Lagardère est en déconfiture, Bertelsmann vend M6 et RTL en France, Drahi hésite à vendre BFM ou à lui adjoindre une autre chaîne, Niel rachète la PQR à tout va. Le grand jeu politico médiatique en prévision de l’élection présidentielle de 2022 est lancé et Vincent Bolloré a quelques munitions dans sa cartouchière.
Le grand Monopoly
Quelle est la valeur d’un média ? Les profits qu’il dégage ? Son cash-flow ? Que nenni ! C’est sa valeur d’influence qui lui donne une valeur économique à faire valoir en cas de vente ou d’achat. Si L’Express a été donné pour un euro symbolique par Patrick Drahi à son associé Alain Weil c’est parce que l’hebdomadaire perdait à la fois des sommes respectables et des lecteurs.
La valeur vénale pertes/profits d’Europe 1 est sans doute proche de zéro mais la radio garde ses fidèles et un pouvoir de prescription. M6 est à la fois profitable et regardée, une proie intéressante pour TF1, Canal+ ou BFM. Bernard Arnault a englouti des sommes phénoménales dans Le Parisien qui souffre encore et regroupe ses éditions banlieues dans un cahier central. Mais Le Parisien et son pendant national Aujourd’hui en France sont des quotidiens qui comptent en période électorale.
Bolloré, combien de divisions ?
Bolloré est en train d’avaler les titres de Prisma Média après avoir croqués ceux de Lagardère. Il ne cache pas son intérêt pour Europe 1. Avec quel argent ? Un excellent article du Figaro du 14 février 2021, signé Caroline Sallé et Enguerand Renault donne la réponse : Universal Music. Universal né de la fusion avec Seagram en 2000, rachète EMI (les Beatles) en 2011 au milieu de la crise du disque. Les actionnaires avaient bien vu le changement économique en cours, si les ventes de CD s’écroulent les redevances versées par les tuyaux (Spotify, Deezer, Apple) s’envolent.
En 2013 Universal Music est évalué à 7,5 milliards d’euros. En 2020 le chinois Tencent en prend 20% pour 6 milliards d’euros. Les titres vont être mis sur le marché en formant une nouvelle société, si Vivendi en vend une partie il pourrait récupérer encore 6 milliards. Faisons l’addition, 6 milliards de Tencent + 6 milliards récupérés en bourse + 10 milliards de lignes de crédit = 22 milliards €, de quoi faire son marché. Une situation examinée avec attention par le couple Bernard Arnault/Xavier Niel (beau papa et son gendre) et leur ami qui siège à l’Elysée. A suivre.