Pendant qu’en France, la polémique ne désenfle pas sur le refus de Marine Le Pen de se rendre à l’émission « Des Paroles et des actes » sur France 2, la Belgique, quant à elle, a déjà tranché la question depuis longtemps.
Chez nos voisins wallons, la télévision, publique comme privée, ne donne tout simplement pas la parole à ce qui est considéré comme « l’extrême-droite » ! À Public Sénat, Dominique d’Olne, chef des rédactions radio et directeur de l’information de la RTBF, a expliqué qu’il considère que le Front National « rentre dans cette catégorie des partis qui prônent des valeurs non démocratiques ».
Mais qu’est-ce que des « valeurs non démocratiques » ? Pour M. d’Olne, « les notions de racisme et de xénophobie sont poursuivies par des lois spécifiques en Belgique. Par exemple, des partis qui prônent la discrimination à l’égard de personnes d’origine étrangère sont sous le coup de cette législation, donc sont considérées comme prônant des valeurs non démocratiques. » Ainsi, « nous n’invitons pas [ces partis] dans nos débats, nous ne les interviewons pas en direct, nous ne leur donnons pas non plus de tribunes pré-électorales. Par contre, nous sommes journalistes, donc nous ne nous interdisons pas de faire des reportages sur eux ou de faire des interviews en différées », explique-t-il.
En Wallonie, depuis la loi « pacte culturel » promulguée en 1973, un « cordon sanitaire » a été établi autour des partis jugés non démocratiques. « Nous nous sommes rendu compte qu’à force de donner de la visibilité à ces partis, on arrivait à leur renforcement sur la scène politique », constate Dominique d’Olne.
Reste à savoir si le fait de ne pas donner la parole à des partis se présentant en toute légalité aux élections, et ce en raison de jugements de valeurs tout à fait subjectifs, fait partie des « valeurs démocratiques » promues par la RTBF…