Depuis les projets des actionnaires de transformer Libération en réseau social et la démission de Nicolas Demorand, les salariés sont entrés en révolte et ne comptent plus se laisser mener par leurs dirigeants.
Ainsi le nouveau directeur de Libé a‑t-il pu en faire le constat lors de sa prise de fonction. Mardi, les journalistes ont rédigé un article assassin à son encontre, dressant un triste portrait de celui qui a été nommé sans qu’ils en aient été informés. Lors de sa première prise de parole, mercredi, Pierre Fraidenraich a ainsi essuyé les huées et les hostilités de la part des salariés.
Lors de cette réunion, il a été vivement pris à partie. Les personnes présentes dans l’assemblée lui ont, entre autres, reproché d’être sarkozyste et d’être de droite, ce qui serait « contraire aux valeurs de Libé ». « Je suis comptable de la réussite de ce projet initié par les actionnaires, et c’est aux actionnaires que je rendrai compte », a rétorqué M. Fraidenraich, expliquant que son poste était opérationnel et non rédactionnel. Cela n’a pas suffit à apaiser les journalistes, qui ont dénoncé une totale méconnaissance de leur journal. « Si vous tenez vraiment à Libé, n’acceptez pas ce poste », a suggéré l’un d’eux.
Dès le lendemain, Fabrice Rousselot (photo), actuel directeur de la rédaction de Libération, annonçait sa démission. La veille, la direction avait annoncé chercher un « nouveau directeur éditorial ». Aussi, le portrait assassin du nouveau patron du journal, publié mardi, l’a été sans son autorisation, ni même sa relecture. Selon une source interne, Fabrice Rousselot ne souhaite pas jouer le rôle d’un tampon entre la direction et les salariés. Il a donc décidé de quitter son poste de directeur de la rédaction mais reste au sein du quotidien, en retournant à son rôle initial, celui de correspondant.
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Crédit photo : capture d’écran vidéo Libération via Dailymotion (DR)