Selon les papetiers britanniques, les lecteurs préfèrent le papier au numérique pour les sujets complexes.
Une étude britannique sortie fin juin dernier permet d’affirmer que le papier a encore sa chance. Mais essentiellement pour les sujets « compliqués » – par exemple les enquêtes au long cours ou les articles dont la densité informative est très importante. Cependant cette étude plaide pour ceux qui l’ont commanditée…
L’enquête menée par l’association professionnelle Two Sides et confiée au bureau d’études Toluna a été menée sur 500 consommateurs du Royaume-Uni – un panel qui peut paraître un peu court quand on sait que le pays compte plus de 64 millions d’habitants et que les médias anglais ont par ailleurs accès à l’ensemble des locuteurs anglophones – dont les seuls natifs sont plus de 360 millions. Cependant, d’après ce panel, il apparaît que « 83 % préfèrent lire sur papier pour les sujets les plus complexes », et 84 % estiment qu’ils mémorisent et réutilisent mieux des informations lorsqu’elles sont sur support papier plutôt que web.
Selon Martyn Eustace, directeur de Two Sides, « cela indique qu’il y a encore une façon plus fondamentale et humaine dans laquelle nous réagissons à la physicalité de l’impression sur papier ». Cependant, l’on pourra nuancer ce constat ; Martyn Eustace en particulier a passé l’essentiel de sa carrière dans des groupes papetiers, et, comme l’explique son CV, Two Sides « raconte l’histoire selon laquelle l’imprimé et le papier sont parmi les matériaux les plus naturels que l’on utilise. L’imprimé a une efficacité fantastique, tant pour les études et l’éducation que comme publicité ». Il est d’ailleurs régulièrement interrogé dans les médias spécialisés où il défend la cause du papier et sa nature écologique, bien que les impacts de cette industrie sont connus et font toujours des ravages, notamment dans les pays en voie de développement.
Du reste, il n’existe pas vraiment d’opinion tranchée sur l’efficacité supérieure du papier sur le web ou inversement. Internet Actu interrogeait en 2009 plusieurs spécialistes du sujet – psychologues, rédacteurs de site web spécialisés, scientifiques etc. Il en ressortait que c’était essentiellement le calme qui était profitable à l’acception des informations, qu’elles soient sur un support web ou papier. Des chercheurs californiens avaient également constaté que la lecture sur le web stimulait plus le cerveau du lecteur que la lecture papier.
Un constat semble en revanche faire consensus : la lecture sur le web, basée sur le repérage de mots-clés, est plus sélective. Une étude réalisée en France sur un échantillon de 1165 individus âgés de 18 à 65 ans pour le syndicat de la presse sociale confirme que le web est préféré par les lecteurs pour partager une information avec son entourage, connaître rapidement l’essentiel du sujet ou la réponse à une question précise. Des résultats qui recoupent en partie ceux de l’étude commanditée par les papetiers britanniques.
Crédit photo : Goodluz via Shutterstock (DR)