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Meta abandonne le fact-checking pour une modération collective inspirée de X

19 mars 2025

Temps de lecture : 3 minutes
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Meta abandonne le fact-checking pour une modération collective inspirée de X

Temps de lecture : 3 minutes

Meta a lancé un sys­tème de notes de con­texte inspiré de X pour con­tr­er la dés­in­for­ma­tion, après avoir mis fin au fact-check­ing aux États-Unis. Une tran­si­tion qui sus­cite l’inquiétude dans les médias de grands chemins.

Virage stratégique sur le même modèle que Musk

Meta, la mai­son mère de Face­book, Insta­gram, What­sApp et Threads, a opéré un virage stratégique en matière de lutte con­tre la dés­in­for­ma­tion. Le 14 mars 2025, le groupe a intro­duit un sys­tème de mod­éra­tion col­lec­tive appuyé sur des « notes de con­texte », directe­ment calqué sur le mod­èle de X, mar­quant un aban­don pro­gres­sif du fact-check­ing tra­di­tion­nel. Cette déci­sion, qui fait suite à la sup­pres­sion de ce dernier aux États-Unis en jan­vi­er, reflète une volon­té de s’aligner sur une approche perçue comme moins biaisée, mais elle inquiète une par­tie du monde médi­a­tique déjà soucieux du virage poli­tique entamé par le patron de Meta Mark Zucker­berg.

Une rupture avec le fact-checking jugé « trop orienté »

L’annonce inter­vient dans un con­texte par­ti­c­uli­er. Après l’élection de Don­ald Trump, Mark Zucker­berg, PDG de Meta, a cri­tiqué les pro­grammes de fact-check­ing, les qual­i­fi­ant de « trop ori­en­tés poli­tique­ment ». « Nous voulons que les notes de con­texte soient moins biaisées et plus scal­ables » (en somme, qui puisse s’adapter, se dévelop­per plus facile­ment) a déclaré le groupe dans un com­mu­niqué. Cette prise de posi­tion singe celle prise par Elon Musk qui avait ini­tié cette forme de mod­éra­tion de type plus com­mu­nau­taire sur son réseau social X.

Voir aus­si : Qui sont les « Décodeurs » ? Entre GAFAM, argent et influ­ence. Pre­mière partie

Notes de contexte

Con­crète­ment, les notes de con­texte per­me­t­tent à des util­isa­teurs référencés de pro­pos­er des pré­ci­sions ou des sources pour con­tex­tu­alis­er une pub­li­ca­tion jugée trompeuse. Si ces notes sont validées par un nom­bre suff­isant de con­tribu­teurs aux opin­ions var­iées, elles devi­en­nent vis­i­bles. Meta s’appuie ini­tiale­ment sur l’algorithme open source de X pour orchestr­er ce proces­sus, qui, à terme, exclu­ra toute inter­ven­tion humaine au prof­it d’une régu­la­tion par les util­isa­teurs et l’intelligence artificielle.

Dans un pre­mier temps, ces notes ne seront pas publiques. Elles seront éval­uées par les équipes de Meta avant un déploiement pro­gres­sif auprès de 200 000 util­isa­teurs inscrits sur une liste d’attente. Con­traire­ment au fact-check­ing, ce sys­tème n’affectera pas la vis­i­bil­ité des pub­li­ca­tions incrim­inées, une dif­férence notable qui pour­rait lim­iter son effet dissuasif.

Un déploiement mondial encore incertain

Meta ambi­tionne d’étendre ce mécan­isme à l’échelle mon­di­ale, mais cette tran­si­tion soulève des inter­ro­ga­tions. Si le fact-check­ing reste en place hors des États-Unis pour l’instant, le groupe envis­age sa sup­pres­sion totale. Plusieurs pays et régions, notam­ment en Europe, pour­raient s’y oppos­er. Les lég­is­la­tions locales, sou­vent strictes en matière de dés­in­for­ma­tion, risquent de juger les notes de con­texte insuff­isantes pour con­tr­er les fake news de manière effi­cace.

Fin des arbitres de la vérité ?

Casey New­ton, jour­nal­iste spé­cial­isé dans la tech, dénonce, dans des pro­pos repris par le média Brut, une ambiguïté : « Meta dit ne pas vouloir être un arbi­tre de la vérité, mais il a financé ces arbi­tres pen­dant des années. Qui pren­dra le relais ? ».

En calquant son mode de mod­éra­tion sur celui de X, Meta entend se décharg­er d’une respon­s­abil­ité édi­to­ri­ale lourde tout en répon­dant aux cri­tiques sur sa par­tial­ité. Le « la » en matière de mod­éra­tion sem­ble désor­mais être don­né par Elon Musk. C’est donc aux util­isa­teurs qu’incombe la respon­s­abil­ité de ces véri­fi­ca­tions. A voir désor­mais com­ment se fera l’équilibre entre lib­erté d’expression et fia­bil­ité de l’information.

Voir aus­si : Meta/Zuckeberg, demi-tour droite !

Rodolphe Cha­la­mel

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