En 2005 la presse écrite française consommait un peu moins d’un million quatre cent cinquante mille tonnes de papier par an. En 2011 les chiffres sont d’un million de tonnes, une diminution du tiers. De 2007 à 2012 la publicité de la presse écrite a également diminué du tiers, seulement moins 9% pour la PQR (presse quotidienne régionale) mais moins 55% pour la PQN (presse quotidienne nationale).
Ces chiffres effrayants sont ceux d’un spécialiste incontestable des médias, le professeur Patrick Eveno (Paris 1, Panthéon/Sorbonne). Il nous prévient : la généralisation du numérique représente un véritable changement de civilisation. Le journal est un instrument de communication fermé. Internet est ouvert, accessible aussi bien sur un téléphone intelligent, un ordinateur que sur une tablette. Patrick Eveno parle joliment de « miroir aux tablettes » pour l’avenir immédiat des revenus financiers dérivés des tablettes mais il souligne aussi le changement de paradigme autour des tablettes/téléphones pour les nouveaux modèles économiques à construire
L’avenir ? Plus de contenu, sur le papier comme en ligne. Certains comme le Financial Times veulent s’affranchir du papier. D’autres privilégient des modèles mixtes. Mais les grands titres français, coûtant de plus en plus cher (1.60€ pour Le Monde) avec de moins en moins de contenu (fermeture des bureaux à l’étranger, absence de spécialistes, moins d’argent pour les enquêtes) ont du souci à se faire. La mort soudaine d’Éric Israelewicz sous tension par ses actionnaires et sa rédaction est un symptôme.
Patrick Eveno est l’auteur de nombreux ouvrages sur la presse dont un indispensable « Histoire de la presse française. De Théophraste Renaudot à la révolution numérique », Flammarion, 2012.
Source : envoyé spécial, La presse au futur 2012, table ronde organisée par la SEPREM, Cap 15, 28 novembre 2012.
Sur le même sujet voir aussi notre recension de Jean Stern, Les patrons de presse, tous mauvais, La Fabrique, 2012