Emmanuel Ratier, directeur du « Libre journal de la résistance française » sur Radio Courtoisie, a invité le 9 janvier 2013 Philippe Cohen à parler de sa biographie de Jean-Marie Le Pen, récemment parue, qu’il a cosigné avec Pierre Péan. Il n’en a pas fallu plus au militant d’extrême-gauche et journaliste au Monde Abel Mestre pour sortir un carton rouge. Il a en effet publié dès le lendemain un article intitulé « Philippe Cohen, biographe de Le Pen, promeut son livre en eaux troubles » sur son blog « droites-extrêmes ». « Mais où va Philippe Cohen ? » se demande gravement notre arbitre des élégances qui souligne, à charge pour le pauvre Cohen, que « le ton de l’émission » était « très cordial » !
Emmanuel Ratier qualifié d’« archiviste obsédé par les complots de toute nature » a répondu à l’auteur de l’article qu’il ne se reconnaissait pas dans les thèses « complotistes » mais qu’il croyait à « l’influence des réseaux et des clubs d’influence que, par commodité lexicale, on appelle souvent en français “lobbies” » « Le Monde consacre régulièrement des articles aux “lobbies” très actifs à l’Assemblée nationale sans que Le Monde soit alors taxé de “complotisme” », a‑t-il fait remarquer dans un mail publié à la suite de l’article d’Abel Mestre.
Le livre de Péan et Cohen, sans parti-pris, tente de rétablir certaines vérités concernant Jean-Marie Le Pen et de montrer comment la gauche s’est accommodée de pieux mensonges dans le cadre de la stratégie délibérée de « diabolisation » qu’elle avait élaborée, stratégie à laquelle Jean-Marie Le Pen, s’est néanmoins prêté de bon cœur.
Mais écrire sur Jean-Marie Le Pen sans véhiculer le folklore savamment mis en place depuis trente ans semble s’apparenter à un acte de haute trahison pour certains journalistes de gauche. Pour Mestre, cela ne fait ainsi aucun doute : « Le livre se pose en défenseur de Jean-Marie Le Pen sur plusieurs sujets, au premier rang desquels l’antisémitisme et la torture en Algérie. »
Sur la question du soutien de Marine Le Pen à son livre, Philippe Cohen a confessé à Emmanuel Ratier s’être laissé convaincre par l’analyse du même Abel Mestre selon laquelle ce soutien procéderait d’une démarche purement stratégique visant à le délégitimer. « Quelqu’un qui est accusé par la gauche d’agir en faveur du Front National, si Marine Le Pen dit il “est formidable”, ça ne lui donne pas un coup de main… », a‑t-il expliqué en riant.
Abel Mestre cité positivement sur Radio Courtoisie aurait-il eu peur d’être aspiré par ces « eaux troubles » qui semblent tellement le fasciner ?
Suite à la parution de sa biographie, Philippe Cohen a quitté la rédaction de Marianne où il occupait notamment le poste de rédacteur en chef de la version web de l’hebdo. Le 24 novembre, Maurice Szafran, PDG de Marianne, attaquait en effet violemment le livre sur deux pages, accusant celui-ci d’être « une entreprise de blanchiment idéologique »… Philippe Cohen sera alors contraint de réclamer un droit de réponse dans son propre journal…
« Ce n’est pas seulement ma bio qui a fait que je quitte Marianne », a pourtant assuré Philippe Cohen à Emmanuel Ratier. « Je suis entré dans un journal iconoclaste, censé dire la vérité aux lecteurs, et Marianne est devenu un journal de gauche qui a du mal à trouver sa place entre Les Inrocks et Le Nouvel Obs et je ne m’y retrouvais plus », a‑t-il expliqué à l’antenne.