Alors qu’il dévoile pourtant les coulisses de la fabrication du dernier numéro de Charlie Hebdo (et donc le premier après l’attaque), le New York Times n’a pas publié la couverture de l’hebdomadaire représentant le prophète Mahomet.
Le quotidien américain se contente d’écrire que Charlie Hebdo « montre le prophète Mahomet tenant une pancarte où l’on peut lire “Je suis Charlie”, surmonté du titre “tout est pardonné” sur un fond vert », sans toutefois montrer le dessin en question. « Après mûre réflexion, la direction du New York Times a décidé qu’une description des caricatures donnerait suffisamment d’éléments aux lecteurs pour comprendre la situation », a expliqué un porte-parole du quotidien.
Mais le journal de référence des démocrates est loin d’avoir été le seul à céder à la pudeur. CNN, Fox News, The Independant ou encore les agences Reuters et Associated Press ont fait de même. « Nous ne publions pas d’images délibérément provocantes, c’est notre politique depuis des années », s’est par ailleurs justifié AP.
Une posture qui n’est pas sans déplaire au quotidien israélien Haaretz. Dans une tribune, Todd Pitock estime qu’« en censurant les caricatures de Charlie Hebdo, les médias anglo-saxons ont cédé à la pression des djihadistes ». Et d’en remettre une couche en considérant que « se demander si les images sont drôles ou blessantes revient à comparer les dessinateurs français à des victimes de viols qui auraient eu des jupes trop courtes ».
En revanche, le Washington Post n’a pas hésité, au moment des attaques contre Charlie Hebdo, à publier dans ses colonnes la couverture de « Charia Hebdo » avec Mahomet en vedette. Devant la pression des internautes mécontents, nul doute que certains journaux pourraient à leur tour revoir leur politique.