Le feuilleton autour de l’actionnariat majoritaire de Nice-Matin s’achève. Alors que les salariés s’étaient prononcés majoritairement contre Niel et en faveur de la proposition de l’industriel Iskandar Safa (propriétaire de Valeurs Actuelles), ce dernier se retire de la course.
Une histoire belge
Le belge Nethys, propriétaire de 34% du capital social (le solde appartenant à la coopérative des salariés) et d’une option à exercer pour racheter 100% des actions en 2020 a préféré Niel à Safa pour des raisons qui paraissent surtout politiques. Safa s’était aligné sur les propositions financières de Niel et Nethys est proche des milieux socialistes francophones en Belgique, plus proches d’un actionnaire du Monde que de celui de Valeurs Actuelles. Une intervention cachée et indirecte sur le Parti Socialiste belge n’est pas à exclure.
Safa jette l’éponge
Niel ayant racheté les parts de Nethys, Safa aurait dû aller au tribunal pour faire valoir les droits des salariés qui avaient voté pour lui et casser le pacte d’actionnaires. Une procédure longue, coûteuse et dangereuse au moment où le titre était en redressement judiciaire. Dans un entretien au Figaro du 29 juillet 2019 Safa expliquait les raisons de son retrait « Je suis reconnaissant envers les salariés-actionnaires qui ont voté pour notre plan de reprise lors de l’assemblée générale du 12 juillet, et je leur souhaite un futur solide. Mais le contexte a sensiblement changé depuis que nous nous sommes penchés sur le dossier de Nice-Matin, fin 2018. Dans ces conditions, je préfère ne pas continuer». Il a ajouté vouloir se consacrer à la chaîne télévisée Azur dans laquelle il a pris 39% des parts.
Estrosi soulagé
Même si Niel n’est pas réputé pour intervenir directement dans les rédactions, ses penchants très Macron-compatibles comme ceux du Monde dont il est un des actionnaires de référence ou ceux de son beau-père Bernard Arnault, ne sont pas un secret. Estrosi, actuel maire de Nice, se rapproche de plus de LaREM, contrairement à son rival de chez LR Eric Ciotti. Niel jure (sans rire) ses grands dieux que ses motivations ne sont pas politiques. Elles ne sont pas financières car le quotidien perd de l’argent et va nécessiter de lourds investissements. L’opération est clairement motivée par les prochaines élections municipales à Nice dans moins d’un an. Si Estrosi est réélu, il saura qui remercier.