Alors que le synode de l’Église s’est terminé le 29 octobre 2023, que faut-il en retenir ? Le 13 mars 2013, il y a dix ans, le pape François succédait à Benoît XVI à la tête du Saint siège. Pour certains, il incarnait la “modernité”, un souffle d’espoir ; et pour d’autres, il suscite la crainte et l’inquiétude. Réactions de quelques médias.
Des réformes ambivalentes
Au cours des dix années de son pontificat, le premier pape jésuite a entrepris des réformes souvent controversées et plutôt “modernes”, notamment l’adoption de “Laudate Si” analysant les questions environnementales ou encore “Motu Proprio” où il a considérablement restreint le champ des possibilités de célébrer des messes en latin (Ouest-France).
Lors de sa première homélie à la Chapelle Sixtine le 14 mars 2013, il avait alerté sur les risques que l’Église se transforme en “une ONG humanitaire, mais non l’Église du Seigneur” avant d’ajouter « Quand on ne confesse pas Jésus-Christ, on confesse la mondanité du diable, la mondanité du démon ». De fait, certains estimaient légitimement que son pontificat s’inscrirait dans la lignée de son prédécesseur, Benoît XVI. Pourtant, dix ans après, force est de constater que c’est bien l’inverse qui s’est produit.
La question migratoire
Si la question migratoire a été abordée à de nombreuses reprises, c’est pour marteler la “nécessité d’un accueil quasi-inconditionnel, sur l’impératif d’ouvrir grandes les frontières à tous ceux « qui fuient la guerre et la faim » et qui a transformé, dans l’encyclique Fratelli tutti, le concept théologique de « destination universelle des biens de la terre » en une sorte de droit de réquisition universelle des migrants sur le pays de leur choix.”
À travers Fratelli Tutti, il mettait en exergue l’importance des peuples à préserver leur identité culturelle et religieuse, pour Valeurs Actuelles, il “devrait pouvoir comprendre que le vent de l’histoire a tourné, et que ce sont aujourd’hui les pays occidentaux qui sont menacés dans leur identité par la mondialisation, et notamment par l’immigration massive”.
Plus tard, lors de son voyage en France en septembre, il n’a pas hésité à rappeler que “Marseille est la capitale de l’intégration” et que cette ville est “Une porte ouverte depuis toujours […] Elle ne peut être fermée à cause de deux mots : invasion et urgence […] Marseille est le sourire de la Méditerranée.” (RCF).
À l’inverse, Benoît XVI déclarait que les “États ont le droit de réglementer les flux migratoires, de défendre leurs frontières, et de le faire dans le respect de la dignité de chacun” et soulignait davantage la nécessité de l’intégration et du respect des lois “et de l’identité nationale” (La Croix).
Décliner ou changer ?
D’après Odon Vallet, historien des religions, “Le pape François veut changer l’Église. Selon lui si l’Église n’évolue pas elle risque de décliner”. Face aux nombreuses prises de position plutôt progressistes, cinq cardinaux originaires de différents continents ont publiquement demandé au pape de réaffirmer la doctrine catholique sur les couples gays et l’ordination des femmes. En effet, le 8 novembre, le dicastère pour la doctrine de la foi a publié un document répondant à un évêque brésilien affirmant que les fidèles transgenres et enfants nés de la GPA peuvent être baptisés. En vertu des nouvelles règles de l’Église clarifiées par le pape, certains catholiques transsexuels peuvent aussi devenir parrains d’enfants et servir de témoins lors de mariages. Le 19 novembre 2023, il a invité 44 transsexuels à déjeuner au Vatican.
En réponse à certaines réactions hostiles des conservateurs, il a déploré lors des JMJ “l’attitude profondément réactionnaire” de certains des catholiques américains qui se réfugieraient dans l’”idéologie” et les a appelés à plus de “compréhension des questions de foi et de morale” (Valeurs Actuelles).
Alors que le pape François semble entrer de plus en plus dans l’ère moderne voire moderniste, cette transition ne se fait pas sans provoquer certaines tensions, — parfois vives — avec une partie des fidèles de l’Église catholique.