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Pleynet, Saint-Cricq… Jeu de chaises musicales à France TV, après une série de « dérapages éditoriaux »

21 mars 2025

Temps de lecture : 4 minutes
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Pleynet, Saint-Cricq… Jeu de chaises musicales à France TV, après une série de « dérapages éditoriaux »

Temps de lecture : 4 minutes

Muriel Pleynet prend les rênes de Franceinfo et Nathalie Saint-Cricq hérite de la rédaction nationale de France Télévisions.

Un remaniement interne qui soulève des doutes sur la capac­ité du ser­vice pub­lic à se réin­ven­ter, entre polémiques et favoritisme présumé.

France Télévi­sions, mastodonte audio­vi­suel pub­lic financé par les con­tribuables, a orchestré un nou­veau bal­let de nom­i­na­tions. Le 18 mars, Muriel Pleynet a été propul­sée à la tête de France info, suc­cé­dant à Lau­rent Delpech évincé après une série de « déra­pages édi­to­ri­aux » et une mise en cause par une par­tie de la rédac­tion. Dans le même temps, Nathalie Saint-Cricq, la maman de Ben­jamin Duhamel, prend tem­po­raire­ment les com­man­des de la rédac­tion nationale lais­sée vacante par Pleynet. Un jeu de chais­es musi­cales qui témoigne d’un entre-soi tou­jours plus mar­qué dans le petit monde des médias publics.

Muriel Pleynet : les copains d’abord

Muriel Pleynet, jusque-là adjointe d’Alexandre Kara, directeur de l’information, et chef de la rédac­tion nationale depuis 2022, hérite d’une mis­sion déli­cate : redor­er le bla­son de France info. La chaîne, engluée dans des audi­ences faméliques (0,8 % en 2024) et des polémiques à répéti­tion, sem­ble être un cadeau empoi­son­né. Récem­ment la radio avait fait polémique sur son traite­ment du con­flit israé­lo-pales­tinien, qual­i­fi­ant en jan­vi­er des détenus pales­tiniens d’« otages ». En févri­er, c’est un débat pour le moins sin­guli­er qui avait eu lieu sur les ondes de la radio publique sur la trans­for­ma­tion de Gaza en des­ti­na­tion touris­tique, inspiré par une sug­ges­tion de Don­ald Trump. Ces erre­ments, qual­i­fiés de « déra­pages édi­to­ri­aux » par Kara lui-même, ont valu à Lau­rent Delpech une motion de défi­ance et une mise au plac­ard. Une peine légère a con­sid­éré son recasage comme directeur de l’innovation dès le mois juillet.

Muriel Pleynet, anci­enne d’i>Télé et du Parisien, arrivée à France Télévi­sions en 2019, est de son côté issue du cer­cle très fer­mé des proches de Del­phine Ernotte et son avène­ment sent le copinage plus que le renou­veau. D’autant que la rédac­tion nationale qu’elle dirigeait, celle de France 3, fait l’objet d’une exper­tise pour « pro­fond mal-être », selon une enquête interne.

Voir aus­si : Amélie Oudéa-Cast­era et le clan Duhamel, une cul­ture familiale

Nathalie Saint-Cricq : un choix qui divise

À la rédac­tion nationale, le choix de Nathalie Saint-Cricq inquiète égale­ment et témoigne de la puis­sance du clan Duhamel dans le jour­nal­isme en France. Chroniqueuse poli­tique, elle entre­tient de vilaines rela­tions avec la gauche mélen­chon­iste et incar­ne pour cer­tains une vision « éli­tiste » du jour­nal­isme. En 2024, France Télévi­sions avait même porté plainte con­tre La France insoumise pour une affiche util­isant son image sans autori­sa­tion. En interne, son nom fait grin­cer des dents. « C’est de la provo­ca­tion », lâche Georges Pinol, délégué syn­di­cal SNJ-CGT, qui y voit le sym­bole d’une frac­ture per­sis­tante entre les équipes de France 2 et France 3.

Nathalie Saint-Cricq, tem­po­raire­ment à ce poste, con­serve par­al­lèle­ment ses cas­quettes d’éditorialiste et de coor­di­na­trice des évo­lu­tions édi­to­ri­ales. Une accu­mu­la­tion de fonc­tions qui soulève des ques­tions sur sa capac­ité à gér­er une rédac­tion déjà sous ten­sion. Son style, sou­vent perçu comme tran­chant voire autori­taire, elle qui voulait en 2015 « repér­er et traiter ceux qui ne sont pas Char­lie », risque de raviv­er les dis­sen­sions plutôt que d’apaiser les esprits.

Un service public en perte de vitesse

Ces nom­i­na­tions, présen­tées comme une réponse aux crises récentes, peinent à mas­quer les maux pro­fonds du ser­vice pub­lic audio­vi­suel. Entre France info à la peine dans les audi­ences et mis en cause pour ses sin­gu­lar­ités édi­to­ri­ales, et des prob­lèmes de mal-être au tra­vail, les médias publics tirent la langue. Le choix de fig­ures comme Pleynet et Saint-Cricq, issues du sérail et peu sus­cep­ti­bles de bous­culer l’ordre établi, reflète une frilosité chronique et surtout un entre-soi qui pour­rait aggraver les ten­sions déjà existantes.

Alors que Fran­ce­in­fo s’apprête à chang­er de canal (du 27 au 16) le 6 juin prochain, l’enjeu est de taille. Mais avec Pleynet aux com­man­des et Saint-Cricq en ren­fort, dif­fi­cile de croire à une véri­ta­ble renais­sance. Ce mer­ca­to interne ressem­ble davan­tage à une opéra­tion de façade qu’à une refonte ambitieuse.

Voir aus­si : Ben­jamin Duhamel, portrait

Rodolphe Cha­la­mel

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