Mediawan vous connaissez ? Prononcez Media One comme en anglais, le premier indépendant (enfin indépendant…) dans la production de contenus en Europe. Petit Mediawan deviendra grand ? En tout cas de riches fées se tenaient au dessus de son berceau, et avaient même tissé ses langes dorés.
Un peu d’histoire
Ça commence comme les Trois Mousquetaires (ils étaient quatre, mais attendez un peu). Matthieu, l’homme de toutes les situations et de la Banque Lazard, propriétaire des Inrocks, Le Monde, et autres principautés médiatiques. Et Xavier, l’empereur de l’opérateur Free et autres multiples participations dans l’information et ailleurs. Enfin Pierre-Antoine, l’homme qui a un troisième œil dans la production télévisuelle. Matthieu Pigasse, Xavier Niel et Pierre-Antoine Capton prennent un verre de (bon) pur malt chez l’un, ou chez l’autre. Et si on investissait 400 millions d’euros dans la production de contenus ? dit l’un (ou l’autre). Allez, on le fait dit le deuxième. Ils l’ont fait. Récit.
Encore un peu plus d’histoire
Créons un SPAC dit le troisième. Un SPAC ? Autrement dit un véhicule d’acquisition côté en bourse. Une procédure classique aux États-Unis mais peu utilisée en Europe. En avril 2006 le fameux SPAC lève 230 millions d’euros.
Les emplettes commencent. On achète quoi ? Le groupe AB par exemple, un bon éditeur de contenus dans le monde francophone, 12000 titres au catalogue. Mediawan l’ingère en mars 2017. Un peu plus tard on met dans son cabas (Vuitton) CCC qui diffuse la série Apocalypse, distribuée dans 165 pays. Au passage on digère 100% de RTL9 via AB, vous suivez ?
Les hommes sont mortels et à la disparition de Pierre Bergé en septembre 2017, Pierre Lescure (ex Canal+) le remplace à son poste de direction du Conseil de Surveillance. Il fera office de quatrième Mousquetaire.
En 2018, les choses s’accélèrent, rachat d’Europacorp pour ses activités Europe, de Maker ever le producteur de Cherif, enfin de Monvoisin Prod père de la série à succès Dix pour cent.
Et maintenant, que vais je faire ?
Grossir, toujours grossir. Concurrencer Netflix, Disney, Endemol, Banjay et autres Amazon. Mediawan lorgne du côté des dépouilles de l’empire Lagardère. Il y a quelques pépites, comme la chaine enfants acquise en 2013 Gulli diffusée sur la TNT et très profitable. Pour faire quoi ? Exactement la même chose que les autres. Surtout pas quelque chose de différent. De l’entertainment (prononcer enteure taine mante), du pur divertissement au kilomètre, EBITDA (profits avant impôts et amortissements) garanti. Un opium du peuple revu avant-garde. La société est déjà valorisée 400M€ (Le Figaro, 8 avril 2018, propos recueillis par Enguérand Renault).
Dormez braves gens, Xavier, Matthieu, Pierre Antoine et Pierre veillent sur votre sommeil comme sur vos moments de loisir. Quel mauvais esprit a pu parler d’excessive concentration des médias ? Les contenus (Mediawan, Le Monde) nourrissent les véhicules (Free). Les véhicules diffusent les contenus, la main invisible d’Adam Smith se fait de plus en plus visible.