On a beaucoup parlé durant cette campagne présidentielle de la surmédiatisation d’Emmanuel Macron, à qui les médias ont déroulé le tapis rouge et consacré de nombreuses couvertures. Cette starification s’est faite selon deux axes : l’un, politique, a vu le candidat d’En Marche ! chouchouté par la presse traditionnelle ; l’autre, people, a vu le couple Macron surexposé dans les magazines à papier glacé, présenté comme l’incarnation de l’amour idyllique. Ce dernier aspect est l’œuvre de Michèle Marchand, reine discrète de la presse people qui a géré l’image du couple durant une bonne partie de la campagne.
Un passé trouble
Septuagénaire, « Mimi » a pu être aperçue au premier rang des meetings d’Emmanuel Macron. Inconnue du grand public, celle qui jouit d’une grande influence dans le milieu présente un passé trouble. Comme nous l’apprend la revue Faits & Documents, du défunt Emmanuel Ratier, Michèle Marchand présente un casier judiciaire assez chargé : 2 ans de prison à la fin des années 90, placée sous contrôle judiciaire en 1994 pour trafic de stupéfiants au Maroc, Mimi s’est fait de nombreux amis dans la rue, d’où elle est issue. « J’ai rencontré aussi bien les putes que les macs, les gens du show-biz et les flics », explique-t-elle.
Reconversion dans la presse people
Forte d’un « réseau exceptionnel et varié, fait de show-biz et de politique, de grands bandits et de grands flics, de concierges d’hôtel, de garçons de bar et de filles diverses, de ce monde de la nuit parisienne grouillant et complexe où elle a fait ses armes » (Le Monde), Michèle Marchand avait un parcours tout tracé dans la presse à scandale. C’est ainsi qu’à 50 ans, elle se recycle dans la presse en entrant à Voici, où elle devient rapidement la rédactrice en chef officieuse du magazine, fournissant jusqu’à 90 % des scandales et scoops de la presse people sous le pseudonyme de Michèle Leroy.
Une place dans l’establishment
Mère de deux enfants, elle gère parallèlement l’image de nombreuses personnalités. Comme ses méthodes déplaisent, elle quitte Voici pour créer sa propose agence de presse, Shadow & Cie. Sa mise en examen pour blanchiment aggravé en mars 2003 témoigne que ses méthodes de travail se sont poursuivies. En 2010, elle rachète l’agence de Daniel Angeli et fonde Bestimage, qui fournit aujourd’hui un tiers des couvertures d’hebdomadaires français. Proche de nombreuses personnalités, dont le coupe Sarkozy-Bruni ou encore Bernard-Henri Lévy, elle règne toujours sur la presse people, dont elle est appelée la « papesse ». À son palmarès récent : la révélation sur la liaison entre François Hollande et Julie Gayet, ainsi que l’outing de Florian Philippot.
Aujourd’hui encore, elle est un « coffre blindé de secrets qu’elle livre ou retient au gré de ses coups de cœur et de ses intérêt » qui « a désormais sa place dans l’establishment » (Vanity Fair).
Au service du couple Macron
C’est alors que les rumeurs sur l’homosexualité d’Emmanuel Macron menaçaient de créer un scandale que Michèle Marchand a été présentée au couple par l’intermédiaire de Xavier Niel, PDG d’Illiad et copropriétaire du Monde. Aussitôt l’accord conclu, la presse a été abreuvée de photos du couple présenté comme vivant l’amour parfait. C’est elle qui a par ailleurs convaincu Macron de couper court aux rumeurs sur sa liaison avec Mathieu Gallet.
Durant la campagne, le public a donc pu voir se multiplier les publireportages sur Emmanuel Macron et les anecdotes sur son couple. Dans le même temps, des scoops embarrassants affectaient ses adversaires… Ainsi fonctionne le monde médiatique, « pilier de la démocratie ».