Le grand acteur français avait, en 1983, quitté l’hexagone pour s’établir en Suisse. Outre les raisons économiques, Delon espérait trouver au-delà des Alpes un refuge au venin craché par la presse française, lui reprochant tantôt d’avoir de l’argent, tantôt d’être de droite.
Ce dernier vient tout juste de faire l’amère expérience que, même en Suisse, la presse de caniveau reste une presse de caniveau. Dans une lettre envoyée au rédacteur en chef de L’Illustré, un magazine traitant de l’actualité générale et people, Alain Delon dénonce un « réquisitoire soviétique (…) dont le support journalistique se voudrait être les confidences recueillies auprès de mon fils Alain-Fabien ». Après s’être indigné de ne pas avoir été consulté avant la parution des propos de son fils, l’acteur poursuit : « Je tenais jusqu’ici L’illustré en estime, que je me représentais en décoction de Paris Match plutôt qu’en photocopie d’Ici Paris. »
Visiblement déçu de subir, en Suisse, un traitement déjà vécu en France, il lance : « Sans amertume ni acrimonie, je vous dis ici ma déception et mon dégoût qui me donnent à penser que lorsque je pris en 1983 la décision de m’établir dans votre pays pour concourir dans ma modeste mesure à ses activités économiques et culturelles, je pensais changer d’horizon et de niveau de pensée alors que je ne faisais que sortir de la fange pour plonger dans la fosse septique. »
Crédit photo : Ivan Bessedin via Wikimedia (cc)