Ojim.fr
PUBLICATIONS
Yann Barthès, Dilcrah, Netflix, Frontex, Bellingcat... Découvrez les publications papier et numériques de l'Observatoire du journalisme.
→ En savoir plus
PUBLICATIONS
Yann Barthès, Dilcrah, Netflix, Frontex, Bellingcat... Découvrez les publications papier et numériques de l'Observatoire du journalisme.
→ En savoir plus
Philippe Carli (EBRA) : 5 jours pour faire tomber une tête

7 février 2025

Temps de lecture : 4 minutes
Accueil | Veille médias | Philippe Carli (EBRA) : 5 jours pour faire tomber une tête

Philippe Carli (EBRA) : 5 jours pour faire tomber une tête

Temps de lecture : 4 minutes

Sous pression, le patron du « premier groupe de presse français » démissionne après avoir « aimé » des messages de Sarah Knafo et Marion Maréchal.

Le président du groupe de presse EBRA (Est Bourgogne Rhône Alpes), sous la pression des syndicats (CGT et Syndicat National des Journalistes) a été obligé de démissionner de ses fonctions le 28 janvier dernier. Son crime : avoir « liké » (aimé) sur son compte LinkedIn des publications des députés européens Sarah Knafo (Reconquête!), Marion Maréchal (Identité Libertés), de Matthieu Valet (Rassemblement national) ou des « prises de positions chantant les louanges de la politique de Viktor Orbán ou réclamant plus de fermeté contre les étrangers. »

Dénonciation du SNJ

Ce scan­dale dans le micro­cosme médi­a­tique a éclaté le 23 jan­vi­er à la suite d’une enquête du Syn­di­cat Nation­al des Jour­nal­istes et de Medi­a­part.

Si la liseuse PDF ne s’af­fiche pas, vous pou­vez télécharg­er directe­ment le fichi­er en suiv­ant ce lien.

Devant la tem­pête soulevée au sein des rédac­tions des neufs quo­ti­di­ens de L’Al­sace, Le Bien pub­lic, Le Dauphiné libéré, Dernières Nou­velles d’Al­sace, L’Est répub­li­cain, Le Jour­nal de Saône-et-Loire, Le Pro­grès, Le Répub­li­cain lor­rain et Vos­ges Matin, détenus par le groupe de presse EBRA, le tout aux mains du Crédit mutuel Alliance fédérale, Philippe Car­li avait d’abord affir­mé que son compte LinkedIn était géré par une autre per­son­ne, avant de présen­ter un « mea cul­pa » dans les jour­naux du groupe le 26 janvier :

« En “likant” récem­ment des con­tri­bu­tions de comptes et de per­son­nal­ités poli­tiques sur les réseaux soci­aux, j’ai provo­qué des réac­tions et des inter­ro­ga­tions, au sein de notre groupe de presse, sur ma neu­tral­ité poli­tique. Oui, ma pra­tique rapi­de des réseaux soci­aux a été mal­adroite. J’en suis désolé. Ce n’est pas ce que je suis en tant qu’homme et dirigeant d’un groupe de presse indépen­dant. Ces réac­tions ne représen­tent en rien un sou­tien à quel­conque par­ti, courants poli­tiques ou tout autre mou­ve­ment extrémiste. Au con­traire, mes valeurs per­son­nelles comme mes engage­ments asso­ci­at­ifs m’ont tou­jours placé dans un seul camp, celui de l’humanisme, du respect des autres, de l’intégration, dans l’opposition au racisme, aux dis­crim­i­na­tions, au sex­isme. Je veux solen­nelle­ment vous en assur­er. »

5 jours pour faire tomber une tête

Ce qui inter­roge dans cette his­toire, c’est la rapid­ité (5 jours) avec laque­lle le Syn­di­cat Nation­al des Jour­nal­istes a obtenu la tête de Philippe Car­li et les caiss­es de réso­nance (Le Parisien, Libéra­tion, Le Monde, etc) dont béné­fi­cie ce syn­di­cat claire­ment mar­qué à gauche et à l’extrême-gauche et qui n’hésite pas à affich­er claire­ment sa lutte con­tre « l’extrême-droite » (Rassem­ble­ment nation­al, Recon­quête!) comme une priorité :

Le syn­di­cal­isme fait reculer l’extrême droite. Syndiquez-vous.

[image or embed]

— Aurélien Boudon (@aboudon.solidaires.org) 29 jan­vi­er 2025 à 09:54

Ne pas laiss­er le sou­tien à l’ex­trême-droite se banalis­er. Nul part, jamais.

Belle action du @snjournalistes.bsky.social

[image or embed]

— Simon Duteil (@simon.duteil.solidaires.org) 28 jan­vi­er 2025 à 20:07

Dans son com­mu­niqué, le Syn­di­cat Nation­al des Jour­nal­istes note « qu’un patron témoigne de ses opin­ions avec ses “like”, sur un réseau social ouvert à la con­sul­ta­tion publique de tous ses mem­bres, pourquoi pas ? D’autres que lui ne s’en privent pas. Mais qu’il le fasse en tant que dirigeant du plus grand groupe de presse quo­ti­di­enne régionale de France est, pour le SNJ, bien plus prob­lé­ma­tique, dans la mesure où sa notoriété et ses respon­s­abil­ités enga­gent indé­ni­able­ment les rédac­tions, dont les lignes édi­to­ri­ales sont réputées être indépen­dantes et apolitiques. »

EBRA pro-Macron, pas de problème

Pour­tant, lorsqu’en avril 2022, Nico­las Théry (ancien con­seiller de Dominique Strauss-Kahn), prési­dent du Crédit Mutuel Alliance fédérale qui cha­peaute le groupe de presse EBRA, avait écrit à ses admin­is­tra­teurs avant le sec­ond tour de la prési­den­tielle pour leur dire qu’il « voterait Macron », le SNJ n’avait pas dénon­cé une quel­conque ingérence poli­tique dans la ligne édi­to­ri­ale des 9 quo­ti­di­ens du groupe. Bien au con­traire, car dans le même temps, le SNJ appelait ses « mil­i­tants, adhérents et sym­pa­thisants du SNJ à par­ticiper mas­sive­ment aux rassem­ble­ments uni­taires « Non » à l’extrême droite, pour la jus­tice et l’égalité ! » afin de rejeter « Marine Le Pen » et « d’empêcher l’avènement d’un pro­jet de société destruc­teur de l’État de droit, de la république démoc­ra­tique sociale et sol­idaire que nous défendons chaque jour. Il s’agit de dénon­cer son pro­gramme trompeur qui frap­perait dure­ment les plus faibles, les plus dému­nis, les femmes, les per­son­nes LGBTI ou étrangères. »

Voir aussi

Vidéos à la une

Derniers portraits ajoutés