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Netflix et le fisc français, une histoire qui traîne !

15 novembre 2024

Temps de lecture : 4 minutes
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Netflix et le fisc français, une histoire qui traîne !

Temps de lecture : 4 minutes

La perquisition le 6 novembre 2024 des sièges français et européen Netflix à Paris et Amsterdam ont marqué une nouvelle étape dans une longue saga fiscale entre la plateforme de vidéos à la demande et les services fiscaux hexagonaux et continentaux.

Une arnaque fiscale

C’est l’histoire d’une arnaque fis­cale organ­isée par un géant du numérique améri­cain en Europe. Pen­dant plusieurs années, il se dis­pense de pay­er des tax­es avant de faire mine de mon­tr­er pat­te blanche et d’être finale­ment rat­trapé par la patrouille. Le scé­nario est idéal pour une série Net­flix sur le ter­ri­ble monde des affaires et de scandales…

Mais cette his­toire ne devrait pas être disponible sur Net­flix puisqu’il s’agit bien de l’histoire de la firme cal­i­forni­enne de diver­tisse­ment numérique elle-même. Le 6 novem­bre 2024 des perqui­si­tions à ses sièges de Paris et d’Amsterdam, qui regroupent l’Eu­rope, le Moyen-Ori­ent et l’Afrique, ont mar­qué une nou­velle étape dans une longue saga fis­cale dont Net­flix pour­rait sor­tir un peu déplumé.

Des accusations de « blanchiment de fraude fiscale aggravée » et de « travail dissimulé en bande organisée »

La plate­forme est accusée de « blanchi­ment de fraude fis­cale aggravée » et de « tra­vail dis­simulé en bande organ­isée » et pour cela des démarch­es judi­ci­aires ont démar­ré dès la fin de l’année 2022.

Les perqui­si­tions à Paris et à Ams­ter­dam ont eu lieu con­comi­ta­m­ment par des mag­is­trats et enquê­teurs néer­landais et français sous l’égide du Par­quet nation­al financier (PNF) et les policiers de l’office anti­cor­rup­tion. C’est l’U­nité de coopéra­tion judi­ci­aire de l’U­nion européenne, Euro­just, qui a coor­don­né cette coopéra­tion pénale entre les autorités français­es et néerlandaises

Les faits reprochés avaient été détail­lés par La Let­tre en août 2023. Selon cette let­tre sou­vent bien infor­mée, les agents de Bercy s’intéressaient aux exer­ci­ces 2019, 2020 et 2021 de Net­flix, alors que l’entreprise améri­caine n’avait pas déclaré son chiffre d’affaires en France ni d’ailleurs aux Pays-Bas pour 2019 et 2020. Le con­trôle fis­cal a été déclenché en 2022 sur ces exer­ci­ces non déclarés. Pour les exer­ci­ces 2019 et 2020, Net­flix France n’aurait ain­si déboursé que 981 000 euros d’im­pôts sur les béné­fices. Un niveau dérisoire à con­sid­ér­er les 7 mil­lions d’abon­nés revendiqués au même moment en France.

À par­tir de 2021, la plate­forme a finale­ment com­mencé à déclar­er son chiffre d’affaires en France ce qui n’a pas mis fin aux inves­ti­ga­tions du fisc qui par ailleurs sus­pec­tait tou­jours l’entreprise cal­i­forni­enne de con­tin­uer à min­imiser ses béné­fices et donc réduire son niveau d’imposition.

Opération séduction d’un géant qui n’est plus à l’abri

Avec plus de 282 mil­lions d’abonnés dans le monde en sep­tem­bre 2024, Net­flix a réal­isé près de 10 mil­liards de dol­lars de chiffre d’affaires au troisième trimestre 2024, pour un béné­fice net de 2,4 mil­liards de dol­lars et affiche une bonne forme en dépit de dif­fi­culté au cours des années 2021 et 2022. Après une décen­nie en France, Net­flix revendique une présence dans plus de 10 mil­lions de foy­ers et a pris soin de se con­former aux oblig­a­tions d’investissement dans la créa­tion, en payant la TVA à taux plein ain­si que la con­tri­bu­tion au CNC à hau­teur de 5,15 % de son chiffre d’affaires.

Net­flix a assuré avoir investi « 250 mil­lions d’euros » en 2023 dans la pro­duc­tion française, dont « 50 mil­lions dans le ciné­ma ». Une obole ver­sée à l’instar d’autres géants comme Ama­zon, Dis­ney et Apple qui ne devrait pas suf­fire à effac­er l’ardoise de la plateforme.

En sep­tem­bre, la Cour de jus­tice de l’U­nion européenne a ain­si ren­du deux arrêts con­fir­mant des amendes records con­tre Apple et Google et la ten­dance sur le Vieux Con­ti­nent ne sem­ble pas au lax­isme face aux géants du numérique tout éta­suniens qu’ils sont. Net­flix, véri­ta­ble empire dont l’Ojim pro­po­sait une brochure inti­t­ulée l’emprise du diver­tisse­ment devra donc très prob­a­ble­ment pass­er à la caisse dans les années qui viennent.

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