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Nouvelle crise de nerfs à Libération

15 septembre 2020

Temps de lecture : 3 minutes
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Nouvelle crise de nerfs à Libération

Temps de lecture : 3 minutes

Depuis le départ de Laurent Joffrin, remplacé par Denis Olivennes à l’été 2020, on ne parle plus que de fonds à Libé. Ah les fonds ! Pas les fonds marins, plutôt les fonds d’investissement ou de « dotation pour une presse indépendante », puisque Patrick Drahi ne veut plus investir à fonds perdus (revoilà les fonds) dans un quotidien en perte de vitesse et a décidé de transférer le titre à un « fonds » justement.

Le fond du fonds

Pour ne pas touch­er le fond (san s) du fonds (avec s) que faut-il ? D’abord des admin­is­tra­teurs com­pé­tents. Lau­rent Jof­frin pressen­ti n’en sera finale­ment pas et vogue vers une car­rière poli­tique. On y trou­ve pour le moment Arthur Drey­fus directeur général d’Altice média et Lau­rent Hal­i­mi, directeur des fusions et acqui­si­tions … d’Altice Europe. Deux hommes liges de Patrick Drahi qui garde ain­si les com­man­des. Un troisième poste serait à pourvoir.

Les sous du fonds

Out­re les admin­is­tra­teurs il faut des fonds au fonds avec un pla­fond. Drahi s’engage à apur­er les dettes et à « assur­er le développe­ment du titre », une for­mule assez vague qui n’engage pas à grand-chose de pré­cis. Mais par­lons gros sous.

Les dettes seraient supérieures à 57M€. Bon prince Patrick Drahi, qui n’avait de toute façon pas d’autre solu­tion, les efface. Mais quid du futur déficit ? Quid du fonds de roule­ment ? Quid des ressources pour financer la clause de ces­sion des jour­nal­istes qui voudraient par­tir ? Pour tout cela Drahi offre un peu plus de 13M€. Une perte annuelle (esti­ma­tion basse) de 10M€, plus une clause de ces­sion à 2 ou 3M€, plus des frais de démé­nage­ment, plus peut-être une nou­velle for­mule à venir avec le nou­veau rédac­teur en chef….Tout juste de quoi sur­vivre en 2021 si les pertes ne s’aggravent pas, guère plus.

La structure du fonds

Tous ceux qui con­nais­sent la vie par­fois mou­ve­men­tée des fonds divers et var­iés savent que la clause de sor­tie ou de ces­sion est fon­da­men­tale. Or si le nou­veau fonds est inces­si­ble, il est pro­prié­taire d’un titre de presse qui lui est ces­si­ble. Prenons un exem­ple : je suis Patrick Drahi, j’ai déjà fait mon devoir en accor­dant 70M€ au fonds. Les pertes de 2020 ont explosé et les pertes prévis­i­bles en 2021 s’accroissent, hypothèse qui n’est pas absurde en ces temps dif­fi­ciles, je ne veux pas remet­tre au pot. Que fais-je ? Le fonds où fig­urent des admin­is­tra­teurs que j’ai nom­mé reven­dent le titre pour un mon­tant à dis­cuter. On pour­rait imag­in­er qu’un Xavier Niel pour­rait être intéressé dans la per­spec­tive de l’élection prési­den­tielle de 2022.

Un audit indépen­dant com­mandé par les salariés évoque un besoin de finance­ment non de 13M€ mais entre 30 et 40M€. De son côté, Patrick Drahi en esprit pra­tique a déjà ver­sé au fond 15M€ qui, prof­i­tant des avan­tages fis­caux de la presse, seront défis­cal­isés à 60%. Libéra­tion racheté en 2014 n’est plus utile aux affaires de Patrick Drahi. Et quand on ne sert plus à rien…

PS DERNIÈRE MINUTE : Les analy­ses du cab­i­net Tech­nolo­gia, man­daté par les salariés, pro­jet­tent des pertes de plus de14M€ pour 2020 soit plus de la moitié du chiffre d’affaires annuel.

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