C’est bien connu : les médias officiels seraient « neutres » et ne diffuseraient « jamais » d’infox, étant au contraire en première ligne afin d’assurer l’existence d’une presse éthique et déontologique. On ne rigole pas. En réalité, tout est dans le ton. La preuve par l’exemple.
L’OJIM a décidé d’inviter ses lecteurs à une sorte de jeu d’été.
Lisons mot à mot une dépêche de l’AFP répercutée telle qu’elle par le fil d’actualité en ligne (« le live ») de Franceinfo le lundi 5 août à 23h40 :
« Des sanctions plus dures pour les navires humanitaires. Le gouvernement italien a adopté un décret visant les navires qui portent secours aux migrants en Méditerranée. Il fixe désormais à 1 million d’euros l’amende maximale dont sont passibles ces bateaux entrant dans les eaux italiennes sans autorisation, contre 50 000 euros auparavant. Une victoire pour Matteo Salvini et la Ligue, son parti d’extrême droite ».
La dépêche est accompagnée d’une photographie du Sea Watch, le navire d’une ONG allemande qui opère en Méditerranée pour « recueillir des migrants ».
Voir aussi : L’AFP muscle ses infos sport et international. Et la neutralité ?
Ne perdons pas de vue que l’AFP est la source première, souvent unique, de nombre de médias qui se contentent d’en recopier les dépêches, sans recul.
Imaginons maintenant un autre regard, disons… un pays où un média quotidien indépendant et honnête existerait :
« Des sanctions plus
duresjustes pour les navireshumanitairesse prétendant humanitaires mais aidant les passeurs, esclavagistes des temps modernes. Le gouvernement italien a adopté un décret visant les naviresqui portent secours aux migrants en Méditerranéequi aident les passeurs à s’enrichir sur le dos et la vie des migrants en Méditerranée, au mépris des droits les plus élémentaires de tout être humain. Il fixe désormais à 1 million d’euros l’amende maximale dont sont passibles ces bateauxentrant dans les eaux italiennes sans autorisationdélinquants entrant illégalement dans les eaux italiennes, l’un des pays fondateurs de l’Europe, contre 50 000 euros auparavant. Une victoire pour Matteo Salvini et la Ligue,son parti d’extrême droiteson parti souverainiste eurosceptique élu démocratiquement ».
Évidemment, la notion « d’extrême droite » mise à toutes les sauces et jamais explicitée est devenue ubuesque, au point que l’on est en droit de s’interroger sur ce qui s’enseigne à Sciences Po Paris aujourd’hui.
Ce n’est cependant pas le plus important. La véritable question est : entre ces deux versions, dont la deuxième ne risque pas d’exister dans un média officiel français, laquelle comporte le plus d’infox ?