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Nice-Matin de nouveau à la croisée des chemins

10 janvier 2019

Temps de lecture : 4 minutes
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Nice-Matin de nouveau à la croisée des chemins

Temps de lecture : 4 minutes

Depuis 2016 le groupe public belge Nethys (télécoms, énergie, presse) est actionnaire de Nice-Matin à hauteur de la minorité de blocage soit 34%, la plus grande partie du capital étant détenue par les salariés. Nethys avait laissée entendre avoir pour objectif de réinjecter de l’argent en montant à 51% début 2019. À ceci près que Nethys veut maintenant se désengager.

Publifin (maison mère de Nethys) et la corruption en Wallonie

Pub­lifin n’est pas une recette de cui­sine finnoise ni une fine agence de pub­lic­ité mais un hold­ing financier pub­lic pos­sédé majori­taire­ment par la province de Liège. Pub­lifin (de droit pub­lic) — qui affiche un chiffre d’affaires supérieur à 750M€ — n’a qu’une seule fil­iale (de droit privé) : Finan­part, qui pos­sède Nethys. Ce dernier est de fait le bras armé de Pub­lifin sur le plan économique.

Les trois struc­tures sont liées de longue date au Par­ti social­iste (PS) belge, touché par de très nom­breux scan­dales financiers : pass­es droits, emplois fic­tifs, rémunéra­tions croisées faramineuses. Les sociétés ont dépen­sé plus de 2,5M€ en jetons de présence pour leurs admin­is­tra­teurs… qui n’étaient pas oblig­és d’assister aux séances. Ou qui y assis­taient en coup de vent étant rémunérés pour cer­tains plus de 500€ par minute, ce qui a provo­qué quelques tou­sse­ments en Bel­gique. Ces « bonnes manières » longtemps cachées (Pub­lifin est une struc­ture pluri-provin­ciale ce qui lui per­met d’échapper à toute autorité de tutelle, wal­lonne ou fla­mande) finis­sent par agac­er out­re Quiévrain.

Par agac­er et faire pos­er quelques ques­tions : pourquoi la province de Liège veut-elle inve­stir dans des entre­pris­es de presse du sud de la France ?

Nice-Matin et La Provence

Car Nethys non seule­ment a pris 34% de Nice Matin mais aus­si 11% de La Provence de Bernard Tapie. Est ce pour imiter le groupe belge Rossel présent dans les médias français ? Mais Rossel est un vrai groupe de presse (Le Soir le pre­mier quo­ti­di­en belge fran­coph­o­ne a plus d’un siè­cle) et a investi dans des titres proches géo­graphique­ment (La Voix du Nord, Est Éclair, etc), ce qui n’est pas le cas de Nethys dont l’expertise presse est faible.

Croisée des chemins

Après le scan­dale des admin­is­tra­teurs fan­tômes, Pub­lifin doit se refaire une ver­tu et resser­rer les cor­dons de la bourse. Plus ques­tion de mon­ter à 51% du cap­i­tal de Nice-Matin mais bien de ven­dre les 34% tout comme les 11% de La Provence.

Alors qui va racheter un groupe très influ­ent locale­ment, avec plus de 600 salariés et qui a encore du mal à équili­br­er ses comptes mal­gré tous ses efforts ? Chris­t­ian Estrosi en guerre sur la Côte d’Azur avec Eric Ciot­ti suit le dossier de très près. L’inusable Bernard Tapie est en embus­cade (avec quel argent ? celui qu’il doit rem­bours­er à l’État ?) et se déclare prêt à apporter « un sou­tien financier à la coopéra­tive » en assur­ant qu’il ne vise pas un rachat.

L’industriel fran­co-libanais Iskan­dar Safa, pro­prié­taire du groupe Val­monde (Valeurs Actuelles, Jours de chas­se) était déjà can­di­dat au rachat en 2014 lorsque le groupe Her­sant a déposé le bilan et que le tri­bunal de com­merce a préféré l’offre de reprise con­jointe salariés/Nethys. Il pour­rait de nou­veau être intéressé. D’autres pour­raient se met­tre sur les rangs.

Il y a aus­si des appétits immo­biliers. Quar­tus, fil­iale immo­bil­ière de la banque Nex­i­ty, a déjà racheté 33% du quo­ti­di­en com­mu­niste La Mar­seil­laise avec comme col­latéral les 5000 m² du jour­nal sur le Vieux Port. Quar­tus a aus­si annon­cé la créa­tion con­jointe d’une salle de con­grès avec Nice-Matin, à la place d’une anci­enne rota­tive. Il est vrai que les locaux du jour­nal estimés plusieurs dizaines de mil­lions d’euros sont une cible de choix. L’Assemblée générale des action­naires de Nice-Matin le 28 jan­vi­er 2019 ne sera pas de tout repos.

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