Le dimanche 9 juillet 2023, Pap Ndiaye ministre de l’éducation nationale sur la sellette, était l’invité du commissaire politique Frédéric Haziza sur Radio J. Au cours de l’entretien, le ministre de l’Éducation a été interrogé sur la grève qui sévit depuis trois semaines au Journal du Dimanche suite à la nomination de Geoffroy Lejeune, récemment licencié de Valeurs actuelles, à la tête de la rédaction. Nous avons alors assisté à un énième numéro d’antifascisme de salon, ainsi qu’à une nouvelle salve contre Vincent Bolloré.
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Soutien aux grévistes du JDD
Tout d’abord le ministre de l’Éducation a affirmé qu’il fallait « évidemment » soutenir la grève du JDD. Une petite phrase anodine mais qui ferait scandale si elle émanait d’un ministre russe ou chinois. L’ingérence dans les affaires médiatiques d’un ministre est un gros coup mis à l’indépendance de la presse. Mais pourquoi soutenir cette grève ? Nos lecteurs le savent. Avouons d’ailleurs que cette rengaine en devient lassante à force : parce qu’il faut soutenir les médias qui ne veulent pas rentrer dans la galaxie des publications ou médias proches de « l’extrême droite ». La manière dont le ministre sort cette formule est intéressante, nous y reviendrons. Plus loin dans l’interview, Haziza, toujours en bonne place lorsqu’il s’agit d’obtenir des déclarations anti-extrême droite des politiques, demande si Europe 1 et CNews sont d’extrême droite, ce à quoi Ndiaye répond que « CNews c’est très clairement d’extrême droite » avant de conclure que ces médias « font du mal à la démocratie, y a aucun doute ».
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La réponse ne s’est pas fait attendre. Dès le lendemain, Laurence Ferrari dans son émission Punchline, diffusée en même temps sur Europe 1 et Cnews, a répondu au ministre. L’animatrice brocarde une déclaration faite « toute intelligence bue », avant de remettre les pendules à l’heure et de rappeler au ministre de l’Éducation les chantiers qui sont les siens au moment où les Français ne cessent de dégringoler dans les classements internationaux. Elle brocarde également l’hypocrisie de Ndiaye, vantant les vertus du public mais scolarisant ses enfants dans le privé.
Une forme un peu confuse
Sur la forme, la déclaration est intéressante. Le ministre sort sa phrase en cherchant ses mots, il commence une phrase puis la coupe pour la reformuler, l’impression donnée est celle d’un script préétabli que le politique ressort comme un automate, en pilote automatique. Rien de neuf de ce côté tant ce refrain de lutte contre l’extrême droite est inscrit dans l’ADN de nos gouvernants. Mais cela montre également que le ministre n’apporte pas une once de réflexion à cela, se contentant de répéter son texte comme un bon soldat de la République version 2023. Pas étonnant donc, dans cet état de confusion mentale, de voir un média avec une ligne conservatrice être catalogué à l’extrême droite.
Cette phrase est un nouvel épisode de la guerre déclarée entre les autorités publiques et le groupe de Vincent Bolloré. Déjà, en début d’année 2023, la ministre de la Culture Rima Abdul-Malak avait menacé CNews de perdre sa fréquence de diffusion. Une phrase qui avait là aussi fait réagir, une phrase qui va à l’encontre de tout ce décorum d’indépendance de la presse et de liberté d’expression que l’on nous ressert à longueur de journée. Dans son intervention, Pap Ndiaye agite lui aussi une menace masquée à la toute fin en affirmant que tous les moyens doivent être mis en place pour lutter contre l’extrême droite. Prenons-nous au jeu et interrogeons-nous, qu’est-ce que ça veut dire ? Faut-il interdire CNews et Europe 1 ? Censurer le JDD ? Encore une fois, dans d’autres pays, ces phrases auraient fait hurler à la pression sur l’indépendance des médias.
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L’un des principaux reproches faits à Bolloré est de « purger » les structures qu’il reprend pour y mettre des personnes plus en accord avec la ligne éditoriale qu’il souhaite implanter, supposément d’extrême droite. Cela passe par des licenciements, des coupes budgétaires, etc. Mais là encore, cela choque car il s’agit de Bolloré. Lorsque Delphine Ernotte a licencié Pujadas ou Lepers, et pire quand elle fait la chasse aux blancs de plus de 50 ans, personne ne trouve rien à redire…