Médias Suisses : la concurrence s’accroît, le conformisme aussi

La Suisse, son franc solide, ses montagnes, son yodel, le gruyère qui n’a pas de trous, le chocolat (surfait), le fendant (bien agréable) et aussi sa presse et la lutte entre les grands groupes de presse, car étrangement on gagne de l’argent dans la presse en Helvétie, d’où quelques mouvements telluriques mais toujours dans la bien-pensance et le remplacisme de bon ton.

Ringier en première ligne

Ayant reven­du Le Point à François Pin­ault, le groupe Ringi­er est pra­tique­ment incon­nu en France, Le groupe, qui n’avait pas de présence numérique en 2012, tire en 2021 plus de 70% de ses revenus de ce secteur à tra­vers ses places de marché et sa présence inter­na­tionale (Pologne, Slo­vaquie, Ser­bie, Hon­grie, Roumanie). En Suisse Ringi­er c’est surtout le quo­ti­di­en ger­manophone à suc­cès Blick basé à Zurich. Le groupe a lancé en 2021 une ver­sion en français et en ligne de Blick avec un bureau situé à Lau­sanne. Début 2022, Marc Walser, prési­dent du groupe Ringi­er avait annon­cé sa ferme volon­té de suiv­re une ligne édi­to­ri­ale favor­able au gouvernement.

Mercato : chassé-croisé au Temps

Le Temps quo­ti­di­en fran­coph­o­ne (anci­en­nement à Lau­sanne et trans­féré à Genève) avait été racheté au groupe Ringi­er et à l’allemand Springer début 2021 par une fon­da­tion Aventi­nus financée entre autres par des héri­tiers des lab­o­ra­toires Roche, liés au par­ti libéral rad­i­cal (PLR), le par­ti suisse le plus mon­di­al­iste et le plus proche du grand patronat. Aventi­nus qui a les poches pro­fondes a racheté en 2021 le tout en ligne libéral lib­er­taire Heidi.news. Le quo­ti­di­en avait gag­né le titre envieux de l’article le plus stu­pide paru en 2018.

Aventi­nus avait trou­vé dans ses bagages le cor­re­spon­dant à Paris du Temps, Richard Wer­ly qui passe au Blick fran­coph­o­ne et retrou­ve le groupe Ringi­er. Il est rem­placé par Paul Ack­er­mann qui comme lui sera aimable­ment accueil­li (source Let­tre A) dans les locaux du Monde, illus­tra­tion de l’entre-soi journalistique.

Heidi et le Bondy Blog

Hei­di c’est le roman pub­lié en 1880 par Johan­na Spryri, l’émouvante his­toire d’une petite orphe­line suisse qui trou­ve le bon­heur dans sa mon­tagne des Grisons. Le livre a été traduit dans plus de 70 langues et a fait l’objet de plus de 15 films et d’innombrables adap­ta­tions en dessins ani­més. Hei­di en 2022 c’est surtout heidi.news et la petite fille aux tress­es blondes est dev­enue plus basanée et porte volon­tiers le voile, heidi.news est une sorte d’adaptation écol­o­giste suisse du Bondy Blog avec plus de gruyère et un peu moins de halal, mais allant dans le même sens.

heidi.news a été créé en 2019 par Serge Michel, le fon­da­teur en 2005 du Bondy Blog. Le Bondy Blog, média en ligne, alliance du grand cap­i­tal (Marc ladre­it de Lachar­rière, Yahoo), de la presse bien-pen­sante (le suisse L’Hebdo, Libéra­tion) et des ban­lieues de l’immigration. Le blog a créé une « école de jour­nal­isme pour la ban­lieue » au sein de l’ESJ Lille, illus­trant de manière involon­taire le grand rem­place­ment en cours. Serge Michel est devenu l’homme fort du Temps, par­faite illus­tra­tion des liens très rap­prochés entre le grand patronat et les jour­nal­istes du monde libéral lib­er­taire, les sec­onds ten­ant lieu de cache sexe socié­tal à des intérêts bien con­crets. Le nou­veau cor­re­spon­dant du Temps (voir supra) à Paris, Paul Ack­er­mann est lui aus­si un ancien du Bondy blog…

Voir aus­si : Pour Gilles Kepel, le Bondy Blog est dans la main des Frères musulmans