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New York Times, fini de rire !

18 août 2019

Temps de lecture : 3 minutes
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New York Times, fini de rire !

Temps de lecture : 3 minutes

Pre­mière dif­fu­sion le 13/06/2019

Nous vous parlions hier 12 juin 2019 des justifications de la censure sous couvert de protection des bonnes mœurs et de respect de la morale dominante. Où et comment une journaliste du quotidien suisse romand Le Temps appelait elle-même de ses vœux un régime « normal » de censure. Le quotidien américain le New York Times va un cran plus loin en annonçant qu’il ne publiera plus de caricatures dans aucune de ses éditions.

Dessin antisémite ?

La poli­tique claire­ment pro-israéli­enne de l’équipe de Trump n’est un secret pour per­son­ne. Recon­nais­sance de Jérusalem comme cap­i­tale, démé­nage­ment de l’ambassade dans la ville sainte, sup­pres­sion des aides aux Pales­tiniens, recon­nais­sance anticipée de l’annexion d’une par­tie de la Cisjor­danie, sou­tien au pre­mier min­istre Netanya­hou, la liste pour­rait être complétée.

En avril 2019, le dessi­na­teur por­tu­gais Anto­nio Mor­eira Antunes pub­lie dans l’édition inter­na­tionale du jour­nal une car­i­ca­ture représen­tant Netanya­hou avec une étoile de David autour du cou et tenu en laisse par un Don­ald Trump en kip­pa. Remar­quons que le dessin aurait pu être inver­sé avec un Trump tenu en laisse par le pre­mier min­istre israélien. Le dessin soulignait/dénonçait les rela­tions priv­ilégiées entre les deux hommes poli­tiques sur fond de liens étroits entre les deux pays.

Il est dif­fi­cile de cri­ti­quer la poli­tique israéli­enne sans être soupçon­né d’antisémitisme, la fron­tière est ténue et l’attaque (pour défendre Israël) est facile. Le quo­ti­di­en new-yorkais a sup­primé dans un pre­mier temps la car­i­ca­ture de son édi­tion dig­i­tale et a présen­té ses excus­es aux lecteurs tout en adres­sant un blâme à l’éditeur qui avait autorisé la pub­li­ca­tion du dessin.

Réactions en chaine

Dans un sec­ond temps, le directeur de pub­li­ca­tion a annon­cé la fin des repris­es de dessins de col­lab­o­ra­teurs extérieurs au jour­nal, ce qui était le cas du dessi­na­teur por­tu­gais. Puis, très vite, il a con­fir­mé que cette deux­ième mesure était suiv­ie d’une autre : la sup­pres­sion pure et sim­ple des car­i­ca­tures dans l’édition inter­na­tionale à compter du 1er juil­let 2019 (il n’y avait plus de car­i­ca­tures dans l’édition nationale).

Cette mesure tombe comme un couperet pour les dessi­na­teurs qui four­nis­saient plusieurs dessins par semaine au jour­nal en par­ti­c­uli­er le sin­gapourien Heng Kim Song et le suisse Patrick Chap­pat­te. Ce dernier sur son son blog en anglais regrette la déci­sion. Four­nissant depuis plus de vingt ans deux dessins par semaines au jour­nal, il souligne que cette cen­sure « ne con­cerne pas seule­ment les dessins, mais le jour­nal­isme et l’opinion en général. Nous sommes dans un monde où les foules moral­isantes se réu­nis­sent comme un orage sur les médias soci­aux, tombant sur les rédac­tions comme un coup de mas­sue… Les voix les plus out­ragées se font enten­dre et don­nent le ton, la foule en colère suit ».

Le dessi­na­teur vedette du Monde, Plan­tu, déclarait de son côté « Don­ald Trump en rêvait, le New York Times l’a fait », con­damnant une nou­velle restric­tion à la lib­erté d’expression. In fine le souhait exprimé par Le Temps début 2018 se réalise : la cen­sure n’est plus puni­tive, elle est dev­enue préventive.

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