Le trio d’actionnaires du Monde, Xavier Niel, Pierre Bergé et Matthieu Pigasse est en négociation pour le rachat du Nouvel Observateur, ont rapporté Le Figaro et Les Échos.
C’est Claude Perdriel, 87 ans, actuel patron du magazine qu’il a fondé il y a 50 ans, qui l’a annoncé ce mardi matin aux salariés. Pour le moment, les deux parties étudieraient un rachat via la holding du Monde (LML, Le Monde Libre), celle-là même que le trio B‑N-P détient à parts égales. Cependant, dans ce schéma, Perdriel devrait conserver malgré tout 35 % du titre.
Toujours selon Perdriel, dont les propos ont été rapportés par un salarié, le prix de vente se situerait autour de 13,4 millions d’euros (pour 65 % du capital). « Claude nous a expliqué qu’il mettait des conditions hors normes au rachat d’où le montant peu élevé des repreneurs », explique ce salarié. Et de plaisanter : « C’est bizarre que nous apprenions cela pour le premier jour des soldes ! »
Cette vente ne se fera pas sans conditions. Claude Perdriel aurait demandé le maintien de l’équipe dirigeante actuelle, mais aussi celui de la ligne « sociale-démocrate » que prétend défendre le Nouvel Obs. Il souhaite également qu’aucun licenciement ne soit fait sans son accord. Enfin, Perdriel souhaite demeurer président du comité éditorial du journal (qui rassemble la direction et la rédaction) dans le but de faire accepter sa charte aux futurs actionnaires. En effet, les conditions sont nombreuses, mais le prix de vente reste peu élevé.
De quoi motiver le trio d’actionnaires ? Ce n’est pas le cas de Pierre Bergé qui, dans Le Monde, a confié qu’il n’avait « pas l’intention de le faire ». Visiblement, les trois hommes ne seraient pas d’accord entre eux… Mais ce mercredi, une source interne a indiqué à l’AFP que le rachat allait bien avoir lieu. « Dans cette affaire, l’homme clef des négociations pour Le Monde, c’est Xavier Niel. Claude Perdriel nous a dit qu’il n’avait rencontré ni Matthieu Pigasse, ni Pierre Bergé. Il a croisé Xavier Niel aux Maldives pendant les vacances de Noël où ils auraient trouvé un accord de principe. C’est ce qu’il a expliqué », conclut un salarié.
Début décembre, Claude Perdriel avait fait part de sa volonté de vendre le Nouvel Obs (dont fait partie Rue89). Il avait alors multiplié les appels du pied : à Xavier Niel, patron de Free, à Jacques-Antoine Granjon, PDG de Ventesprivées.com ainsi qu’à Jean-Louis Beffa, ex PDG de Saint-Gobain. Au-delà de cette intention, le patron de l’hebdomadaire souhaitait que le Nouvel Observateur et Le Monde, qui ont une ligne éditoriale assez similaire, se rapprochent. En 2011, alors associé à Orange, Claude Perdriel n’était pas parvenu à racheter le quotidien… cédé alors au trio qui convoite aujourd’hui le sien.
Le Nouvel Observateur, premier hebdomadaire d’information français, maintient ses ventes à plus de 500 000 exemplaires mais devrait perdre 5 à 7 millions d’euros cette année. Claude Perdriel venait d’injecter 17 millions d’euros dans le magazine pour apurer ses dettes.