Gilles van Kote a démissionné jeudi 14 mai de sa fonction de directeur du journal Le Monde. La veille, la Société des rédacteurs avait crée la surprise en rejetant la candidature de Jérôme Fenoglio, le candidat des actionnaires, qui n’a obtenu que 55% des suffrages exprimés quand il en faut 60% selon les statuts du journal pour être élu.
« La décision du Monde libre [holding détenue par Pierre Bergé, Xavier Niel et Matthieu Pigasse, ndlr] de ne pas retenir ma candidature au poste de directeur puis le vote de la Société des rédacteurs du Monde qui a conduit au rejet de la candidature de Jérôme Fenoglio que je soutenais, me conduisent à mettre un terme à cette période et donc à démissionner de ma fonction de directeur du journal, membre du directoire du groupe Le Monde », a signifié Gilles Van Kote dans un message publié adressé à l’ensemble des salariés, avant d’appeler les actionnaires « à trouver en urgence, en concertation avec la Société des rédacteurs du Monde, une issue à cette grave crise de gouvernance ».
Cet épisode plonge à nouveau Le Monde dans la crise. En mai 2014, Natalie Nougayrède avait démissionné et l’intérim était depuis assuré par Gilles van Kote qui avait déjà accepté deux prolongations. Mais les actionnaires du groupe Le Monde, après avoir auditionné trois candidats à la succession, dont Gilles van Kote lui-même, avaient finalement choisi une quatrième personne, Jérôme Fenoglio, celui-là même qui vient d’être rejeté par la Société des rédacteurs. Celle-ci a déclaré dans un communiqué que cette candidature avait « visiblement pâti de l’attitude des actionnaires, qui ont prolongé l’intérim au-delà du raisonnable et contourné la procédure qu’ils avaient eux-mêmes mise en œuvre ».
Depuis le rachat du Groupe Le Monde par le trio d’actionnaires, en 2010, cinq directeurs se sont succédés : Éric Fottorino, Erik Izraelewicz (décédé brutalement en novembre 2012), Alain Frachon par intérim, Natalie Nougayrède et Gilles van Kote par intérim. La SRM estimant que « le manque de continuité au poste de directeur entraîne un déséquilibre dommageable pour notre collectivité » souhaite que s’ouvre désormais un « débat sur la gouvernance du Monde et la meilleure façon de sélectionner son directeur » avec les actionnaires…
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