« Complotisme partout ! », tel était le mot d’ordre durant les journées entourant Noël dans la majorité des médias dits officiels. L’occasion de multiples mises en garde et de témoignages à pleurer debout devant la dinde. Deuxième exemple : Franceinfo.
Le premier article de cette mini-série a été consacré à un texte de propagande anti complotiste paru dans Le Monde. Il est consultable ici.
La maladie du complotisme
L’article du Monde était paru le 23 décembre 2020, les témoignages de Franceinfo sont diffusés et reproduits en forme d’article le 24 décembre. L’accroche la plus frappante est la même dans les deux articles : « j’ai perdu ma mère ». Chacun en tirera les conclusions qu’il jugera les plus adéquates.
L’accroche d’ensemble de l’article signé Benoît Zagdoun, journaliste de France Télévisions : « J’ai perdu ma mère : ils racontent comment les thèses complotistes autour du Covid-19 ont contaminé leurs relations avec leurs proches ». Plus précisément : « Ils ont un parent, un conjoint ou un ami qui a basculé dans le complotisme à cause de l’épidémie de Covid-19. Des divergences d’opinion qui ont transformé leur relation, les amenant parfois à couper les ponts. » Le verbe « contaminer » est édifiant.
Le Monde, Franceinfo, France Télévisions, même idée, donc, au même instant.
L’article de Franceinfo est issu d’un « appel à témoignages ».
Les données mises en avant dans les témoignages
- Le premier témoin, une fonctionnaire territoriale, le dit : « Il faut que je fasse le deuil de ma mère. Je n’y arrive pas. Ce n’est pas facile ». Que se passe-t-il ? Une maman junkie ? Pas du tout : la mère aurait « basculé dans le complotisme ». Sa mère, le témoin l’affirme : « Je ne sais plus qui elle est. C’est une inconnue qui me cache des choses. Cela m’effraie. C’est irréel ». Cela va loin : elle fait même tester son fils en cachette de la grand-mère.
- Témoignage suivant : une autre jeune femme a fait son deuil, de ses amies cette fois. Elle est enseignante à la retraite et a été obligée de couper les ponts avec deux amies de longue date « adeptes des médecines douces ». Le mot « adepte » référant au vocabulaire relatif aux sectes ne paraît pas choisi au hasard. Donc, les deux amies ? La première défendrait les thèses sur Bill Gates et Big Pharma. La deuxième « a rejoint les partisans de Didier Raoult». Diantre ! L’épidémiologiste auquel l’Etat a confié, à Marseille, l’hôpital et centre de recherches le plus récent en ce domaine et qui a le tort de ne pas être en accord avec la doxa officielle du ministère de la santé et de l’exécutif actuel. L’écouter suffit donc à transformer l’auditeur en complotiste et à détruire les familles. À en croire
- Autre témoin : elle a perdu sa meilleure amie, depuis l’école primaire, car elle « n’était pas sensible au discours de plus en plus extrême de son amie d’enfance. Elle n’avait pas voulu réagir aux messages et vidéos que celle-ci n’avait cessé de lui envoyer ». Elle lui a demandé d’arrêter : fin de l’amitié. Il faut dire que sa copine lui a dit : Eteins ta télé et allume tes neurones ». Un sain conseil pourtant. Elle pouvait aussi lui dire : « Analyse ce qu’on te dit, lis l’OJIM ».
Comme pour Le Monde, l’angoisse concernait le réveillon de Noël : n’allait-on pas s’entretuer ? Avec le recul, force est de constater que le repas de Noël 2020 n’a pas été plus meurtrier qu’à l’habitude, n’en déplaise aux prédictions du Monde et de Franceinfo.
Drames à OK covid
L’une des témoins s’emballe : « J’ai passé des heures au téléphone à essayer de lui faire comprendre. Je me suis forcée à regarder ses vidéos. C’est du lavage de cerveau. Ça me rend malade. On lui a fourni des documents, on lui a envoyé des liens… Rien ne marche. Elle ne retient que les infos qui vont dans son sens. » Une autre : « On s’est énormément disputées. J’ai passé des soirées à pleurer. C’est un vrai mal-être pour toute la famille. Ça nous bouffe. ».
Et cela toucherait même les couples. Ainsi, un autre témoin féminin a dû affronter son mari « qui s’est rapproché des thèses complotistes et des professeurs rassuristes ». Ils ont autour de 70 ans, alors ils n’en parlent plus.
Cependant, les témoignages ne proviennent pas uniquement de femmes ou de personnes âgées. Il y a aussi des jeunes, dont cet étudiant qui aurait perdu une amie qui « a sombré », ou comme cette autre « victime » tombée « dans une dérive sectaire », selon un autre témoin. Les personnes dont parlent les témoins vivraient dans une autre réalité.
Comme pour l’article du Monde, le journaliste ne s’interroge pas sur la liberté de pensée et d’expression, ni au sujet du drame tout relatif que peut en réalité constituer le fait d’écouter le professeur Raoult ou de visionner le film Hold-up. De la même manière, il n’y a aucun témoignage mesuré, pas plus l’idée qu’il devrait être possible de penser le monde autrement que le discours officiel.
Plus frappant, peut-être, une lecture des deux articles (celui du Monde est analysé ici) montre tellement de points communs qu’il est loisible de se demander s’il n’y aurait pas là des copiés-collés. À moins que ce ne soit rien de plus que des conceptions journalistiques clonées.