Le groupe étasunien Meta a annoncé lundi 16 septembre 2024 interdire les médias russes de ses plateformes pour éviter des « activités d’ingérence étrangère ». Le groupe de média russe a de son côté répondu par le sarcasme à cette nouvelle censure.
Facebook, Instagram et WhatsApp, les trois applications géantes de l’entreprise Meta bloquent désormais l’accès aux médias d’État russes, au premier rang desquels Russia Today (RT), véritable vaisseau amiral de la presse russe lancé en 2005 et disposant d’antennes dans de nombreux pays. Le groupe américain se plie ainsi à une injonction indirecte de l’administration démocrate quand Moscou en profite pour dénigrer cette décision.
Meta, le bon soldat des Démocrates américains
L’interdiction a été annoncée seulement trois jours après que le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, a évoqué des « activités de déstabilisation » du média russe RT, qu’il qualifie, un brin taquin de « branche » du renseignement russe dans le monde.
L’interdiction concerne donc RT mais Rossia Segodnia et d’autres entités apparentées. Élément important, ce bannissement de la presse russe vaut pour les applications Meta dans le monde entier donc pas seulement sur le sol américain. De quoi illustrer le rôle central des géants du numérique parmi les outils d’influence américains.
Au début du mois de septembre, les autorités américaines avaient dévoilé des mesures visant notamment RT, parmi lesquelles des poursuites pénales et des sanctions dans un contexte d’élections aux États-Unis alors que Moscou est ciblé par Washington pour des actes d’ingérence supposée. Si le Kremlin ne s’est pas prononcé en faveur de l’un des deux candidats à la Maison Blanche et affirme officiellement que les deux ne changeront pas la donne en Ukraine, les traits d’humour de Vladimir Poutine sur la candidate Kamala Harris et les velléités affichées de Donald Trump d’en finir avec le conflit semblent tout de même laisser penser qu’une victoire du sulfureux ex-président Républicain ferait les affaires de Moscou.
« Inacceptable », « objet de fantasme », l’empire russe contre attaque
« De telles actions contre les médias russes sont inacceptables », a fustigé mardi le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, lors de son briefing quotidien au lendemain de l’annonce de Meta. Dmitri Peskov estime que Meta « se discrédit[erait] » en prenant cette décision.
Dans un message sur Telegram, la porte-parole du ministère des affaires étrangères russe, Maria Zakharova, avait, elle, ironisé dès l’annonce de Blinken affirmant : « Je pense qu’il devrait y avoir une nouvelle profession aux États-Unis : spécialiste des sanctions contre la Russie. »
Sur le site RT en français, accessible à partir d’un VPN, un article revient sur cette interdiction et retranscrit un message Telegram du média narguant ses détracteurs : « ne vous inquiétez pas : là où ils ferment la porte, puis la fenêtre, nos “partisans” […] trouveront une brèche pour se faufiler. Vous admettez vous-même que nous sommes bons dans ce domaine ». L’article du média public russe raille les propos du secrétaire d’État Blinken qui avait évoqué en conférence de presse une « unité » qui aurait été intégrée par le Kremlin pour mettre en œuvre un « projets » de mise en place d’« un vaste programme de financement participatif […] qui a pour but de fournir un soutien et des équipements militaires […] aux unités militaires russes en Ukraine ». Le média russe estime être l’objet de « fantasmes à Washington depuis près d’une décennie » et dénonce de son côté une « vaste campagne du gouvernement américain visant à limiter l’influence mondiale de RT ».
Facebook et Instagram, plates-formes très utilisées par les opposants au Kremlin, avaient été interdits en Russie en mars 2022, soit peu après l’invasion de l’Ukraine, et leur maison mère Meta a été classée organisation « extrémiste » par Moscou. Depuis son lancement en 2005, RT est souvent considéré en Occident comme un organe de propagande russe. Le média diffuse en plusieurs langues partout dans le monde et notamment en français, en anglais, en espagnol, en allemand ou encore en arabe. Tout comme TV5Monde …
Voir aussi : Meta, une censure de gauche libérale libertaire institutionnalisée. Troisième partie