C’est un constat que partagent de nombreux journalistes : dans la nouvelle assemblée parlementaire, « on ne voit que lui ». Après le succès de sa campagne législative, le leader de la France Insoumise (LFI) entend continuer à maitriser sa communication pour se poser en principal opposant au gouvernement d’Édouard Philippe. Une communication en tous points formatée pour les médias… Et ça marche !
La campagne électorale 2017 de la France Insoumise
À l’occasion des élections législatives et présidentielle, Jean-Luc Mélenchon n’a pas seulement ripoliné son discours et son programme, au point d’effaroucher une partie de son électorat internationaliste. Il a surtout peaufiné sa communication :
- en y introduisant une touche de modernisme voire de science-fiction avec la technique de l’hologramme lors de meetings, un coup de com « très réussi » selon le Point en février,
- en menant une campagne axée sur le numérique, avec un site internet ergonomique et documenté, des échanges sur Twitter répercutant massivement les événements organisés par LFI,
- en communiquant abondamment et efficacement sur Youtube, ce qui lui a valu d’être récompensé d’un «bouton d’argent» par la célèbre plateforme d’hébergement vidéo,
- en organisant des événements télégéniques donnant une impression de masse et force, comme le meeting de rue le 9 avril à Marseille.
Le spectacle continue après l’élection de 17 députés LFI, qui sont en nombre suffisant pour former un groupe parlementaire et participer à l’épreuve surexposée médiatiquement des questions au gouvernement.
Un spectacle permanent offert aux médias
La création d’événements passe par la transgression — volontaire ou non — des codes, notamment lorsque les députés LFI refusent la cravate et le font savoir, alors que ces dernières années, la cravate rouge était un signe distinctif de J.L. Mélenchon.
Ou lorsque leur leader réclame des vacances pour les parlementaires.
Ou enfin quand les députés LFI brandissent des codes du travail en pleine assemblée.
Bien que la campagne électorale soit terminée, Mélenchon et son mouvement continuent d’organiser des manifestations largement médiatisées, comme celle ayant eu lieu Place de la République à Paris.
Jean-Luc Mélenchon utilise toujours sa rhétorique et son vocabulaire emphatiques pour certains, boursoufflés pour d’autres, aux innombrables références historiques.
À force de répéter qu’il est l’opposant numéro 1, les médias reprennent ses propos, indépendamment des positions des autres partis politiques qui ont recueilli plus de voix que le parti de M. Mélenchon tant aux législatives qu’à la présidentielle (Les Républicains, Front national).
Le sujet d’actualité du moment, la réforme du code du travail, est un vecteur puissant qui détourne l’attention d’aspects moins populaires de parlementaires de cette formation politique.
Comme par exemple le soutien d’une députée LFI à une pétition défendant la chanson « Nique le France » et sa participation à une réunion du mouvement racialiste « Les indigènes de la République » le 21 mai.
Sans parler du mouvement d’une députée aujourd’hui ralliée à la France Insoumise ayant appelé en son temps à se rendre à un meeting où intervenait Tariq Ramadan, dont les propos sont encore dans les mémoires, et son tweet ambigu sur les agressions de femmes à Cologne la nuit de la Saint Sylvestre 2015.
Alors, quand un journaliste d’Europe 1 affirme sur les ondes que les députés de la France insoumise « sont les seuls à se faire entendre », on se dit qu’il a surtout envie de n’écouter qu’eux. Le métier de journaliste étant basé sur la recherche et pas uniquement sur des déclarations formatées pour faire le buzz.
Nous laisserons la conclusion à Michel Onfray : Mélenchon, c’est « une belle machine rhétorique, (…) c’est une affaire de marketing. C’est un joueur de flute. Tout le monde a envie d’entendre ça ». « Mélenchon n’est pas insoumis du tout, c’est de la communication ».
The show must go on…
Crédit photo : Alain Bachelier via Flickr (cc)