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Médias américains à l’étranger : Al-Hurra fait de la résistance

6 avril 2025

Temps de lecture : 4 minutes
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Médias américains à l’étranger : Al-Hurra fait de la résistance

Temps de lecture : 4 minutes

Deux semaines après l’annonce de la sus­pen­sion des médias publics améri­cains dif­fusés à l’étranger, dont prin­ci­pale­ment VOA (Voice of Amer­i­ca), des­tiné au con­ti­nent africain, Radio Free Asia, Radio Free Europe et le groupe MBN (Mid­dle East Broad­cast­ing Net­work, qui dif­fuse notam­ment la chaîne d’expression arabe Al-Hur­ra), des résis­tances com­men­cent à se for­mer autour de ce dernier îlot qui con­tin­ue à porter une cer­taine voix de l’Amérique dont le prési­dent Don­ald Trump ne veut plus.

Financement limité

Pour rap­pel, le prési­dent améri­cain a signé le 14 mars dernier un décret exé­cu­tif réduisant, sup­p­ri­mant ou lim­i­tant le finance­ment de sept agences gou­verne­men­tales, dont l’USAGM (Agence des États-Unis pour les médias mon­di­aux), qui super­vise plusieurs médias internationaux.

Propagande américaine

Depuis le 17 mars, un hash­tag alar­mant “#إغلاق_قناة_الحرة” (#Chaîne_Alhurra_Fermeture) a été lancé par des détracteurs de cette chaîne, nom­breux dans les milieux sou­verain­istes arabes, et heureux d’annoncer la fin d’un média (avec quelques plate­formes qui y sont affil­iées, dont notam­ment Maghreb Voic­es) qual­i­fiés d’instrument de pro­pa­gande et de dom­i­na­tion américaines.

Les employés d’Al-Hurra auraient-ils reçu un préavis de 30 jours ?

Après la déci­sion annon­cée par le Con­grès améri­cain de fer­mer la chaîne Al-Hur­ra, des sources évo­quent un préavis de 30 jours sig­nifié aux employés, tan­dis que d’autres font état d’une fer­me­ture immi­nente. Pen­dant ce temps, la chaîne con­tin­ue à dif­fuser le plus nor­male­ment du monde (ou parais­sant comme telle), et son site à pub­li­er des comptes-ren­dus quo­ti­di­ens de l’actualité régionale et inter­na­tionale, tout en se payant le luxe d’héberger les pro­duc­tions d’un autre site du même groupe, Aswat Magharibiya, qui, lui, a été con­traint très tôt de fer­mer boutique.

La direction de MBN porte l’affaire au tribunal

The Nation­al pré­cise que le groupe MBN aurait infor­mé son per­son­nel de la récep­tion d’une let­tre de Kari Lake de l’USAGM con­cer­nant la résil­i­a­tion de l’ac­cord de sub­ven­tion. Lors de l’émis­sion « Inside Wash­ing­ton » sur Al-Hur­ra, le 23 mars 2025, le PDG du MBN, Jef­frey Ged­min, accom­pa­g­né de l’ambassadeur Ryan Crock­er, ne dés­espéraient pas de voir les autorités revoir leur déci­sion, en rap­pelant « le rôle cru­cial » d’Al-Hur­ra en tant que «tri­bune indépen­dante» et «voix objec­tive dans une région sujette à la dés­in­for­ma­tion». Deux ques­tions ont été soulevées dans le débat. D’abord :

« Qui décide des dépens­es dans notre sys­tème con­sti­tu­tion­nel : le Con­grès ou la présidence ? »

La sec­onde :

« Au moment où les enne­mis des États-Unis dépensent des mil­lions de dol­lars pour la pro­pa­gande, est-ce le moment oppor­tun pour notre gou­verne­ment d’abandonner la bataille des idées ? » 

La direc­tion a annon­cé son inten­tion de con­tester la déci­sion de fer­me­ture devant les tribunaux.

La suppression de l’USAID touche le public maghrébin

Par­mi les médias sac­ri­fiés sur l’autel de la poli­tique pro­tec­tion­niste améri­caine, Aswat Magharibiya, dédié à la région du Maghreb. Sa fer­me­ture divise néan­moins les inter­nautes, entre ceux qui regret­tent un média qui rend compte «en toute lib­erté et loin de la cen­sure» qui pré­vaut dans les pays de la région, et ceux qui, nom­breux notam­ment en Algérie, lui reprochent de faire la part belle au Maroc, au détri­ment des autres pays.

Lancée en mai 2017 par le groupe MBN, cette plate­forme ambi­tion­nait de créer un espace où les dis­cus­sions peu­vent se tenir libre­ment, sans cen­sure, sur des enjeux régionaux cru­ci­aux. Elle a réus­si à tiss­er un large réseau de cor­re­spon­dants cou­vrant les cinq pays de la sous-région, et s’est vite imposée sur la scène médi­a­tique devant des plate­formes riche­ment dotées, telles que Ultrasawt, créés par un groupe qatari, dans le cadre des guer­res d’influence que se livrent les monar­chies du Golfe dans la région du Maghreb.

Le site a cessé ses pub­li­ca­tions en ligne. Mais, son adresse (maghrebvoices.com) est, à ce jour, redirigée vers le site d’Al-Hur­ra, avec le main­tien de son pro­pre logo. Signe aus­si d’une résis­tance tenace, le média reste présent et act­if sur les réseaux soci­aux tels que Face­book, Tik­Tok et YouTube.

Mus­sa A.

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