Les parents d’Elias, décédé le 25 janvier 2025 à la suite d’une violente agression à Paris, sont sortis du silence jeudi 13 février dans un courrier transmis à la presse par leurs avocats.
Dans cette lettre bouleversante, les parents de l’adolescent poignardé à la sortie d’un entraînement de football ont entendu rétablir certaines vérités cachées et distordues par la presse.
Mauvaise rencontre le 24 janvier
C’était le 24 janvier dernier. Ce jour-là, alors qu’ils rentrent du stade Jules-Noël (dans le 14e arrondissement de Paris) où ils viennent d’effectuer « comme chaque vendredi » leur entraînement de football, Elias, 14 ans, et son meilleur ami, Simon, croisent sur le chemin du retour deux adolescents du quartier (surnommés « Joe » et « Lucien » par la presse), habitués aux rackets et aux petits délits.
Cette rencontre fortuite sera fatale à Elias : l’adolescent est tué quelques instants plus tard par un des deux mineurs — les deux sont déjà connus des services de police — sous les yeux de son ami. À l’époque, dans les récits que livre la presse de ce drame, on affirme qu’Elias est décédé d’un coup de couteau asséné dans sa clavicule droite par « Joe », une partie de la presse ajoutant même qu’Elias aurait refusé de donner son portable.
Un coup de « machette » et non de « couteau »
Il aura fallu attendre près de trois semaines, à la faveur d’un courrier écrit par les parents du jeune adolescent décédé, pour faire la pleine lumière sur ce drame. Dans une lettre transmise par leurs avocats jeudi 13 février à la suite des auditions des inculpés, les parents d’Elias ont en effet entendu dénoncer l’impunité dont jouissent les deux mineurs et rétablir certaines vérités déformées par les médias.
« Elias a été agressé avec une violence inouïe par deux mineurs décomplexés qui déambulaient en toute liberté ensemble, l’un armée d’une machette, l’autre d’une hachette […] Il a reçu un profond coup de machette et non un “simple coup de couteau” comme il a pu être écrit », apprend-on ainsi dans les premières lignes du courrier. Et d’ajouter ensuite : « la plaie a été d’une telle profondeur qu’elle reflète le comportement de toute-puissance de ces deux mineurs ».
Voir aussi : Le service public et les interdits ambiants
Silence sur certains points de l’AFP
Dans la foulée du courrier des parents, nombreux sont les médias à enfin révéler qu’Elias a bien reçu un coup de « machette zombie », dont la lame fait plus de 40 cm. Mais il est un média, et non des moindres, qui a brillé par son absence dans la révélation de cette information pourtant essentielle : l’Agence France-Presse.
Aucune des deux dépêches diffusées à la suite de la lettre bouleversante des parents d’Elias — dans le but pourtant précis de rapporter le communiqué des parents — ne fait en effet mention, à aucun moment, de la « machette » utilisée par « Joe ».
Sur Europe 1, Pascal Praud est monté au créneau jeudi 13 février pour dénoncer la « censure » des faits par l’AFP. « Pourquoi l’AFP ne souligne-t-elle pas que le jeune Elias a été tué par une machette ou une hachette alors que les parents le disent ? Pourquoi ? À partir du moment où on pose la question, on connait la réponse. C’est parce que le mot “machette” ou “hachette” est connoté culturellement, et l’AFP fait un travail de censure automatique en ne soulignant pas ce que soulignent les parents », a dénoncé le journaliste sur les ondes d’Europe 1, précisant que ce sont bien « les journalistes eux-mêmes, dans leur bureau, qui comprennent qu’il y a des mots qu’il faut dire et d’autres qu’il ne faut pas dire ».
Une plaie à l’aorte
La distorsion des faits par les médias aurait pu s’arrêter là. Pourtant, il est bien deux autres faits qu’ont entendu rétablir les parents du jeune Elias. Rappelons-le : à la suite du meurtre du jeune homme, une large partie de la presse a publié des articles sous-entendant fortement qu’Elias aurait refusé de donner son portable à son agresseur.
Or, on apprend dans la lettre des parents de l’adolescent que précisément, terrorisé « à la vue des armes de ses agresseurs », Elias a « remis spontanément son téléphone portable ».
Cela n’aura pourtant pas suffit aux agresseurs, dont l’un plantera sa lame, non pas dans « la clavicule droite » comme cela a été dit par la presse, mais bien jusqu’à « l’aorte » du jeune homme, ne lui laissant ainsi, selon les mots de ses parents, « aucune chance de s’en sortir malgré la prise en charge du SAMU ».
Voir aussi : Affaire Lola : La fabrique du mensonge, un titre mérité par France 5