[Première diffusion le 25 mai 2020]
Après un premier article, nous consacrons un second papier au prochain lancement de la revue Front Populaire que nous avons présentée et qui met en émoi une partie de la gauche morale. Un casus belli pour une partie de l’intelligentsia, parisienne.
Michel Onfray est un philosophe et écrivain prolixe. Il aime se frotter à de nombreux sujets, y compris les plus inconfortables. Il n’hésite pas à afficher des positions qui ne cadrent pas avec l’étiquette initiale d’intellectuel de gauche que certains, très nombreux, lui ont collé quand il a commencé à se faire connaitre.
Comme le rappelle Paul-François Paoli, Michel Onfray a dans les dernières années transgressé des codes, des transgressions qui lui ont valu une condamnation symbolique par un certain milieu bien assis intellectuellement sur ses certitudes. C’est notamment ainsi que dans son livre consacré à Albert Camus, il s’en est pris à Jean-Paul Sartre et que dans son livre sur Freud, il s’en est pris à des petits cercles, aux lacaniens, etc. Des fautes majeures qui lui ont valu de fortes critiques.
Front Populaire : premières signatures, premières polémiques
Le premier numéro de la revue Front Populaire dirigée par Michel Onfray paraitra en juin 2020. Des noms de contributeurs circulent déjà : Jean-Pierre Chevènement, Céline Pina, ce qui étonne à moitié, Philippe de Villiers, Barbara Lefebvre, ce qui est plus surprenant. Ce n’est visiblement pas la surprise qui est la réaction de journalistes de Libération et du Monde, mais la critique acerbe vis-à-vis de l’initiative du philosophe. Rassembler dans une même revue des personnes clairement marquées à gauche mais aussi à droite, vous n’y pensez pas…
Le Monde et le déshonneur par association
Lucie Soullier et Abel Mestre ne font pas dans la nuance dans l’édition du Monde du 20 mai 2020. Ils titrent leur article consacré à la revue dont le premier numéro n’est pas encore paru : « Avec sa nouvelle revue, Michel Onfray devient la coqueluche de l’extrême droite ».
Listant de façon très approximative « la liste des personnalités de la droite radicale (émargeant) parmi la liste des « contributeurs », nos deux journalistes pratiquent ce que l’anthropologue Jean-Loïc Le Quellec qualifie de « déshonneur par association ».
La recette est simple : invoquez l’orientation d’« extrême droite » de certains futurs contributeurs de Front Populaire comme disqualification initiale, secouez le tout pour en faire un bon amalgame, le tour est joué. Le breuvage sera imbuvable pour une frange de lecteurs potentiels peu curieux. C’est l’effet recherché.
À Libération, Joffrin se pose en gardien du temple, Guillaume Bernard accueille favorablement l’initiative sur Boulevard Voltaire
Pour le directeur de Libération, le faire de réunir au sein d’un même média des personnalités de la société civile de différents bords ne peut qu’aboutir à…un terminus. Si Laurent Joffrin essaie le 20 juin dans la rubrique « la lettre politique » d’appréhender la future ligne éditoriale de la revue Front Populaire, c’est surtout pour en critiquer l’absence de cohérence.
À peine née, l’aventure éditoriale de Michel Onfray est déjà sous les feux de la critique. Un exploit pour ses détracteurs, avant même d’avoir lu la première ligne de Front Populaire. Ces critiques présupposent l’existence d’un cercle restreint de légitimité et de respectabilité. Pendant ce temps, l’initiative est plutôt bien accueillie à droite. En témoigne l’interview d’un promoteur de l’union des droites, Guillaume Bernard, sur le site Boulevard Voltaire.
Qui affiche à ce stade de la genèse de Front Populaire une ouverture et une tolérance aux débats pluralistes ? La meilleure réponse gagne un article du futur retraité Laurent Joffrin.