Repris sous forme de Société coopérative d’intérêt collectif (SCIC) le 1er décembre 2014, le groupe Nice-Matin connaîtrait de soucis de trésorerie à peine quatre mois après sa cession mouvementée par le groupe Hersant médias. Explications.
Robert Namias, le président du directoire de Nice-Matin, a beau faire une habile communication sur la (bonne) santé retrouvée de l’entreprise, certains faits ne trompent pas. En premier lieu, sa demande mi-mars de moratoire à l’Urssaf pour le paiement des charges salariales des trois premiers mois d’exercice de la SCIC. A la clé, une bouffé d’oxygène de l’ordre de deux millions d’euros pour la trésorerie du groupe. Reste que l’Urssaf, si elle accepte l’étalement, pourrait demander en garantie le placement sous hypothèque du siège de Nice-Matin, évalué à 20 millions d’euros. Par le biais du dispositif ACCRE, Nice-Matin sera par ailleurs exonéré d’une partie des charges sociales en 2015 concernant les salariés qui ont investi leur 13e mois dans la SCIC. Le gain pour le groupe serait du même ordre, environ deux millions d’euros. Ce répit est temporaire. La situation financière du groupe, déjà fragile, pourrait s’aggraver rapidement au vu des mauvais résultats constatés au premier trimestre 2015.
Lorsqu’il a confié Nice-Matin à ses salariés, qui ont réussi à réunir 14 millions d’euros sur leur offre, le tribunal de commerce de Nice n’avait sans doute pas anticipé le décrochage. Sur ce capital de départ, huit millions ont servi à financer le plan de 159 départs initié dès l’été 2014, et quatre millions, prêtés par Bernard Tapie, devront lui être prochainement remboursés. Bref, il ne resterait déjà plus que deux millions d’euros dans les caisses de Nice-Matin. Selon plusieurs sources, les recettes publicitaires seraient en retard d’environ deux millions d’euros en janvier et février par rapport au budget prévisionnel. Nice-Matin, qui a perdu plus de 5% de sa diffusion en 2014 (DSH OJD : 85 361 exemplaires), ne peut guère espérer un relai de ce côté-là.
C’est grâce à de nouveaux vecteurs de croissance, numériques et événementiels notamment, que Nice-Matin compte se redresser dès la fin 2015. Encore faudra-il que le groupe, qui ne dispose pas d’actionnaire industriel mais peut s’appuyer sur un patrimoine immobilier de l’ordre de 50 millions d’euros, soit en mesure de financer ces investissements extrêmement lourds.