Nous avons déjà parlé de l’OPA d’Elon Musk sur Twitter, une première incursion à 9% puis une OPA à 43 milliards de dollars. Notre correspondant en Amérique du Nord apporte un nouvel éclairage à cet assaut.
OPA/Appel au peuple
Ce n’est pas la première fois qu’un grand capitaliste, ou une richissime corporation, identifie une entreprise-proie, et traite directement avec ses actionnaires en une sorte d’appel au peuple hostile afin de faire un deal mano a mano pour prendre le contrôle de ladite proie en forçant la main du conseil d’administration et des dirigeants incompétents. Après tout, les affaires sont les affaires. Et, sans prendre le risque de l’inexactitude factuelle, il est plausible d’affirmer que les Titans et autres satrapes de l’Übercapitalisme mondial sont accoutumés à cette pratique qui permet au renard d’entrer dans le poulailler. Les affaires sont les affaires, et la solide morale financière de la main invisible d’Adam Smith étant ce qu’elle est, les entreprises se doivent d’être inclusives, ouvertes sur le monde, et tolérantes à l’égard des nouveaux entrants qui représentent une chance pour l’organisation. Faute de quoi, elles s’exposent à la rupture de grands remplacements venus subitement de nulle part, ce qui est tout à fait légitime, et même souhaitable. Vae victis!
Et pourtant, l’Observatoire du Journalisme (Ojim) est choqué de constater, dans l’affaire Twitter/Musk, que les Titans ne sont pas inclusifs, qu’ils sont fermés au monde, repliés sur eux-mêmes, et intolérants. De vulgaires populistes répulsifs et réfractaires au changement, en somme.
Explications et avenir de la civilisation
Il faut dire que l’homme le plus riche du monde, Elon Musk, génial entrepreneur et innovateur, compte mettre tout ce qu’il faut sur la table pour prendre le contrôle de Twitter, éliminer ses dirigeants, et retirer la compagnie du marché boursier. Et ce, pour un vil motif. Non pas par goût du lucre, mais afin de restaurer la confiance du public en la plateforme, de plus en plus désertée par les personnalités ou célébrités anxieuses de trouver un havre alternatif. Ce qui obère l’avenir de l’entreprise. Donc, pour Musk, il s’agit de préserver ce forum (public square) qui était la raison d’être de la plateforme Twitter. C’est en fait l’avenir de la civilisation qui est en jeu, ainsi qu’il l’a affirmé lors de la récente conférence TED de Vancouver : “mon intuition me dit très fortement… que disposer d’une plateforme publique qui soit absolument digne de confiance et très largement inclusive, est d’une extrême importance pour l’avenir de notre civilisation… la vérité est importante pour moi. C’en est presque pathologique.”
Diabolisation structurée
Assis sur 260 milliards de dollars, Elon Musk était un homme “controversé” mais respecté, en tout cas jusqu’à la semaine du 11 avril 2022 ( son offre a officiellement été présentée le 13 avril). Le cours de l’action, en chute pendant de longs mois, a progressé de plus de 30% après le 4 avril, jour où Musk avait confirmé qu’il avait acquis en deux semaines 10% du capital, devenant l’actionnaire principal de Twitter). Avant cette date, les rumeurs avaient germé, les médias de grand chemin semblaient inquiets, préoccupés. À ceci succéda une diabolisation structurée de l’entrepreneur, ravivant des flammes oubliées lorsqu’il faisait partie du club : ses remarques sur la gestion du Covid, les problèmes que son utilisation prolifique de Twitter auprès de ses 80 millions d’adeptes avaient pu lui causer avec la commission des opérations de bourse (la SEC) au sujet de Tesla, et les fuites qui s’ensuivirent.
Très vite, et pour faire bonne mesure, les commentaires ont ensuite débordé sur l’accusation de racisme , comme il se doit pour un sudafricain. Car Musk, ayant demandé à ses 80 millions de suiveurs sur Twitter si la plateforme favorisait en l’état la libre expression (avec une réponse massivement négative), vient de déclarer la guerre au régime qui la lui rendra au centuple. Tucker Carlson résume assez bien ici la situation : on a beau être le plus riche du monde, quand les oligarchies ne le veulent pas, on ne passe pas. La résistance sera donc très forte. Musk le sait, et admet que son opération n’est pas gagnée.
La preuve en est que le prince al-Walid bin Talal, important actionnaire de Twitter, s’oppose fermement à l’OPA d’Elon Musk. Il est ô combien rassurant de voir un représentant d’un pays allié, membre de la coalition des défenseurs de la démocratie contre la dictature dans le monde, faire barrage à cet investisseur qui a tout l’air d’un Trump sous stéroïdes. En espérant qu’il n’en aura pas les défauts.
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