La lecture du Monde diplomatique – on a bien sûr le droit de ne pas être en accord avec tous les articles – est toujours roborative. Nous résumons en publiant certains extraits, un excellent papier de Serge Halimi et Pierre Rimbert, paru dans le mensuel de juin 2021.
Médias culpa
« Quand une guerre s’enlise, ceux qui veulent la prolonger ont plusieurs manières de procéder. Ils prétendent que le dernier quart d’heure a sonné, que céder devant l’ennemi reviendrait à poignarder dans le dos des soldats qui se sont sacrifiés pendant des années. Ils prédisent que tout recul sur un front précipitera une débandade générale, la « chute des dominos ». Trahison de l’armée par les civils, aveuglement face à l’apocalypse, intelligence avec l’ennemi… Mais, depuis quelques années, une autre technique gagne du terrain aux États-Unis : à coup de fake news fabriquées conjointement par les services de sécurité et la presse libérale on prétend que l’Amérique, blanche colombe démocratique aux ailes d’ange, serait la cible d’un complot ourdi par les Russes à l’extérieur et par les « extrêmes » à l’intérieur. » (verbatim de l’introduction).
L’exemple afghan
Trump annonce qu’il retirera les troupes américaines de l’Afghanistan, où ils sont présents en vain depuis 20 ans. Que titre le New York Times le 20 juin 2020 ? « La Russie a offert secrètement des primes aux militants afghans pour qu’ils tuent des soldats américains, affirment les services américains ». Le lendemain le Washington Post de Jeff Bezos et le Wall Street Journal néo-conservateur reprennent l’information, sans aucune preuve à l’appui.
La thèse ? Trump est complice, car la Maison Blanche est restée inerte devant les ingérences russes, ceci en pleine campagne électorale. Les médias de grand chemin américains du type de la chaine de télévision MSNBC, surenchérissent dans l’indignation, pour le profit de Sleeping Joe Biden. Plus tard le NYT avoue que « bien des éléments manquent dans les informations selon lesquelles la Russie a payé pour que des attaques visent les forces américaines et celles de la coalition en Afghanistan », mais le coup est parti. Presque un an plus tard, le NYT reconnaît l’inexistence de preuves, alors que Sleeping Joe Biden s’était enflammé « Toute la présidence de Donald Trump a constitué un cadeau pour Poutine, mais là ça dépasse les bornes. C’est une trahison de notre devoir national le plus sacré : protéger nos troupes lorsqu’en les envoie affronter le danger ». Sleeping Joe finira élu.
L’exemple du mort du policier au Capitole
Autre exemple détaillé dans l’article, la mort du policier Brian Sicknick lors de l’invasion du Capitole par des partisans de Trump pour protester contre de possibles fraudes électorales. Sa mort est présentée par le NYT comme un meurtre commis par des « émeutiers pro-Trump », qui « l’ont frappé à la tête avec des extincteurs » , détails repris par l’agence Associated Press, CNN, le Guardian, le Wall Street Journal, l’information fera le tour du monde. Elle est fausse, Brian Sicknick est décédé de mort naturelle. Où avez-vous vu un démenti ?