Pour ses titres « Mariage homo : bientôt ils vont pouvoir s’enfiler… la bague au doigt » et « Sida : malgré les risques ils vont vous donner leur sang », en couverture d’un numéro de juillet 2012, le journal Minute a été condamné pour « homophobie ».
L’hebdomadaire « politiquement incorrect » était poursuivi par SOS Homophobie pour injure et provocation à la haine devant le tribunal correctionnel de Paris. Il a écopé de 4 000 euros d’amende et 3 000 euros de dommages et intérêts. Cette condamnation concerne uniquement la couverture du magazine, et non les extraits également incriminés tirés de ses articles.
Élisabeth Ronzier, vice-présidente de SOS Homophobie, a évoqué une « belle victoire » tout en soulignant la « rareté » des décisions similaires. Celle-ci s’est félicitée de « la reconnaissance réelle d’une infraction qui mérite d’être reconnue ». Du côté de Minute, l’avocat de l’hebdomadaire, Frédéric Pichon, s’est contenté de se féliciter de la relaxe sur le contenu des articles, tout en jugeant le montant de la condamnation « assez sévère par rapport à la jurisprudence habituelle ». Minute envisage de faire appel.
Le tribunal a estimé que le « ils » du gros titre réduisait « l’ensemble des personnes homosexuelles à une pratique sexuelle » décrite par un « jeu de mot vulgaire sur la sodomie », et dont le caractère « réducteur, clairement méprisant et outrageant » constituait bien une injure. Quant au sous-titre sur le sida, il crée, pour le tribunal, « un sentiment de rejet à l’égard des personnes homosexuelles présumées dangereuses et aux actes potentiellement mortifères », et constitue donc lui une provocation à la haine.
Au regard de cette affaire, peut-on constater un deux poids-deux mesures au sein de la presse satirique ? Il convient de rappeler qu’en parallèle, le journal d’extrême-gauche Charlie Hebdo n’a que rarement été inquiété pour ses couvertures contre les catholiques et les musulmans, voire relaxé lors de ses procès…
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