation de Fouteau chez Mediapart est dans la droite ligne de son travail pour Vacarme.
Attali et les hôtels de passage
Depuis 2008 où elle a rejoint Mediapart, Carine Fouteau a fait du chemin. En 2018 elle devient rédactrice en chef, puis en 2024 elle est nommée en remplacement d’Edwy Plenel. Elle fut également, à certaines occasions, la porte-parole du média, notamment le 20 décembre 2023 lorsqu’au nom du journal, elle se prononce contre la loi immigration qu’elle désigne comme une « infamie pour les étrangers qui vivent en France ». Quelques années auparavant elle avait dénoncé les reliquats du colonialisme français en Nouvelle-Calédonie.
Une femme de gauche, favorable à l’immigration et qui, pour peaufiner le tableau, représente les élites nomades. D’une jeunesse passée en Iran et en Norvège à son master en journalisme obtenu à New York, Carine Fouteau pourrait tout à fait rejoindre Jacques Attali, considérant les pays comme des hôtels de passage
La nomination de Carine Fouteau n’est que la dernière étape d’un processus entamé en 2015 qui visait à renouveler les têtes dirigeantes de Mediapart. Dans le papier relatant cette nomination, l’équipe de Mediapart assure que le choix de nommer une femme n’est pas volontaire. Cependant, lorsqu’il s’agit de souligner que désormais ce sont quatre femmes qui tiennent les rênes du journal, les rédacteurs notent que « ce n’est pas un hasard. La révolution MeToo nous a transformé ».
Voir aussi : Médiapart, infographie