Rediffusion estivale. Première diffusion le 19 juillet 2021
Les déclarations du président de la République lors de son allocution lundi 12 juillet 2021 n’ont pas laissé une grande partie de l’opinion publique et des médias indifférent. La pression mise sur les Français pour qu’ils se fassent tous vacciner et les restrictions à la libre circulation ont commencé à créer de gros remous. L’avenir nous dira quelle suite y sera donnée. La présente revue de presse vise à cerner les principaux thèmes de cette actualité et leur traitement journalistique.
Les pro-vaccins déchainés sur les chaînes d’information en continu
On peut s’être fait vacciner, être en faveur de la vaccination, être attaché à la liberté individuelle et opposé aux mesures coercitives. François-Xavier Bellamy a dans une tribune parue le 14 juillet dans Le Figaro exprimé ce point de vue, qui est fort peu représenté dans les médias de grand chemin. A contrario, nombre d’entre eux ont organisé depuis quelques semaines un véritable lynchage verbal des Français réticents à la vaccination. Bien souvent, tout débat contradictoire sur le sujet a été absent et la harangue a tenu lieu de seul procédé rhétorique. Le plus virulent des journalistes a été Emmanuel Lechypre qui affirmait à l’adresse des non vaccinés le 29 juin sur les plateaux de RMC :
« je vous ferai emmener par deux policiers au centre de vaccination ».
La stratégie sanitaire du gouvernement : incohérence et contradictions à répétition
Quelques rares médias ont souligné les vicissitudes de la stratégie sanitaire du gouvernement.
Le média Brut en fait partie. Il a mis à disposition des internautes sur YouTube une vidéo de 3 minutes expliquant « comment la position de Macron a évolué ». En fait d’évolution, on constate qu’il s’agit d’un virage à 180°.
Sur la chaîne TV Libertés, l’émission I>Media du 15 juillet a ressorti les propos de la présidente de la commission des lois de l’assemblée nationale il y a quelques mois : elle affirmait alors qu’un commerçant qui exigerait la présentation du passe sanitaire à un client …serait susceptible d’être poursuivi !
Ce sera bientôt au contraire une amende de 45 000 euros et une peine d’un an d’emprisonnement que risqueront les commerçants qui ne contrôleraient pas le passe sanitaire de leurs clients, nous informe factuellement la radio affiliée à l’État français France info le 14 juillet. Qu’un commerce puisse être acculé à la faillite en cas de négligence en la matière ne suscite de la part du journaliste aucun commentaire…
L’immigration clandestine « open bar » alors que les Français sont sous surveillance étroite
Plusieurs internautes soulignent sur Twitter la contradiction du gouvernement qui, d’un côté, apporte de fortes restrictions à la liberté de circulation des Français, et de l’autre, laisse entrer et se maintenir sur le territoire des centaines de milliers de clandestins.
Jean-Frédéric Poisson fait le constat que « ça se confirme, si les frontières sont des passoires, les vies quotidiennes de nombreux Français sont des prisons ». Le tweet de Sébastien Pilard connait un grand succès sur les réseaux sociaux :
« Surveiller des dizaines de milliers de fichés S : impossible. Contrôler des centaines de milliers de sans-papiers : impossible. Contrôler nos frontières : impossible. Surveiller et contrôler des dizaines de millions de Pass sanitaires : possible ».
En écho, LCI nous apprend le 28 juin que face à l’afflux de sans-papiers dans les Hautes-Alpes, « les associations demandent un plan d’hébergement au plus vite ».
Le site d’information Infomigrants a fait une série de reportages parus début juillet sur « Bayonne, ville étape sur la route des migrants ». On y apprend que c’est un flux continu de clandestins qui arrive en France par la frontière franco-espagnole. Et eux, ils présentent leur pass sanitaire ou leurs faux papiers aux douaniers qu’ils n’ont pas rencontrés ?
Le passe sanitaire illico sur les rails, les fausses cartes vitales continuent à prospérer
Le magistrat Charles Prats a souligné dans son livre « Cartel des fraudes » l’importance de la fraude sociale, qui passe notamment par des retraites versées indument et la falsification des cartes vitales. Sa proposition visant à lutter contre la fraude en instaurant une carte vitale biométrique a été balayée d’un revers de main par le gouvernement.
Par contre, on apprend notamment par France bleu le 15 juillet que « Pour réaliser ces QR codes (du pass sanitaire, NDLR), les autorités ont travaillé avec des spécialistes de la cryptographie. Ces éléments sont donc normalement infalsifiables ».
Cela amène Les Bobards d’or à souligner sur Twitter :
« impossible de s’occuper de 3 millions de fausses cartes vitales qui coutent aux Français 14 milliards d’euros par an, mais pour le pass sanitaire, ils te sortent un truc infalsifiable en 2 semaines ».
Vu de l’étranger
Voir comment les mesures adoptées en France sont vues de l’étranger permet d’avoir un peu de recul. Sur le site Heidi news, l’appréciation est peu flatteuse : « Vu de Suisse, l’autoritarisme de Macron est surréaliste ».
Le site Reopen de l’Union européenne fait un tour d’Europe des mesures prises par les différents états membres mais sa vocation « touristique » lui fait faire l’impasse sur les obligations imposées à certaines catégories de travailleurs. Le quotidien britannique The Guardian souligne que « la stratégie massue de vaccination, (adoptée par le gouvernement français NDLR) va bien plus loin que celle adoptée par la plupart des gouvernements ».
Il est difficile de trouver sur la toile ou dans les médias un état de lieux des mesures restrictives prises à travers le monde pour lutter contre la propagation du coronavirus. Un article disponible sur le site de la version espagnole de France 24 permet de constater que la France fait partie des rares pays ayant adopté des mesures coercitives très fortes.
À voir l’effervescence sur les réseaux sociaux et l’impressionnante liste des manifestations de protestation contre les mesures du gouvernement qui se sont tenues samedi 17 juillet et qui seront certainement suivies par d’autres, l’Observatoire du journalisme aura l’occasion de revenir sur la couverture médiatique de ce sujet. Avec le passe sanitaire, le président de la République semble avoir amorcé un engrenage, dont l’avenir, et les médias, nous diront s’il l’empêchera de se représenter, ou s’il lui permettra d’apparaitre comme l’homme providentiel.
L’éditorialiste Guillaume Bigot a rhabillé Emmanuel Macron pour l’été : « Je vous présente l’énarque terminal qui veut marquer l’histoire en supprimant les régimes spéciaux ! Trop dur sur le sanitaire et le social (le modèle Bruxelles-chinois) et trop mou sur le régalien, il fait le contraire de ce que veulent les Français ! ».