Ça bouge dans la saga Nice-Matin. Le 7 novembre dernier, le quotidien en péril a été confié à un groupe de salariés porteurs d’un projet de reprise sous forme de SCIC (Société Coopérative d’Intérêt Collectif). Derrière celle-ci, un apport de 8 millions d’euros par Bernard Tapie, qui en profitait pour mettre à la tête du quotidien un proche en la personne de Robert Namias. Nous vous parlions alors d’un « coup de pouce intéressé » de la part de l’homme d’affaires marseillais.
Le quotidien transformé en SCIC s’est vu affilié à l’AGS, un régime de garantie des salaires. Il se trouve que les journalistes de Nice-Matin bénéficient, en cas de départ volontaire dans le cas d’un changement de propriétaire, d’une « clause de cession » donnant accès à des surprimes bien applicables dans le cas présent, le journal passant en SCIC. Et ça tombe bien puisque Nice-Matin a réussi à garder 85% de ses employés. Il reste donc 15% de salariés à indemniser…
Dans le cadre d’un départ, et selon les conventions du journal, une surprime équivalente à 1 à 2 mois de salaires par année d’ancienneté additionné à la prime de licenciement économique classique doit être versée. On peut comprendre dés lors qu’il s’agisse d’une lourde addition à payer pour un journal en crise, en sachant que Nice-Matin dispose d’une masse salariale de plus de 1000 personnes et au moins 150 départs.
Or, selon nos informations, il semblerait que les AGS refusent de payer les surprimes de départ pour un motif apparemment lié à « un vide juridique ». Une des explications pourrait être que la SCIC ayant récupérée Nice-Matin avec des départs déjà programmés, les AGS contestent l’idée de licenciement économique et demandent à l’entreprise d’assurer elle-même les indemnités. Ce qui et pour le moment une rumeur interne, si elle s’avère fondée, ne tardera pas à se vérifier. En effet, si les candidats au départ se ravisent, cela pourrait remettre en cause l’une des bases des accords entre la SCIC et ses partenaires.
De plus toujours selon nos sources le quotidien perdrait entre 1,2 et 1,5 millions d’euros par mois, si bien que l’avenir pour Nice-Matin ne présage rien de bon.
Olivier Biscaye directeur des rédactions du groupe Nice-Matin avait déclaré il y a un an dans le journal Marianne « Je serais prêt à reconsidérer mon salaire si Nice-Matin se trouvait en difficulté ». Il semble que ce soit le cas.
Crédit photo : trois-tetes via Flickr (cc)