Il est des jours où l’on préférerait avoir tort. Le 16 avril 2024, Philippe Coopman mourait dans une agression sauvage, tué par deux mineurs. Le 27 avril, c’était le tour de Matisse, 15 ans, tué par un Afghan de 15 ans à Châteauroux. Et cette fois encore, certains médias se sont dépêchés de salir sa mémoire pour éviter que les Français ne remettent en cause l’accueil quasi-inconditionnel de l’immigration.
Première diffusion le 6 mai 2024
L’OJIM prend ses quartiers d’été : du dimanche 28 juillet au dimanche 25 août nous republions les articles les plus significatifs du premier semestre.
De Crépol à Châteauroux, Thomas et Matisse émeuvent les Français
Thomas et Matisse se ressemblent. 16 ans pour l’un, 15 pour l’autre. Cheveux châtains, sourire doux, ils ressemblent à ces fils, frères, neveux, camarades ou amis que chaque Français côtoie au quotidien. Leur meurtre nous touche donc, et une pensée nous vient : qui a fait cela ? Qui tue nos enfants avec une régularité telle que l’on ne s’en émeut plus guère, ou pas bien longtemps ? Pourquoi nous retrouvons-nous trop souvent dans des marches blanches où notre tristesse n’a d’égale que notre impuissance, et où notre rage ne peut avoir cours ?
Matisse a été poignardé par un Afghan de 15 ans parce qu’il avait ri d’un battle de rap manqué, le jeune Afghan avait déclenché une bagarre, puis l’avait perdue, et cette double humiliation l’avait convaincu d’aller chercher un couteau. Ajoutons qu’il était accompagné de sa mère, qui a reconnu avoir giflé Matisse alors qu’il était mourant. La scène est cauchemardesque, et elle l’est peut-être encore plus quand on voit où elle a eu lieu, ou plutôt qu’on ne le voit pas. Châteauroux, c’est dans l’Indre, dans le centre de la France. Une grande ville, certes, mais guère connue comme le sont Lyon, Bordeaux, Rennes, Strasbourg ou Paris, où d’une certaine façon on a admis que la taille des villes va de pair avec l’insécurité. Une conception en réalité inadmissible, mais autres temps, autres mœurs.
Voir aussi : Retour sur Crépol et les médias, Askolovitch et Schneidermann
Matisse raciste, la thèse du tueur vite reprise par certains médias, RMC en tête
Comme pour Philippe, la photo de Matisse a fait le tour des réseaux sociaux. Cette fois, aucun doute, le meurtrier est un Afghan, et l’on se pose des questions : pourquoi les Afghans peuvent-ils tuer nos enfants ? Les médias ont leur réponse : parce que nos enfants sont racistes. Matisse a traité son meurtrier de « fils d’Afghan » et de « fils de Ben Laden », l’incitant même à retourner dans son pays. Ces révélations sortent deux jours après le drame – qui a eu lieu le week-end, sur RMC. Titre : « Châteauroux : des insultes à l’origine du meurtre d’un adolescent de 15 ans ». Lisons l’article :
« Le garçon de 15 ans soupçonné d’avoir mortellement poignardé un adolescent du même âge ce samedi à Châteauroux aurait agi par vengeance, après avoir été insulté et frappé par la victime, en raison de ses origines afghanes. »
« Rixe à Châteaucoux », vraiment ?
Pourquoi poursuivre ? Matisse l’a bien cherché, le racisme est un délit, il a été puni. En France, on ne peut se défendre face à un cambrioleur, mais on peut tuer pour une insulte raciste. RMC donne tous les détails nécessaires : « Devant témoins, Matisse aurait asséné un coup de poing au visage de R. après l’avoir insulté. » Il faut attendre le milieu de l’article pour apprendre que ces faits sont « racontés par le suspect en garde à vue », et comme cette mention pourrait instiller le doute, on précise immédiatement qu’ils « ont été confirmés aux policiers par des témoins. » La blessure au visage a même été constatée par un médecin. Tout l’article est à l’avenant. « Incapable de calmer sa colère, l’adolescent est donc ressorti de chez lui samedi en fin d’après-midi, armé d’un couteau », comportement que chaque lecteur et auditeur et invité à trouver normal. Cette version est reprise par L’Indépendant, La Dépêche, etc. Elle sera diffusée ad libitum pendant toute une journée sur BFMTV. Le Figaro reprenant une dépêche de l’AFP titrera même « Rixe à Châteauroux ».
Face au démenti, la récupération devient la cible
Il y a des couleuvres que les Français ont encore un peu de mal à avaler, notamment quand on leur explique qu’après tout, un jeune de 15 ans qui meurt parce qu’il avait lancé des insultes l’avait bien cherché. D’autant que cela leur paraît un peu facile. Matisse ne peut plus se défendre, on ne sait qui sont les témoins, et le suspect a beau jeu d’inventer sa version de l’histoire. D’autant que pour un Français, « fils de p* » est une insulte courante, mais « fils d’Afghan » pas du tout. Enfin, les témoignages des amis de Matisse concordent : il parlait avec tout le monde, jouait au foot, sport plutôt mixte, et les insultes racistes collent peu avec son profil. Enfin, la procureure de la République chargée de l’enquête ne mentionne pas ces insultes. Quant aux coups, on sait depuis qu’ils ont été échangés dans une bagarre a priori provoquée par l’Afghan.
Pressions sur les parents
Bref, Matisse n’a pas insulté son agresseur, il est à nouveau innocent, on peut à nouveau s’indigner. Ni une, ni deux, les médias ressortent leur arme favorite, tellement utilisée qu’elle s’en émousse : la condamnation de la récupération. Dès le lendemain de « l’enquête » de RMC, on fait état de la demande du père de Matisse :
« Faites attention à tous les bords, de droite ou d’ailleurs, qui s’approprient ce genre de choses. On va faire les choses en mémoire de notre fils, qui était un vrai gentil, donc on va rester dans la gentillesse et puis ne pas partir dans la haine ni la violence. »
Précisons ici que pareil deuil est plus difficile que tout ce que l’on peut imaginer, mais également que les familles des victimes subissent des pressions, notamment de la part du préfet, des avocats et des journalistes, pour appeler à la non-récupération politique. Pressions que n’a d’ailleurs pas subies la mère de Nahel, mais c’est un autre sujet.
Le 4 mai a lieu la marche blanche pour Matisse, avec un mot d’ordre : « un hommage mais pas de récupération politique. » De toutes manières, les marches blanches ne sont pas le lieu pour cela. Il n’en reste pas moins que des questions se posent sur la façon dont certains médias salissent quasi-systématiquement les Français victimes du sentiment d’insécurité, alors qu’ils trouvent toutes les excuses aux responsables de ce même sentiment. Nos lecteurs doivent avoir leur petite idée…