Les clashes entre politiques et journalistes peuvent parfois bénéficier aux deux parties, alimentant une double notoriété. Mais ils sont aussi dans certains cas révélateurs d’une certaine arrogance d’une partie de la classe médiatique lorsque celle-ci entreprend de rééduquer selon ses a priori et non d’informer. Ce fut le cas de la prise de bec entre Nicolas Dupont-Aignan et Patrick Cohen sur la 5 le mercredi 6 mars 2019 dans l’émission C’est à vous.
Patrick Cohen contre la liberté de penser
On ne présente plus Patrick Cohen, vedette de France Inter, passé à Europe1 sans trop de succès et qui a son rond de serviette dans nombre d’émissions du secteur public, un secteur où on sait se rendre service. Nous reprenons une partie de son portrait où il affirmait avec un tranquille aplomb que « non, on ne peut pas penser ce que l’on veut » :
« Le 12 mars 2013, celui-ci était en effet invité sur le plateau de « C à vous », animé par Alessandra Sublet, à l’occasion du passage de son émission « Ce soir (ou jamais !) » de France 3 à France 2. L’ambiance se tend très vite et Patrick Cohen attaque bille en tête lorsque Taddéï soutient qu’il invite dans son émission des gens que l’on n’entend pas ailleurs. « Vous invitez des gens qu’on n’entend pas ailleurs et qu’on n’a pas forcément envie d’entendre… », attaque-t-il en nommant ces « gens » quelques secondes plus tard : Tarik Ramadan, Dieudonné, Alain Soral, Marc-Edouard Nabe. Taddéï répond qu’il n’y a pas d’invités qu’il refuse d’inviter par principe : « Je suis sur le service public, c’est pas à moi d’inviter les gens en fonction de mes sympathies ou de mes antipathies ». « Ce n’est pas une question de sympathie, lui rétorque Cohen. On a une responsabilité quand on anime une émission de débat, de ne pas propager des thèses complotistes, de ne pas donner la parole à des cerveaux malades ». Le débat s’envenime. Cohen glisse subrepticement du complotisme au négationnisme, Taddéï lui rétorque que personne n’a jamais tenu de propos hors la loi sur son plateau. Pour tenter de détendre l’atmosphère, Alessandra Sublet apostrophe soudain Cohen : « On a chacun le droit de penser ce qu’on veut, Patrick ! » Réponse spontanée de l’intéressé : « Non ». Puis après réflexion : « On a le droit de penser ce qu’on veut dans les limites de la loi » ! « Toutes les opinions autorisées par la loi sont défendues par la constitution ; tout ce qui n’est pas interdit est autorisé, et ce n’est pas moi, animateur de télévision, qui vais décider de ce qu’on a le droit de dire », affirme enfin Taddéï devant son adversaire de plus en plus hébété. Celui-ci grille enfin sa dernière cartouche en indiquant que certains des invités de Taddéï avaient été « condamnés plusieurs fois ». « Vous voulez que je vous fasse la liste d’un certain nombre de ministres qui ont été condamnés ? Ça ne vous a pas empêché de les inviter dans votre émission de radio le lendemain matin… », répond Taddéï du tac au tac. »
Affrontement NDA/Cohen sur France 5
Il y a un aspect anecdotique autour de l’altercation. Dupont-Aignan est en baisse dans les sondages et Cohen tape volontiers sur tout ce qui est hostile au monde libéral-libertaire dont il est issu, tout en défendant pied à pied le système tel qu’il est. Alors que Cohen provoque et titille Dupont-Aignan celui-ci perd son sang froid et lui décerne le titre envié de « cireur de pompes du pouvoir », qualificatif que chacun appréciera à sa manière.
Ce qui est plus surprenant (ou pas surprenant du tout) c’est Anne-Elisabeth Lemoine qui prend le parti de Patrick Cohen, demande des excuses à NDA, se fait appuyer par Pierre Lescure (qui joue la solidarité de caste) et met fin plus tard à l’émission. Lorsqu’un peu plus loin NDA tente d’aborder la question de l’immense impopularité des journalistes, ceux-ci lui renvoient la question en miroir. Cécité d’une partie (une partie seulement, mais la plus visible) de journalistes qui se vivent comme un caste volontiers castratrice. Clic clac.