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Meta contre RT, pas de dégel dans la guerre froide médiatique

28 octobre 2024

Temps de lecture : 4 minutes
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Meta contre RT, pas de dégel dans la guerre froide médiatique

Temps de lecture : 4 minutes

Le groupe étasunien Meta a annoncé lundi 16 septembre 2024 interdire les médias russes de ses plateformes pour éviter des « activités d’ingérence étrangère ». Le groupe de média russe a de son côté répondu par le sarcasme à cette nouvelle censure.

Face­book, Insta­gram et What­sApp, les trois appli­ca­tions géantes de l’entreprise Meta blo­quent désor­mais l’accès aux médias d’État russ­es, au pre­mier rang desquels Rus­sia Today (RT), véri­ta­ble vais­seau ami­ral de la presse russe lancé en 2005 et dis­posant d’antennes dans de nom­breux pays. Le groupe améri­cain se plie ain­si à une injonc­tion indi­recte de l’administration démoc­rate quand Moscou en prof­ite pour dén­i­gr­er cette déci­sion. 

Meta, le bon soldat des Démocrates américains

L’interdiction a été annon­cée seule­ment trois jours après que le secré­taire d’Etat améri­cain, Antony Blinken, a évo­qué des « activ­ités de désta­bil­i­sa­tion » du média russe RT, qu’il qual­i­fie, un brin taquin de « branche » du ren­seigne­ment russe dans le monde.

L’interdiction con­cerne donc RT mais Rossia Segod­nia et d’autres entités appar­en­tées. Élé­ment impor­tant, ce ban­nisse­ment de la presse russe vaut pour les appli­ca­tions Meta dans le monde entier donc pas seule­ment sur le sol améri­cain. De quoi illus­tr­er le rôle cen­tral des géants du numérique par­mi les out­ils d’influence américains.

Au début du mois de sep­tem­bre, les autorités améri­caines avaient dévoilé des mesures visant notam­ment RT, par­mi lesquelles des pour­suites pénales et des sanc­tions dans un con­texte d’élections aux États-Unis alors que Moscou est ciblé par Wash­ing­ton pour des actes d’ingérence sup­posée. Si le Krem­lin ne s’est pas pronon­cé en faveur de l’un des deux can­di­dats à la Mai­son Blanche et affirme offi­cielle­ment que les deux ne chang­eront pas la donne en Ukraine, les traits d’humour de Vladimir Pou­tine sur la can­di­date Kamala Har­ris et les vel­léités affichées de Don­ald Trump d’en finir avec le con­flit sem­blent tout de même laiss­er penser qu’une vic­toire du sul­fureux ex-prési­dent Répub­li­cain ferait les affaires de Moscou.

« Inacceptable », « objet de fantasme », l’empire russe contre attaque

« De telles actions con­tre les médias russ­es sont inac­cept­a­bles », a fustigé mar­di le porte-parole de la prési­dence russe, Dmitri Peskov, lors de son brief­ing quo­ti­di­en au lende­main de l’annonce de Meta. Dmitri Peskov estime que Meta « se discrédit[erait] » en prenant cette décision.

Dans un mes­sage sur Telegram, la porte-parole du min­istère des affaires étrangères russe, Maria Zakharo­va, avait, elle, iro­nisé dès l’annonce de Blinken affir­mant : « Je pense qu’il devrait y avoir une nou­velle pro­fes­sion aux États-Unis : spé­cial­iste des sanc­tions con­tre la Russie. »

Sur le site RT en français, acces­si­ble à par­tir d’un VPN, un arti­cle revient sur cette inter­dic­tion et retran­scrit un mes­sage Telegram du média nar­guant ses détracteurs : « ne vous inquiétez pas : là où ils fer­ment la porte, puis la fenêtre, nos “par­ti­sans” […] trou­veront une brèche pour se fau­fil­er. Vous admet­tez vous-même que nous sommes bons dans ce domaine ». L’article du média pub­lic russe raille les pro­pos du secré­taire d’État Blinken qui avait évo­qué en con­férence de presse une « unité » qui aurait été inté­grée par le Krem­lin pour met­tre en œuvre un « pro­jets » de mise en place d’« un vaste pro­gramme de finance­ment par­tic­i­patif […] qui a pour but de fournir un sou­tien et des équipements mil­i­taires […] aux unités mil­i­taires russ­es en Ukraine ». Le média russe estime être l’objet de « fan­tasmes à Wash­ing­ton depuis près d’une décen­nie » et dénonce de son côté une « vaste cam­pagne du gou­verne­ment améri­cain visant à lim­iter l’in­flu­ence mon­di­ale de RT ».

Face­book et Insta­gram, plates-formes très util­isées par les opposants au Krem­lin, avaient été inter­dits en Russie en mars 2022, soit peu après l’invasion de l’Ukraine, et leur mai­son mère Meta a été classée organ­i­sa­tion « extrémiste » par Moscou. Depuis son lance­ment en 2005, RT est sou­vent con­sid­éré en Occi­dent comme un organe de pro­pa­gande russe. Le média dif­fuse en plusieurs langues partout dans le monde et notam­ment en français, en anglais, en espag­nol, en alle­mand ou encore en arabe. Tout comme TV5Monde

Voir aus­si : Meta, une cen­sure de gauche libérale lib­er­taire insti­tu­tion­nal­isée. Troisième partie

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