Une équipée de censeurs appelle à un boycott de la plateforme de « microblogging » X (ex-Twitter) le 27 octobre, date anniversaire du rachat de Twitter par le milliardaire Elon Musk. Une mobilisation nationale pour un réseau sans frontières, qui n’a aucune chance d’aboutir mais témoigne d’une défiance vis-à-vis de la liberté d’expression sans limite prônée par le libertarien Elon Musk.
Le trio des censeurs à l’œuvre
C’est dans une tribune publiée dans le journal Le Monde que trois « spécialistes » de la désinformation ont suggéré l’idée : un boycott de X pendant une journée. Tristan Mendès France, Julien Pain et Rudy Reichstadt, tous très impliqués dans les questions ayant traits au complot et aux « fausses informations » ou aux informations considérées comme telles.
Les pages du « quotidien de référence » grandes ouvertes pour cet aréopage de « sachants » leur ont permis de faire un peu de réclame pour une initiative déjà présentée le 16 octobre sur les ondes de France Inter par Rudy Reichstadt, qui a profité de l’occasion pour montrer à l’auditeur suspicieux sa possible proximité avec la journaliste Léa Salamé dont il a rappelé la date anniversaire !
Voir aussi : Rudy Reichstadt, portrait
Pourquoi un “no Twitter day” ?
Les raisons invoquées dans le journal Le Monde sont nombreuses, au premier rang desquelles : la réduction des effectifs de modération qui ne permettraient pas de réagir suffisamment pour supprimer ou restreindre certains contenus qui contreviendraient à la loi européenne. Sont évoquées également : « la désinformation, l’apologie du terrorisme, la pédopornographie, l’incitation à la violence ou à la haine. ». Les récents évènements en Israël et en Palestine illustrent le propos des auteurs qui expliquent que des messages choquants ont pu circuler sur les réseaux durant cette séquence médiatique.
Les trois auteurs revendiquent par ailleurs les travaux de chercheurs qu’ils ne citent pas en dénonçant un algorithme conférant une prime de visibilité aux contenus dits « toxiques » et dénoncent la mise en place d’un système de certification payant instaurant un « système censitaire peu compatible avec le souci sincère de garantir un accès équitable à la liberté d’expression ».
Enfin, les pourfendeurs du réseau social s’inquiètent des convictions politiques d’Elon Musk qu’ils ne partagent pas…
Un soutien bien famélique
Si Le Monde et la presse a largement couvert l’initiative (ici, ici et là notamment…), elle peinera à fonctionner. Aucun média n’a affirmé suivre le mouvement et la liste des signataires ne regroupe que des inconnus mis à part Sophia Aram, une habituée de la culture de la haine. Sur les réseaux sociaux quelques personnalités ont néanmoins tenu à apporter leur soutien : les journalistes de France TV Émilie Tran Nguyenet, Samuel Étienne, l’historien militaire habitué des plateaux Cédric Mas ou encore le « philosophe » et twittos compulsif Raphaël Enthoven. Le manque de relais d’importance parmi les personnalités politiques et médiatiques réduit l’initiative à une sorte de défense d’un petit pré carré de l’information. Une résistance qui s’organise à Paris sous un prisme très français pour ne pas dire germanopratin qui semble faire oublier à ces pourfendeurs du complot que le réseau social X compte environ 12 millions d’utilisateurs en France pour près de 375 millions dans le monde entier…
L’initiative a connu des détracteurs sur les réseaux. Ainsi le hashtag « #TheXday » en soutien au réseau social a été en tendance après celui du boycott et dans une veine plus vulgaire « #RudyKissMyAss » a également été très commenté.
Un échec mais des questions…
Si des critiques sont audibles sur le réseau social X : culte de l’immédiateté et du sensationnel, absence de hiérarchisation de l’information, etc., il est paradoxal que les personnalités à l’initiative de la tribune, soient elles-mêmes été largement bénéficiaires des réseaux sociaux. Cette plateforme leur a permis d’exister de se faire une petite notoriété. Il faut dire que ces mêmes réseaux sociaux sont à double tranchant et permettent de donner de l’ampleur à des petits scandales comme celui du fonds Marianne qui avait mis au grand jour la dotation de 60 000 euros au profit du site « Conspiracy Watch » de Rudy Reichstadt dans des circonstances bien obscures.
Au-delà des chasseurs du complotisme attitrés, cet épisode de boycott raté montre néanmoins une l’inquiétude que peut susciter la vision très libertaire de la liberté d’expression chez le patron de X Elon Musk. Un raidissement qui pourrait peser alors que l’Union européenne et la France s’inquiètent de réguler l’information et les réseaux…