Rome n’est plus dans Rome et Pigasse n’est plus dans Lazard (la banque) mais dans une structure moins prestigieuse. Au même moment, son influence sur Le Monde est quasi réduite à rien et son empire médiatique se réorganise sur fond de crise.
Heurs et malheurs des Inrocks
Les ventes officielles de l’hebdomadaire auraient avoisiné e les 30000 exemplaires en 2020 un chiffre qui ne tient pas compte de la période « confinement Covid » d’une partie de 2020 et qui inclut des « ventes aux tiers » (en clair, exemplaires quasi gratuits donnés à différents acteurs) ; la réalité doit être nettement en-dessous au printemps 2021.
Alors qu’Élisabeth Laborde avait lancé un plan social en 2017, tout en virant manu militari certains journalistes dans la pseudo-affaire de la Ligue du LOL, entraînant 27 départs au total en 2018, l’hémorragie se poursuit. Les journalistes qui trouvent un poste ailleurs — une poignée à l’automne 2020, encore deux au printemps 2021 — quittent le navire. Ils ne sont plus qu’une dizaine de journalistes dans une structure devenue squelettique.
Voir aussi : L’arroseuse arrosée, Élisabeth Laborde licenciée des Inrocks
Inrocks, joue contre joue
Joue contre joue, pardon Cheek Magazine c’est le tout en ligne néo-féministe de Pigasse. Cheek to cheek, pardon Magazine c’est surtout du « brand content » pour les marques ayant un public féminin. Le brand content c’est notre bonne vieille publicité masquée : la marque paye un certain montant et obtient un article qui a l’air tout à fait normal mais constitue une publicité déguisée plus efficace qu’une annonce classique. La recette de la plupart des magazines féminins. Et qui a toutes chances de devenir celle des Inrocks puisque (source Lettre A) les trois journalistes de Cheek viennent de rejoindre la rédaction et que leur site sera progressivement intégré au titre.
Combat d’arrière-garde ?
Emmanuel Hoog, nouveau patron de la holding d’édition de Pigasse Les Nouvelle Éditions Indépendantes (LNEI) depuis mai 2019 transforme les Inrocks en mensuel dès juin 2021 et change le nom du groupe en Combat, la marque a été cédée par les héritiers de Pierre Bergé. Albert Camus doit grimacer dans sa tombe de voir la marque de la Résistance passer sous le « brand content ».
Le groupe Combat (qui remplace les LNEI) sera divisé en différents pôles, éditions, radio (avec le lancement d’une radio Inrocks), évènementiel, régie et incubateur pour de nouveaux talents. Le festival Rock en Seine (ou un festival équivalent), soutenu plaisamment (solidarités idéologiques) fin août 2020 et retransmis par France Inter et France2 (on reste entre soi) devrait (?) se tenir fin juin si les conditions le permettent. Il est probable qu’un nouveau tour de vis social accompagnera cette réorganisation sur certains postes transversaux.
Voir aussi : Matthieu Pigasse, infographie