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Meurtre d’Élias : les parents de l’adolescent rétablissent les faits cachés par les médias

17 février 2025

Temps de lecture : 4 minutes
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Meurtre d’Élias : les parents de l’adolescent rétablissent les faits cachés par les médias

Temps de lecture : 4 minutes

Les parents d’Elias, décédé le 25 janvier 2025 à la suite d’une violente agression à Paris, sont sortis du silence jeudi 13 février dans un courrier transmis à la presse par leurs avocats.

Dans cette lettre bouleversante, les parents de l’adolescent poignardé à la sortie d’un entraînement de football ont entendu rétablir certaines vérités cachées et distordues par la presse.

Mauvaise rencontre le 24 janvier

C’était le 24 jan­vi­er dernier. Ce jour-là, alors qu’ils ren­trent du stade Jules-Noël (dans le 14e arrondisse­ment de Paris) où ils vien­nent d’effectuer « comme chaque ven­dre­di » leur entraîne­ment de foot­ball, Elias, 14 ans, et son meilleur ami, Simon, croisent sur le chemin du retour deux ado­les­cents du quarti­er (surnom­més « Joe » et « Lucien » par la presse), habitués aux rack­ets et aux petits délits.

Cette ren­con­tre for­tu­ite sera fatale à Elias : l’adolescent est tué quelques instants plus tard par un des deux mineurs — les deux sont déjà con­nus des ser­vices de police — sous les yeux de son ami. À l’époque, dans les réc­its que livre la presse de ce drame, on affirme qu’Elias est décédé d’un coup de couteau asséné dans sa clav­icule droite par « Joe », une par­tie de la presse ajoutant même qu’Elias aurait refusé de don­ner son portable.

Un coup de « machette » et non de « couteau »

Il aura fal­lu atten­dre près de trois semaines, à la faveur d’un cour­ri­er écrit par les par­ents du jeune ado­les­cent décédé, pour faire la pleine lumière sur ce drame. Dans une let­tre trans­mise par leurs avo­cats jeu­di 13 févri­er à la suite des audi­tions des inculpés, les par­ents d’Elias ont en effet enten­du dénon­cer l’impunité dont jouis­sent les deux mineurs et rétablir cer­taines vérités défor­mées par les médias.

« Elias a été agressé avec une vio­lence inouïe par deux mineurs décom­plexés qui déam­bu­laient en toute lib­erté ensem­ble, l’un armée d’une machette, l’autre d’une hachette […] Il a reçu un pro­fond coup de machette et non un “sim­ple coup de couteau” comme il a pu être écrit », apprend-on ain­si dans les pre­mières lignes du cour­ri­er. Et d’ajouter ensuite : « la plaie a été d’une telle pro­fondeur qu’elle reflète le com­porte­ment de toute-puis­sance de ces deux mineurs ».

Voir aus­si : Le ser­vice pub­lic et les inter­dits ambiants

Silence sur certains points de l’AFP

Dans la foulée du cour­ri­er des par­ents, nom­breux sont les médias à enfin révéler qu’Elias a bien reçu un coup de « machette zom­bie », dont la lame fait plus de 40 cm. Mais il est un média, et non des moin­dres, qui a bril­lé par son absence dans la révéla­tion de cette infor­ma­tion pour­tant essen­tielle : l’Agence France-Presse.

Aucune des deux dépêch­es dif­fusées à la suite de la let­tre boulever­sante des par­ents d’Elias — dans le but pour­tant pré­cis de rap­porter le com­mu­niqué des par­ents — ne fait en effet men­tion, à aucun moment, de la « machette » util­isée par « Joe ».

Sur Europe 1, Pas­cal Praud est mon­té au créneau jeu­di 13 févri­er pour dénon­cer la « cen­sure » des faits par l’AFP. « Pourquoi l’AFP ne souligne-t-elle pas que le jeune Elias a été tué par une machette ou une hachette alors que les par­ents le dis­ent ? Pourquoi ? À par­tir du moment où on pose la ques­tion, on con­nait la réponse. C’est parce que le mot “machette” ou “hachette” est con­noté cul­turelle­ment, et l’AFP fait un tra­vail de cen­sure automa­tique en ne soulig­nant pas ce que soulig­nent les par­ents », a dénon­cé le jour­nal­iste sur les ondes d’Europe 1, pré­cisant que ce sont bien « les jour­nal­istes eux-mêmes, dans leur bureau, qui com­pren­nent qu’il y a des mots qu’il faut dire et d’autres qu’il ne faut pas dire ».

Une plaie à l’aorte

La dis­tor­sion des faits par les médias aurait pu s’arrêter là. Pour­tant, il est bien deux autres faits qu’ont enten­du rétablir les par­ents du jeune Elias. Rap­pelons-le : à la suite du meurtre du jeune homme, une large par­tie de la presse a pub­lié des arti­cles sous-enten­dant forte­ment qu’Elias aurait refusé de don­ner son portable à son agresseur.

Or, on apprend dans la let­tre des par­ents de l’adolescent que pré­cisé­ment, ter­ror­isé « à la vue des armes de ses agresseurs », Elias a « remis spon­tané­ment son télé­phone portable ».

Cela n’aura pour­tant pas suf­fit aux agresseurs, dont l’un plantera sa lame, non pas dans « la clav­icule droite » comme cela a été dit par la presse, mais bien jusqu’à « l’aorte » du jeune homme, ne lui lais­sant ain­si, selon les mots de ses par­ents, « aucune chance de s’en sor­tir mal­gré la prise en charge du SAMU ».

Voir aus­si : Affaire Lola : La fab­rique du men­songe, un titre mérité par France 5

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